B. Moyens et qualifications

A la question des objectifs était étroitement liée celle des moyens. Là encore, les indications données à l’époque ont eu un caractère fragmentaire. Si la direction des bibliothèques avait bien reçu des assurances sur les crédits de construction dont elle pourrait bénéficier pour la période du quatrième plan, l’incertitude régnait en ce qui concernait le montant des subventions de fonctionnement et le rythme des créations d’emplois à venir, déterminées les unes et les autres par le budget annuel de l’Etat. Cependant, il était acquis que les bibliothèques nouvellement construites pourraient bénéficier de crédits d’investissement pour leur équipement en mobilier et matériel et en livres et périodiques.

Le document le plus détaillé en ce qui concerne les prévisions de moyens est le rapport général de la commission de l’équipement scolaire, universitaire et sportif du quatrième plan. En ce qui concerne les constructions, était prévue pour les quatre années du plan (1962-1965) une dotation de 161,8 millions de francs pour les bibliothèques universitaires de province. Les crédits pour l’équipement des nouveaux locaux s’élevaient à 53,6 millions de francs. Ces prévisions reprenaient les demandes de la direction des bibliothèques, qui avait effectué, en liaison avec la direction de l’enseignement supérieur, une étude tenant compte des implantations prévues dans chaque université. Le montant des crédits d’équipement, approximativement de 33 pour cent des coûts prévisionnels de construction, avait aussi été calculé d’après les indications de la direction des bibliothèques. Les prévisions tenaient compte du fait que des crédits de construction avaient été accordés précédemment pour des constructions universitaires sans qu’il fût tenu compte des besoins de la bibliothèque universitaire, ce qui conduisait à rattraper les retards ainsi constatés dans le cadre du plan. 393

Au budget de l’équipement de 1962, 33 millions de francs avaient été accordés pour les bibliothèques universitaires, et on espérait obtenir des sommes supérieures jusqu’en 1965. Au journées d’étude de novembre-décembre 1961, J. Cain se félicitait de ces perspectives, et se réjouissait particulièrement de l’attribution de crédits pour l’équipement des nouvelles bibliothèques en livres et en périodiques.

‘« Mais il serait inconcevable de vouloir ouvrir des bibliothèques nouvelles sans leur assurer un équipement en livres et en périodiques provenant de crédits spéciaux. C’est ce qui a été admis aussi bien par le ministère de l’éducation nationale que par le ministère des finances. Dès 1962, une partie importante de nos crédits d’équipement pourra être consacrée à de telles acquisitions. Les nouvelles bibliothèques scientifiques seront par priorité les premières bénéficiaires de ces crédits, mais dès que la chose sera possible, nous nous efforcerons d’en faire profiter toutes les bibliothèques universitaires quelles qu’elles soient : en effet, l’effort exceptionnel qui va être demandé dans les prochaines années aux bibliothèques universitaires ne peut être assuré sur les seuls crédits de fonctionnement, malgré l’augmentation des crédits de fonctionnement qui seront de 7.785.000 NF [nouveaux francs] en 1962, soit 1.120.000 NF d’augmentation par rapport à 1961. » 394

Mais les crédits d’équipement en livres ne constituaient qu’un apport limité dans le temps, et l’incertitude régnait en ce qui concernait les subventions de fonctionnement régulières dont les bibliothèques universitaires restructurées pourraient disposer à l’avenir. Aux journées d’étude des bibliothèques universitaires de novembre-décembre 1961, Julien Cain avait remarqué que les frais de fonctionnement étaient beaucoup plus élevés dans un bâtiment moderne que dans un bâtiment ancien, et que le nombre et le prix des périodiques spécialisés avaient beaucoup augmenté. Il voulait cependant rester optimiste, en considérant que les augmentations des subventions de fonctionnement aux bibliothèques universitaires qui étaient intervenues depuis 1945 garantissaient en quelque sorte les augmentations futures. Ces subventions étaient passées de 15,6 millions de francs en 1945 à 6,7 millions de francs (nouveaux francs) en 1961, soit une augmentation de 6,5 millions de nouveaux francs, ou de plus de 4.000 pour cent. La dépréciation rapide de la valeur de la monnaie pendant cette période rend la comparaison moins flatteuse que ces montants en francs courants pourraient le laisser croire, mais il y avait indéniablement eu une amélioration de la situation financière des bibliothèques universitaires. Face à la nécessité devant laquelle se trouvaient les bibliothèques universitaires de procéder à des « acquisitions massives », P. Lelièvre déclarait ‘: « Nous ne demandons qu’à les faire, à la condition d’en avoir tous les moyens. Les aurons-nous ? Nous ne pouvons que l’espérer et dire que la réalisation de vastes programmes d’achat demande des délais »’. Mais les besoins budgétaires des nouvelles bibliothèques universitaires ne semblent pas avoir été chiffrés avec précision, pas plus que le nombre de volumes de monographies ou le nombre de titres de périodiques qu’elles auraient dû acquérir annuellement. 395

