L’école C.Freinet ne connaît que trois formes de réunions, contrairement à la multitude des conseils relevés à la Maison des Trois Espaces 1744 . Le conseil d’école rassemble les délégués de chaque classe pour discuter des problèmes inhérents à l’ensemble de l’école (par exemple une année a été posé le problème des mauvais traitements que subissaient les animaux) ou bien les décisions à prendre pour les réalisations collectives (par exemple, préparer une exposition sur le corps en répartissant les tâches selon les classes). L’idéal serait selon l’institutrice de faire comme dans l’ancienne école rue Mésangère où la réunion de l’école était plénière (selon elle,“C’était la démocratie directe”) ce qui était possible car les classes n’étaient qu’au nombre de trois. Les classes peuvent se rencontrer en dehors des conseils d’école, pour discuter d’un problème précis, mais ce sont des réunions ponctuelles, qui n’ont pas la régularité institutionnelle des conseils d’école ou des réunions de classe. Notre investigation pour la configuration C.Freinet a porté plus sur la troisième forme de réunion, à savoir la réunion de coopérative analysée dans la classe de CM1 observée (mais qui a lieu aussi dans les autres classes, du CE1 au CM2).
Ces réunions de coopérative sont une émanation directe des pratiques de Célestin Freinet convaincu que la discipline ne doit pas être extérieure à l’enfant, mais qu’elle doit être toujours justifiée à ses yeux et qu’elle doit emporter son adhésion compréhensive. Ses justifications relèvent parfois de nécessités inhérentes à des situations proches de la vie sociale dans laquelle on doit par exemple apprendre à se ranger dans une queue ou à être ponctuel pour prendre un train. Célestin Freinet pense qu'il est nécessaire de confronter l’élève à des obligations pour éviter de le rendre capricieux 1745 et que ces nécessités sont aisément compréhensibles par l’enfant, qui les perçoit en situation scolaire par exemple lorsqu’il participe à des jeux collectifs où tout le monde doit se conformer à des règles identiques:“On pourrait dire que cette discipline n’est que très peu perturbante et qu’elle ne modifie pas forcément les relations maître-élève, à condition que le maître ne s’attribue pas des passe-droits du fait de sa fonction. L’obligation dangereuse est celle qui apparaît aux enfants comme superflue, comme signe d’un malin plaisir de l’adulte de prouver sa souveraine autorité en montrant que ses commandements doivent déclencher un réflexe de passive obéissance qui est abêtissement” 1746 .
Lorsqu’il se défend contre les critiques qui l’accusent d’occulter l’éducation morale de l’élève dans sa pédagogie, Célestin Freinet avance qu’il pratique une morale active, dont les effets sont beaucoup plus prégnants sur l’enfant que des préceptes imposés par le haut, et l’on retrouve les mêmes arguments que ceux avancés par Alain qui rejette la morale apprise sous forme de manuel et prône une morale acquise dans l’action: “On pourrait nous faire le reproche, de ne pas faire la part d’une morale régentant de haut le comportement des individus et dont les grands laïcs avaient fait le ressort de l’éducation populaire. C’est en effet de parti pris que le précepte et le discours moralisateurs sont exclus des écrits de toute la communauté <...> Soyez assurés qu’il <l’enfant> juge bien et que cette opinion personnelle, née à la fois de l’intuition personnelle, d’une sympathie pour le groupe, de conséquences inévitables qui en résultent pour l’individu et la communauté, laisse une trace durable, suscite une attitude affective et mentale déterminante pour la formation d’un esprit” 1747 .
