2. Sur la déconcentration et la spécialisation des bibliothèques des universités

Sans aborder toujours directement la question des structures des bibliothèques universitaires, plusieurs débats de la décennie 1945-1954 ont eu pour thème central la question de l’organisation des bibliothèques universitaires, sous l’angle particulier de leur « centralisation » (concentration) ou de leur « décentralisation » (déconcentration). Ces débats se sont déroulés principalement dans le milieu des professionnels des bibliothèques. La question qui dominait l’ensemble de ces débats était celle de la spécialisation, dont chacun pouvait constater les effets dans le champ du savoir (fragmentation des grandes disciplines académiques en de nombreuses sous-disciplines). Ce mouvement allait-il bouleverser aussi l’organisation des bibliothèques universitaires jusqu’alors conçues, au moins en théorie, comme des bibliothèques encyclopédiques ? Si oui, où s’arrêterait cette fragmentation, et quelles conséquences aurait-elle sur les qualifications du personnel, en particulier sur celles des bibliothécaires ? Ces questions avaient, en ce qui concerne les bibliothèques universitaires elles-mêmes, un caractère encore assez théorique, ou du moins relativement éloigné. Mais à côté de ces bibliothèques à vocation encyclopédique, il existait aussi dans les universités des bibliothèques spécialisées bien réelles, celles des instituts et des laboratoires. Entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1950, ces bibliothèques spécialisées retinrent l’attention de la direction des bibliothèques, qui lança en 1954 la première enquête destinée à mieux en appréhender la réalité. Ces interrogations sur les effets possibles du mouvement de spécialisation se situaient dans le contexte d’un attachement assez général à la formule de la bibliothèque encyclopédique.