V- Une organisation collective. L'expérience d'un modèle communautaire

Nous empruntons l’expression de “modèle communautaire” à J.L Derouet: certaines caractéristiques de la configuration C.Freinet se retrouvent dans ce modèle (sans se confondre entièrement 1718 ) dont nous avons déjà rencontré quelques aspects. Par exemple, on accorde beaucoup d’importance au mobilier et à la décoration intérieure, au bâtiment scolaire qui doit être dans la continuité de la vie extérieure et la “mise en forme communautaire du monde scolaire” se caractériserait comme un “univers politique très perméable à des valeurs comme l’affectivité, le corps, l’esprit d’enfance” 1719 . Le point d’appui de ce modèle est la personne en insistant sur sa globalité et son insertion dans un milieu (contrairement au modèle de l’intérêt général où l’on valorise le général aux dépens de ce qui est particulier, entraînant un attachement aux savoirs abstraits et une garantie d’autonomie de l’école par rapport à la vie, aux plaisirs immédiats): on avantage ainsi des formes d’apprentissage plus centrées sur le travail de groupe 1720 et un style de relations humaines basé sur la concertation, la coopération, le dialogue plus que sur la dépendance et la hiérarchie.

Notes
1718.

Par exemple, J.L Derouet explique que dans le modèle communautaire, le principe de l’évaluation est remis en cause, afin d’éviter le classement et la comparaison entre les élèves. On préfère des productions dont l’évaluation reste globale et subjective (panneaux d’exposition, montage audio-visuel). Cette idée, si elle n’est pas fausse pour la configuration C.Freinet demeure cependant imparfaite puisque nous avons vu combien l'institutrice s'attache à l'évaluation individuelle et à la connaissance personnelle des progressions et des difficultés. Le “modèle communautaire” reste une modélisation qui permet de rendre intelligibles certaines dimensions de la configuration C.Freinet, mais qui est insuffisant pour recouvrir entièrement les nuances et la réalité d’une pratique pédagogique.

1719.

Ecole et justice. De l’égalité des chances aux compromis locaux, Ed. Métailié, Paris, 1992, p.97

1720.

“Le travail de groupe est préféré au travail personnel, parce qu’il dilue la performance individuelle et développe conjointement aux qualités cognitives des qualités humaines de coopération et d’entraide” , Ecole et justice, p.99