Cette "morale active" passe beaucoup par la réunion hebdomadaire de la coopérative scolaire 1748 dont l’esprit n’a pas tellement évolué entre ce que décrit Célestin Freinet et ce que nous avons observé à Valence. Ainsi la forme institutionnelle de la réunion est toujours aussi présente (dimension que nous avions remarquée également dans la configuration de la Maison des Trois Espaces 1749 ) avec une séance régulière une fois par semaine et pour un temps précis (la dernière heure du samedi pour Célestin Freinet; la dernière heure de la semaine dans la configuration observée 1750 ). L’organisation spatiale est toujours la même: les élève restent à leurs tables et les responsables de la réunion s’installent face aux autres élèves, occupant la place du maître à son bureau dans ce que décrit Célestin Freinet, se mettant devant le tableau noir pour ce qui est de la configuration C.Freinet (le bureau de l’institutrice est au fond de la classe, derrière les élèves). Par contre, l’institutrice de C.Freinet n’a jamais voulu distinguer un “président” et un “secrétaire” comme le faisait Célestin Freinet, même si à chaque réunion l'un des responsables est chargé de distribuer la parole et d’indiquer les points à l’ordre du jour (il joue le rôle du “président”) et un autre est chargé de prendre note des décisions-engagements et de lire celles de la semaine passée (il joue donc le rôle du “secrétaire”). Le déroulement des réunions est toujours le même et dans la configuration C.Freinet, les rubriques de l’ordre du jour sont identiques d’une réunion à l’autre, même si elles ne suivent pas le même ordre à chaque fois 1751 : bilan des décisions-engagements de la semaine; livre de vie; semaine passée; responsabilités; semaine prochaine (où les enfants décident du planning de la semaine à venir). Parfois, certaines rubriques sont ajoutées (comme par exemple “problèmes avec l’autre école”). Les élèves responsables doivent écrire ces différents points au tableau et pour “semaine passée”, ils font un tableau avec plusieurs colonnes (“autres”, “gym”, “maths”, “français”, “éveil”) dans lesquelles les interventions proposées par les enfants seront indiquées (soit par les élèves eux-mêmes avant que la réunion ne commence, soit sous la dictée par les responsables, en faisant un tour de classe préalable). En face de chaque rubrique est indiqué un temps à respecter.
Le respect du temps est une dimension institutionnelle très importante aux yeux de l’institutrice, qui ne cesse de rappeler aux élèves l’obligation de ne pas “dépasser” le temps autorisé pour chaque point, temps choisi en concertation avec les enfants. Ces “débordements” semblent beaucoup la culpabiliser comme s'ils indiquaient une difficulté à se contrôler (et à contrôler les enfants?). Le risque est en effet de voir la réunion ne jamais s’achever tellement les échanges entre les enfants sont nombreux, notamment pour ce qui concerne les difficultés de relations entre pairs: “j’pense aussi qu’on est lié à des contraintes de temps et qu’elles sont formatrices parce que je pense qu’une heure par semaine ça suffit et que il faut pas qu’on dérive vers la discussion permanente, j’pense qu’il faut être efficace dans l’échange verbal parce que y’a un impératif plus grand, c’est le temps de travail” (institutrice). Les enfants ont aussi la possibilité de présenter leurs problèmes en entretien chaque matin, sauf que seule la réunion de coopérative est une instance décisionnelle habilitée à discuter et traiter les difficultés soulevées 1752 , ce qui a pour conséquence de différer dans le temps certaines résolutions de conflits et donc ainsi de temporiser les ardeurs:”la réunion décisionnelle, c’est la réunion de coopé et en fait je m’y tiens parce que je pense que c’est important d’avoir ce cadrage de temps, autant d’ailleurs pour différer c’est à dire que y’a des fois des conflits qui sont énormes mardi et qui samedi deviennent relativement aplanis et on a pris ses distances et ça va beaucoup mieux, donc j’pense que le fait de différer est très éducatif”(institutrice). C’est pourquoi les réunions extraordinaires comme celles que nous avions pu relever à Tom Pouce, où l’institutrice réunissait immédiatement les enfants en cas de problème, n’ont pas beaucoup d’intérêt aux yeux de l’institutrice et en tout cas, elles n’ont pas les vertus éducatives des réunions de coopérative qui, par leur rendez-vous rituel fixe, apprennent à l’élève la maîtrise de ses affects et de ses réactions 1753 .
Les interventions des élèves ne sont pas préparées longtemps à l’avance, au contraire de ce que nous avions observé à la Maison des Trois Espaces 1754 où les enfants durant la semaine précédant la séance du conseil, pouvaient indiquer sur des papiers, les points qu’ils souhaitaient aborder, et au contraire aussi des pratiques de Célestin Freinet, qui utilisait un “journal mural” destiné à préparer l’ordre du jour de la réunion de coopérative.
Dans l’esprit de Célestin Freinet, le journal mural avait une fonction de préparation de la réunion, mais jouait aussi un rôle de baromètre de l’ambiance 1756 et de mémoire de la classe.
