3. Les bibliothèques universitaires de province

A. Aspects institutionnels et organisationnels

I. Caractères généraux

De même que la réglementation relative à l’enseignement supérieur dans son ensemble, celle qui concerne les bibliothèques universitaires a peu évolué entre 1920 et 1944. Les principales innovations générales ont concerné les relations avec les universités et la coordination avec les bibliothèques de laboratoires. Une place particulière doit être faite à la réintégration de la bibliothèque universitaire de Strasbourg, avec un statut spécial, dans l’ensemble des bibliothèques universitaires françaises. En dehors de ces événements de portée très différente, les bibliothèques universitaires françaises de province sont restées régies par les dispositions prises entre 1873 et 1898. Cela explique, chez la plupart des professionnels de l’époque, même lorsqu’ils étaient animés d’intentions réformatrices, un fort sentiment de continuité par rapport à ce passé relativement récent. 191

Un autre lieu commun des articles généraux sur les bibliothèques universitaires publiés à cette époque est la complémentarité de ces bibliothèques avec les bibliothèques municipales, qui est tantôt constatée comme une évidence, tantôt considérée comme une forme de coopération à développer. Ce thème ne se trouve pas seulement sous la plume des professionnels des bibliothèques universitaires, mais aussi sous celle des rares professeurs qui se sont intéressés à la situation des bibliothèques. 192

Notes
191.

Cf., par exemple, G. Fleury, M. Godefroy, « Pour une nouvelle organisation des bibliothèques universitaires », Revue internationale de l’enseignement, t. 74, 1920, p. 212 ; C. Beaulieux, « Les Bibliothèques universitaires françaises », Annales de l’université de Paris, t. 8, n° 3, mai-juin 1933, p. 240 ; C. Beaulieux, « Les Bibliothèques d’étude en France, bibliothèques universitaires » dans Encyclopédie française, t. 18, La Civilisation écrite dirigé par J. Cain (Paris, 1939), p. 18’48.5-18’48.6. Dans ce dernier article, C. Beaulieux a employé l’expression de « crise de croissance » pour caractériser la situation des bibliothèques universitaires françaises, aux locaux saturés et au personnel et aux crédits insuffisants. D’autres professionnels ont eu l’impression que les années 1920 avaient été une période de renouvellement, « après une longue période d’indifférence, d’abandon et d’immobilité dans des formules devenues insuffisantes et désuètes ». Code administratif des bibliothèques d’étude [documents réunis et présentés] par E. Coyecque, t. 1 (Paris, 1929), p. IX. Mais en 1941, L. Wetzel a noté que les principaux textes réglementaires qui régissaient les bibliothèques universitaires n’avaient pas été adaptés depuis plus de cinquante ans. L. Wetzel, Etude sur la réforme des bibliothèques françaises (s.l.n.d. [c. 1941] ; non publié), « I. Exposé critique de la situation actuelle », p. 7. Ce document, dont les circonstances de l’élaboration sont précisées plus loin et dont d’autres aspects sont analysés dans ce chapitre, est conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote 4° Q 4904.

192.

M. Caullery, « Les Réformes à faire dans les facultés des sciences », op. cit., p. 67-68 ; G. Fleury, M. Godefroy, « Pour une nouvelle organisation des bibliothèques universitaires », op. cit., p. 219 ; C. Beaulieux, « Les Bibliothèques universitaires françaises », op. cit., p. 239 ; C. Beaulieux, « Les Bibliothèques d’étude en France, bibliothèques universitaires », op. cit., p. 18’48.5.