A la fin de chaque période (septembre à décembre, janvier-février, mars à mai), l’enfant doit remplir une feuille de “bilan” en trois parties: bilan du travail personnel, bilan des leçons et devoirs et bilan des responsabilités 1490 .
Dans cette manière de procéder, l’institutrice n’est plus la seule juge du comportement scolaire de l’enfant: non seulement elle n’est pas forcément présente, en train de l’observer, lorsque l’élève s’acquitte de sa tâche, lorsqu’il travaille, mais en plus l’enfant doit encore évaluer s’il est capable ou non d’effectuer un travail, une responsabilité, utiliser son cahier de méthodologie, respecter les règles de travail et de vie, trouver le matériel, prévoir le travail, etc... Cette posture demande une attitude réflexive à l’égard de son action d’élève, un recul, un jugement qui n’est plus la seule propriété de l’institutrice et qui permet à l’enfant de rectifier son comportement. En plus du “bilan de travail” hebdomadaire, les élèves doivent aussi remplir une “fiche d’évaluation” 1491 pour chaque période, où ils font leur bilan en français, mathématiques, ils marquent ce qu’ils ont “envie de faire” et où la maîtresse fait ses observations. Cette fiche est signée par l’élève, l’institutrice, la directrice et les parents; elle comprend un tableau comparatif, avec le nombre d’enfants par groupe de niveau pour le français et les mathématiques.
Par ailleurs, il existe dans les classes du matériel didactique édité ou conçu par les instituteurs pour faire du travail auto-évalué 1492 . L’enfant travaille alors de manière “personnalisée” et cette manière de procéder permet, selon les enseignants, de renforcer l’“autonomie” et la “responsabilité” de l’élève 1493 . Mais l’auto-correction n’est qu’une partie de l’auto-évaluation qui vise à approfondir les techniques d’acquisition: “L’auto-évaluation n’est pas seulement une vérification d’exercices à travers des résultats. Elle est, aussi, l’analyse et la mise en relation des actions, des stratégies et de la pensée; elle est la compréhension des étapes ou de la totalité d’un chemin personnel, en permettant d’identifier les réussites, les difficultés et erreurs de ce parcours” 1494 . Autrement dit, on ne demande pas seulement à l’enfant de savoir faire tel exercice, de savoir utiliser telle règle de grammaire ou de mathématiques: savoir expliquer “comment il procède” et comprendre pourquoi il s’est trompé à un exercice fait partie aussi des compétences scolaires dont il doit donner la preuve.
Par ailleurs, l’enfant est amené à évaluer les productions scolaires qui proviennent d’autres élèves de la classe: ainsi, la classe doit très souvent voter afin de choisir un texte, un dessin, une chanson...
Le vote n’a pas tout à fait le même sens qu’une évaluation scolaire, puisqu’il est le choix effectué par des pairs sur des productions de type “esthétique” où on ne juge pas si c’est exact ou non comme pour des exercices de mathématiques ou de français (seule la maîtresse fait un “tri” préalable, ne retenant que les productions qui ont “respecté la consigne” 1496 ). C’est le groupe des enfants qui attribue la “valeur” au texte ou au dessin, avec un vote “démocratique” basé sur une relation de justice (dans les mêmes conditions que celles du conseil).
Pour les réponses oui/non, l'enfant doit expliquer pourquoi.
On peut la consulter en annexe J9.
Certains travaux scolaires ne sont pas auto-correctifs, comme par exemple les problèmes en mathématiques (l’élève doit montrer ses résolutions de problèmes à l’instituteur) ou bien les textes et les histoires (qui sont corrigés avec l’enseignant, puis après correction, chaque texte est relevé dans le cahier d’expression écrite et l’enfant peut le présenter au moment du choix des meilleurs textes de la semaine). Pour le travail sur fichiers auto-correctifs, l’instituteur se réserve quand même le droit de demander à un enfant de faire un exercice supplémentaire, non auto-correctif, pour vérifier s’il a bien acquis une notion.
Pour se noter avec des feux, l’enfant doit utiliser une “grille pour les auto-corrections” (consultable en annexe J5).
Apprendre ensemble, apprendre en cycles , Ed. ESF, Paris, 1993, p.134.
Si j’étais...Je me souviens...J’ai oublié...J’aime...Je n’aime pas...J’adore...Je déteste...Autrefois...Maintenant...
Ce qui rappelle d'une certaine manière le principe de l'analyse des productions picturales dans la configuration Guilloux (voir la partie III,3: "Savoir respecter une consigne")