En ce qui concerne la configuration C.Freinet, les enfants responsables de la réunion de coopérative sont chargés de prendre note des décisions-engagements sur un cahier, tandis que l’institutrice les copie sur une affiche qui reste au mur jusqu’à la fin de l’année scolaire et qui joue ainsi un rôle de “mémoire”, mais dans un sens différent de celui du journal mural, puisqu’elle intervient davantage en tant que preuve quasi "légale" par rapport à des décisions-engagements prises 1757 . L’institutrice de la configuration C.Freinet a renoncé à l’idée de collecter à l’avance les remarques des enfants, suite à des tentatives où elle ne recueillait principalement que des propos accusant d’autres élèves (pour avoir été violents, avoir agressé verbalement, avoir volé des affaires, etc...), ce qui n’était à son avis pas assez constructif et qui occultait trop la dimension des apprentissages scolaires.
De manière générale, l’institutrice insiste beaucoup sur le fait que la réunion de coopérative ne doit pas servir uniquement et principalement à régler des conflits entre les enfants, mais aussi et surtout à aborder des questions liées aux savoirs scolaires, à la manière de les transmettre (parfois les enfants disent qu’une leçon, des exercices étaient trop difficiles, ou bien font part de leur difficulté à comprendre la manière d’expliquer de l’institutrice dans des matières spécifiques) et de les organiser (planning). Ainsi, les rubriques proposées pour faire le bilan de la semaine passée reprennent les maths, le français, l’éveil, la gym et une colonne “autres” (qui recueille à chaque réunion le plus de propositions, ce qui montre que les griefs relatifs à la vie scolaire quotidienne, aux problèmes relationnels entre enfants suscitent davantage l’intérêt des enfants que la réflexion sur les savoirs scolaires). On retrouve cette dimension dans les écrits de Célestin Freinet, où la réunion de coopérative scolaire aborde différents aspect de la vie quotidienne scolaire, et n’est pas centrée uniquement sur les problèmes de relation entre enfants 1758 . Ce qui est intéressant, c’est de voir qu’on mêle dans une même instance, des questions relatives à la discipline et aux disciplines scolaires, l’exemple le plus frappant étant celui de la fonction coopérative de la réunion, où les enfants décident avec la maîtresse des achats à effectuer 1759 et où l’apprentissage des mathématiques est mêlé à la gestion de la vie quotidienne scolaire.
CM1 (3.02.96)
La description par extraits d’une réunion de coopérative va nous permettre d’illustrer la dynamique repérée au cours de différentes observations et de dégager ainsi les traits distinctifs de cette pratique et de la configuration C.Freinet:
CM1 (19.01.96)
autre | gym | maths | français | éveil |
lettres | foot | informatique | BCD | |
lapin | rugby | ... | astronomie | |
bruit | basket | ... | ||
... | ... |
La première remarque qu’on peut faire c’est que comme à la Maison des Trois Espaces 1763 ou à l'école Anatole France 1764 de Vaulx-en-Velin, dès que la discussion de la réunion s’oriente sur des questions sensibles, qui impliquent personnellement les enfants, on observe un changement de rythme, la tension monte, et l’institutrice doit gérer une certaine agitation. Par contre, elle ne met pas en place de système pour expulser les élèves trop pénibles (et elle nous affirme d’ailleurs ne l'avoir jamais fait). Nos observations nous amènent à penser que le public d’enfants scolarisés à la Maison des Trois Espaces ou à l’école Anatole France est beaucoup plus difficile à gérer dans ce genre de réunions que les enfants scolarisés à C.Freinet. On peut émettre deux hypothèses à ce sujet, non incompatibles entre elles: d’une part, on peut penser que la socialisation familiale des élèves de l’école C.Freinet est en moyenne plus en adéquation avec cette manière de résoudre les problèmes par la discussion, dans le cadre de réunions; d’autre part, dans la configuration C.Freinet, la réunion de coopérative n’est pas la seule instance d’expression des problèmes, puisque les élèves ont la possibilité de s’exprimer dans le cadre de l’entretien du matin, ce qui leur permet d’évacuer certaines émotions (même si rien ne peut être décidé).
