B. Facultés et universités nouvelles

Dans les villes où avaient été créés de nouveaux établissements d’enseignement supérieur (facultés ou collèges universitaires), il n’existait pas au départ d’université. Les facultés et les collèges créés dans ces villes étaient donc rattachés à l’université du siège de l’académie ou, dans le cas des académies dépourvues d’université, à l’université de siège d’une académie voisine, normalement l’académie dont le découpage avait donné naissance à la nouvelle circonscription administrative. Ainsi, la faculté des sciences de Nice fut d’abord rattachée à l’université d’Aix-Marseille. Dans ces nouvelles villes sièges d’établissement d’enseignement supérieur, les premières constructions de bibliothèques furent réalisées à Nice, à Rouen, au Mans, à Reims et à Tours. A Nice, une bibliothèque scientifique de 3.100 mètres carrés fut mise en service en 1964 auprès de la nouvelle faculté des sciences. Avec les bibliothèques des collèges scientifiques universitaires, mais à une dimension plus importante, ce fut la première bibliothèque scientifique constituée ex nihilo. Cette bibliothèque, selon la circulaire du 12 février 1962 relative à l’organisation des bibliothèques universitaires, constituait une section de la bibliothèque universitaire d’Aix-Marseille. Cette première construction fut suivie en 1968 de celle d’une section lettres (4.500 mètres carrés), puis d’une section médecine en 1970 (850 mètres carrés) et d’une section droit en 1972 (4.500 mètres carrés). Entre temps, une université avait été créée à Nice en 1970. Ainsi se trouvait réalisée dans une université nouvelle, où tout était à constituer en matière de bibliothèque universitaire, une organisation spatiale aussi dispersée que celle qui avait été mise en place dans la plupart des universités anciennes. C’est un caractère constant de la politique des constructions des décennies 1960 et 1970 que d’avoir traité les bibliothèques des universités nouvelles sur le même modèle que les bibliothèques des universités anciennes, avec la mise en place fréquente de plusieurs sections pouvant être implantées à des endroits différents de la même agglomération. Il est vrai que la politique des constructions des bibliothèques universitaires devait tenir compte des problèmes fonciers locaux et aussi des sites retenus pour l’édification des facultés ou des collèges universitaires, circonstances qui favorisèrent souvent la dispersion des implantations universitaires. 335

A Rouen, une bibliothèque de droit et lettres fut mise en service également en 1964 (2.140 mètres carrés, surface portée en 1970 à 4.670 mètres carrés), suivie par une bibliothèque scientifique en 1968 (2.700 mètres carrés). Une université fut créée à Rouen, qui avait été jusqu’alors rattachée à l’université de Caen, en 1966, après la création de l’académie de Rouen en 1964. 336

Au Mans, une bibliothèque fut construite pour le collège scientifique universitaire et mise en service en 1965 (1.000 mètres carrés). Cette première construction fut suivie en 1975 par celle d’une bibliothèque centrale et droit-lettres (3.200 mètres carrés) pour le centre universitaire du Mans créé la même année. A Reims, fut aussi édifiée en premier lieu une bibliothèque scientifique (1965, 3.515 mètres carrés) ; une section médecine fut installée en 1966 dans les locaux de la faculté (750 mètres carrés), un projet de construction ayant été abandonné. Enfin une bibliothèque centrale et droit-lettres fut ouverte en 1972 (6.230 mètres carrés). Les constructions universitaires réalisées à Reims se sont caractérisées par une forte dispersion, qui a affecté aussi les bâtiments de la bibliothèque universitaire. 337

Tours vit aussi s’édifier en premier lieu une bibliothèque scientifique (1965, 1.200 mètres carrés) puis une section médicale (1968, 1.100 mètres carrés) et une bibliothèque droit-lettres (1972, 5.700 mètres carrés). A Nantes, ce fut d’abord une section médicale qui fut construite pour la nouvelle faculté de médecine créée par transformation de l’Ecole nationale de médecine et de pharmacie en 1955 (1966, 2.400 mètres carrés). Elle fut suivie par une bibliothèque scientifique (1967, 4.500 mètres carrés), puis par une bibliothèque droit-lettres en 1968 (3.500 mètres carrés, surface portée à 7.300 mètres carrés en 1970). Les bibliothèques construites à Perpignan pour le droit, les sciences et les lettres (1967, 900 mètres carrés, surface portée à 1.720 mètres carrés en 1973), à Orléans (1967, 2.530 mètres carrés, superficie portée à 3.400 mètres carrés en 1975), à Metz (1971, 2.000 mètres carrés, puis 2.800 mètres carrés en 1972) et à Chambéry (1973, 2.250 mètres carrés) constituent des exceptions dans la politique de déconcentration des bibliothèques universitaires, puisqu’elles furent conçues comme des bibliothèques unifiées. A Pau, une bibliothèque scientifique fut mise en service en 1967 (2.000 mètres carrés), suivie en 1975 par une bibliothèque droit-lettres (3.000 mètres carrés). La succession des constructions fut identique à Limoges (sciences, 1968, 1.150 mètres carrés ; droit-lettres, 1975, 3.500 mètres carrés) et à Saint-Etienne (sciences, 1969, 2.100 mètres carrés ; droit-lettres, 1975, 3.200 mètres carrés). En revanche, à Brest une bibliothèque droit-lettres fut d’abord mise en service en 1968 (3.500 mètres carrés), suivie en 1972 par une section médecine de 995 mètres carrés. A Amiens, une bibliothèque droit-lettres de 7.500 mètres carrés fut ouverte au public en 1971.

A part quelques exceptions (Reims, Rouen, Nice), les bibliothèques de ces nouvelles universités ont rarement été décrites dans des publications, et sont donc moins bien connues que les bibliothèques des universités anciennes. On peut récapituler leur organisation selon le nombre de sites sous la forme d’un tableau (6 E).

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Tableau 6 ENombre de sites des bibliothèques des universités nouvelles en 1973
[Note: SOURCE : - Répertoire des bibliothèques et organismes de documentation (Paris, 1971), Supplément (1973) et Annexes, Bibliothèques interuniversitaires et bibliothèques d’université, octobre 1973 (1973).]

NOTES : Nombre total de sites en 1973 : 47

a : Université de technologie.

Notes
335.

A. Daumas, « La Nouvelle bibliothèque scientifique universitaire de Nice », Bulletin des bibliothèques de France, t. 10, n° 2, février 1965, p. 47-53 ; « Organisation des bibliothèques universitaires [circulaire du 12 février 1962] », op. cit., p. 224-225.

336.

P. Laurent, « La Bibliothèque universitaire de Rouen », Bulletin des bibliothèques de France, t. 10, n° 7, juillet 1965, p. 261-269 ; F. Marie-Cardine, « Université de Rouen, les étapes de la construction de la bibliothèque, 1964-1981 » dans Construction et aménagement des bibliothèques, mélanges Jean Bleton, op. cit., p. 130-140.

337.

J. Condamin, « La Nouvelle bibliothèque scientifique universitaire de Reims », Bulletin des bibliothèques de France, t. 12, n° 4, avril 1967, p. 145-153 ; P. Dupont, « La Bibliothèque de l’université de Reims Champagne-Ardenne, un programme ambitieux mais inachevé » dans Construction et aménagement des bibliothèques, mélanges Jean Bleton, op. cit., p. 111-116.