3 - Chez les élèves « en réussite »

Nous considérerons par “en réussite” les élèves que l’analyse des performances scolaires nous a amenée à classer en catégories “bons”, “très bons” et “excellents”.

Portrait de Gauthier (excellent)

Portrait de Filiz (très bonne)

Comme pour les élèves “en difficultés”, les caractéristiques attachées aux portraits différents de Filiz et Gauthier se retrouvent à des degrés divers chez les autres élèves “en réussite”. Tout d’abord, les descriptions relatives aux responsabilités, au plan de travail et au livre de vie tendent à se faire en insistant sur les finalités plus que sur les aspects matériels et la définition des tâches à effectuer:

La deuxième polarité qui se dégage des entretiens avec Gauthier et Filiz, c’est le rapport à l’autorité de la maîtresse, qu’on retrouve encore une fois à des degrés divers dans les autres entretiens d’élèves “en réussite”. Les enfants donnent l’impression d’être engagés dans la situation scolaire, d’être impliqués et d’avoir une action possible sur le cours des événements (et non pas d’être passifs, soumis à l’autorité de l’institutrice): la réunion de coopérative est plutôt décrite comme une instance de discussion et de décisions entre les enfants et la maîtresse (et non pas un endroit où l’enseignante fait passer ses ordres et ses interdictions), le planning est présenté comme un plan de travail où on peut négocier les apprentissages (et leur place) avec la maîtresse, enfin les déplacements ne se font pas uniquement selon la volonté de la maîtresse (qui donne l’autorisation ou non de bouger):

A la Maison des Trois Espaces, il nous a semblé que les deux populations “en réussite” et “en difficultés” étaient plus homogènes dans leurs représentations de la vie de la classe et des relations de pouvoir avec l'institutrice. Il est difficile d’interpréter non abusivement ces réponses qui “dénotent” avec l’ensemble des propos tenus par les élèves “en réussite”, et qui se rapprochent davantage des élèves “en difficultés”. Il peut être intéressant de noter que parmi les sept élèves “en réussite” concernés, cinq proviennent de milieux populaires: Salma (père ouvrier, mère sans profession), Maud (père menuisier chez un employeur, mère aide-soignante), Bertrand (père employé en bâtiment, mère sans profession), Anne (père ouvrier-électricien dans une usine, mère agent de production), Jeanne (père ouvrier spécialisé, mère sans profession). Le père de Marion est hôte d’accueil dans une MJC, sa mère est sans profession et le père de Florentine est technicien, sa mère inspecteur PTT. Or, dans la classe, nous n’avons compté que 10 élèves sur 27 dont le père est ouvrier. On pourrait peut-être faire l’hypothèse que les élèves d’origines populaires, même s’ils sont en position de “réussite” ont peut-être plus de difficultés à s’intégrer dans une configuration scolaire où les relations de pouvoir avec l’institutrice ne sont pas faites seulement de soumission à une autorité extérieure et qu’ils ont besoin peut-être plus que les autres de “repères”, de gestes appris pour réaliser des activités de “responsabilités”.

Notes
1799.

Voir infra la partie II,2 de cette configuration: "Des enfants en <<souffrance>> dans leur passé scolaire"

1800.

D’autres élèves n’aiment pas la responsabilité de facteurs pour les mêmes raisons que Filiz: “Parce qu’après des fois, quand on fait facteur, on loupe du travail et pi après on est obligé de le rattraper”(Florentine, excellents). Par contre certains apprécient la responsabilité de facteurs “pour passer dans l’école”(Marc, très bons); “Parce que on passe dans les classes, ça nous arrête un peu pour le travail”(Catherine, très bons); “<...> pour passer dans les classes, comme ça, j’pourrais voir des copains”(Jérémy, difficultés)