Par ailleurs, on peut remarquer que l’institutrice tient une place importante à cette réunion de conseil, allant jusqu’à occulter le rôle des responsables, et ce à différents niveaux: pour faire respecter le “timing” (elle accélère les discussions sur des points qu’elle juge moins importants); pour désigner parfois le tour de parole; pour faire respecter l’interdiction de parler de certains thèmes (les vols, les pogs...); pour voter les décisions-engagements (elle interdit certaines propositions, comme le foot; elle argumente souvent sa position avant de faire voter les enfants, si bien qu’ils décident souvent dans son sens); pour décider de l’importance d’un problème (est-ce qu’il relève de la décision-engagement, comme la propreté des toilettes ou est-ce que c’est un problème mineur qu’on peut évacuer rapidement sans discussion 1765 ). Dans la configuration de la Maison des Trois Espaces, il nous a semblé que l’institutrice prenait une place beaucoup moins importante dans le conseil, même si on sentait que sa parole avait un poids plus prépondérant que celle des élèves et qu’on a relevé, comme dans la configuration C.Freinet, que sur certaines récriminations (problèmes de vols, détérioration de matériel, bagarres entre élèves...) les enfants se tournaient moins vers les responsables qu’en direction de l’enseignante pour guetter sa réaction. Ainsi, même si l’institutrice C.Freinet s’efforce de garder une place similaire à celle des enfants pour donner son avis (elle s’inscrit à l’ordre du jour pour aborder certains points, elle essaie de ne pas monopoliser la parole, elle s'efforce de faire en sorte que les propositions et les plaintes émanent des enfants), elle n’atteint pourtant pas l’attitude “humble” conseillée par Célestin Freinet décrivant la posture de l’instituteur lors d’une réunion de coopérative 1766 .
Pour autant, il serait abusif d’affirmer qu’elle ne tient pas compte de l’avis des enfants et nous verrons plus loin dans “l’exercice de la critique” que l’institutrice laisse une part importante au débat et à la confrontation d’idées. Il nous semble plutôt que sa conception de la réunion de coopérative l’amène à concevoir son rôle de manière plus impliquée en tant que personne, veillant aux effets que peuvent avoir les échanges sur l’affectivité des enfants, alors que l’institutrice de la Maison des Trois Espaces entretenait une relation plus impersonnelle lors des conseils. Cette dimension “affective” transparaît également à travers le livre de vie où les élèves mêlent le compte-rendu “objectif” des apprentissages de la semaine avec des remarques sur la manière dont ils ont perçu la relation pédagogique en dessinant par exemple l'institutrice en colère, ce qui pourrait paraître complètement décalé dans l’atmosphère des conseils de la Maison des Trois Espaces. Enfin, on s’aperçoit que même si la réunion de coopérative est une instance de décision, beaucoup de problèmes demeurent irrésolus et en restent au stade de l’expression. Chaque réunion de coopérative compte ainsi une multitude de conflits entre enfants relevés dans la colonne “autres” du bilan de la semaine passée, auxquels il serait impossible d’accorder la même attention soutenue, à moins de prolonger la réunion de quelques heures. Mais selon l’institutrice, le simple fait d’en parler va permettre à l’enfant avec son aide de dédramatiser la situation, de prendre de la distance. Certains problèmes, considérés comme aboutissant à des débats toujours stériles et dont on est déjà en train d’appliquer des solutions, sont interdits à l’ordre du jour, comme nous l’avons vu avec les pogs et comme c’est le cas aussi pour les vols.
Voir infra la partie III,2 de cette configuration: "La fonction institutionnelle des conseils"
Par exemple, Célestin Freinet relate une réunion de coopérative dans laquelle un garçon se voit refuser la possibilité de changer de service: “Charles, responsable de la propreté générale de la classe, voudrait changer de service. On lui représente qu’il a été désigné pour un mois et qu’il doit donc tenir encore une semaine. Il est excellent, en effet, de s’habituer de bonne heure à réprimer ses sautes d’humeur et à obéir aux règles acceptées, à remplir les fonctions pour lesquelles on a été désigné “ (Pour l’école du peuple,p.76)
Pour l’école du peuple, p.146
Ecole Freinet, réserve d’enfants, pp.60 et 61
Pour l’école du peuple, pp.73 à 76
Voir infra la partie III,2 de cette configuration: "La fonction institutionnelle des conseils"
Le samedi matin ou le vendredi après-midi si les enfants n’ont pas école le samedi matin
L’ordre du jour devant respecter quand même une certaine “logique” ainsi que le fait remarquer l’enseignante à Filiz qui demande un jour si elle peut écrire “semaine prochaine” avant “semaine dernière”.
Les enfants n’ont d’ailleurs pas le droit de circuler ni de s’absenter pendant la réunion de coopérative (contrairement à l’entretien) qui requiert l’attention de tous, notamment lorsque des décisions sont proposées et votées.
Nous avions fait la même remarque en ce qui concerne la pratique des conseils dans la configuration de la Maison des Trois Espaces.
Voir infra la partie III,2 de cette configuration: "La fonction institutionnelle des conseils"
Pour l’école du peuple, pp.74 et 75
“Si la colonne des critiques s’allonge, alors que se raccourcit celle des réalisations, si les projets sont rares et les réalisations en perte de vitesse, un redressement est nécessaire. Si les mêmes noms s’inscrivent dans les critiques pour le manquement à la règle, il faut aider les défaillants à retrouver le bon chemin”(E. Freinet, L’itinéraire de Célestin Freinet, p.123) Dans L’école Freinet, réserve d’enfants, E. Freinet parle du journal mural et de la réunion de coopérative comme une “occasion permanente de faire sentir à la communauté les hauts et les bas des comportements des individus”(p.57)
“c’est une sorte de mémoire, de manière à ce qu’on puisse dire un jour, mais qu’est-ce qu’on avait dit par rapport à ça et on peut prouver par exemple que les pogs seraient interdits si ça posait problème, ça a été écrit par un enfant et par moi, donc c’est vraiment une mémoire qui engage tout le monde et qui est une référence” (institutrice)
Célestin Freinet décrit ainsi une réunion de coopérative où les questions à l’ordre du jour concernent l’achat d’une lapine, le rythme de la réception des films, les commandes de disqueset qui s’achève par les questions suivantes “Qui va dessiner le journal mural? Il faut préparer une promenade scolaire vers le moulin. Qui se charge d’aller voir le meunier et d’organiser la sortie dans ses moindres détails? Dressons rapidement la liste des conférences quotidiennes pour la quinzaine qui commence, liste qui sera affichée sur le panneau d’exposition...Quels sont ceux d’abord qui ont une conférence prête?” (Pour l’école du peuple, p.76)
On peut consulter en annexe K5 un extrait du cahier de coopérative.
Les responsables de la réunion sont aussi responsables de la caisse de l'école.
En revenant sur cet incident, l’institutrice nous fera part de son regret de n’avoir pas eu la présence d’esprit de relever sur le champ la plainte d’Arnaud qui fait partie selon elle de “ce qui n’est pas admissible dans une classe”.
Travail Individuel
Voir infra la partie III,2 de cette configuration: "La fonction institutionnelle des conseils"
Analysée dans le cadre de notre mémoire de maîtrise: La pédagogie Freinet, une "école pour le peuple"?, Université Lyon II, sous la direction de R.Bernard, B.Lahire et D.Thin
Pour donner un autre exemple, on peut voir les traitements différents qu’ont subi d'autres problèmes soulevés lors d’une réunion de coopérative:
CM1 (27.01.96)
Le prénom de Marguerite revient souvent dans les dénonciations des enfants. Un garçon se plaint qu’elle lui tape sur la tête. Les autres renchérissent et l’institutrice arrête la discussion par un “Stop! Ca suffit!”
Une fille se plaint d’être poussée dans la queue pour prendre le car. L’institutrice: “Ca, vous voyez, c’est extrêmement grave, car cela pose un problème de discipline, mais surtout de sécurité, car certains enfants peuvent se faire pousser et mourir”. Les élèves renchérissent et chacun y va de sa petite histoire qui illustre les propos de l’enseignante. Celle-ci souligne la nécessité de faire une proposition sur ce problème. Deux élèves de CE1 viennent dire que pendant la cantine, les garçons ne veulent pas les laisser jouer au football. L’institutrice sermonne rapidement les garçons de sa classe, puis elle reprend sa question précédant l’interruption: “Est-ce que quelqu’un peut formuler une proposition?”. Bertrand: “On n’a pas le droit de pousser” . L’institutrice: “Quand on prend une décision, on la respecte. Pourquoi à votre avis je ne donne pas de punition?”. Une fille répond: “Parce que c’est la règle de Freinet”. L’institutrice confirme puis explique aux enfants qu’elle veut faire appel à leur intelligence
“L’instituteur s’est humblement placé au fond de la salle”(Pour l’école du peuple, p.73)