La question du personnel appelé à faire fonctionner ces nouvelles bibliothèques constituait aussi un sujet de préoccupation sur le double plan quantitatif et qualitatif. Sur le plan quantitatif, J. Cain avait donné aux journées d’étude des bibliothèques universitaires de novembre-décembre 1961 une indication que son imprécision rend difficile à interpréter.

‘« ...au cours des travaux du quatrième plan, nous avons fixé comme objectif à atteindre les effectifs suivants : 70 personnes par bibliothèque de type traditionnel ; 84 par bibliothèque du type à sections spécialisées ; mais la répartition n’est pas la même puisque le personnel scientifique, 6 personnes dans le type traditionnel, passerait à 26 dans le nouveau type ; de même le personnel technique passerait de 8 à 21 cependant que le personnel de service décroîtrait de 36 à 24. » 396

Des prévisions quantitatives globales pour les bibliothèques universitaires jusqu’en 1970 ont été données par le rapport général de la commission de l’équipement scolaire, universitaire et sportif du quatrième plan. Selon ces prévisions, l’effectif du personnel scientifique aurait dû passer de 161 en 1961 à 388 (+ 141 pour cent) en 1965 et à 576 (+ 257 pour cent par rapport à 1961) en 1970. La progression était certes rapide, mais en reprenant les chiffres avancés par J Cain et en considérant que l’effectif de 36 bibliothécaires aurait dû être celui d’une bibliothèque universitaire installée sur plusieurs sites, cet effectif global de 576 ne pouvait permettre de doter que seize bibliothèques universitaires. Cela correspondait aux seize bibliothèques qui existaient en 1961, mais la création de nouvelles académies au début des années 1960 (Nantes, Reims, Orléans) rendait peu probable que l’on en restât à ce nombre. Pour le personnel technique, l’effectif de 121 en 1961 devait, selon les mêmes prévisions, passer à 357 (+ 195 pour cent) en 1965 et à 521 (+ 330 pour cent par rapport à 1961) en 1970, restant ainsi toujours inférieur à celui des bibliothécaires malgré une progression plus rapide encore. Ces chiffres très élevés étaient bien supérieurs à l’augmentation des effectifs que les bibliothèques universitaires avaient connue depuis 1945, et supposaient une très forte augmentation des recrutements, que les contraintes financières du budget de l’Etat et le caractère peu attractif des carrières rendaient assez improbables. 397

Le problème des ressources humaines ne se posait pas seulement en termes quantitatifs. A ces bibliothèques dotées d’un niveau spécialisé, il fallait un personnel de bibliothécaires lui-même spécialisé pour jouer un rôle actif en matière d’acquisitions, apprécier le contenu et le niveau des documents dont le classement était désormais déterminé par leur sujet, et donner des renseignements bibliographiques à des utilisateurs spécialistes des disciplines représentées. C’était une définition tout à fait nouvelle des fonctions des bibliothécaires. Elle ne pouvait s’appuyer que sur un seul précédent en ce qui concernait les renseignements bibliographiques, celui de la salle des catalogues de la Bibliothèque nationale aménagée en 1932, sous l’administration de Julien Cain. Encore l’orientation de la Bibliothèque nationale vers les humanités ne la conduisait qu’assez rarement à donner des informations bibliographiques dans le domaine scientifique, qui allait constituer le premier terrain d’application de la nouvelle structure des bibliothèques universitaires. Le succès de la nouvelle organisation, et la capacité des bibliothèques universitaires à attirer le public des spécialistes qui s’en était détourné, apparaissaient donc liés à des modifications fondamentales du mode de recrutement et de formation du « personnel scientifique des bibliothèques ».

Cette question de la spécialisation du personnel se trouva évoquée dès les journées d’étude des bibliothèques scientifiques de janvier 1961, au cours desquelles P. Lelièvre déclara :

‘« Le personnel de ces bibliothèques doit être un peu plus nombreux que celui des bibliothèques traditionnelles, et surtout réparti de façon très différente. Les salles spécialisées demandent la présence d’un personnel scientifique avec connaissances bibliographiques très poussées et ayant acquis une certaine spécialisation... Enfin la formation actuelle est mal adaptée aux conditions nouvelles et le diplôme supérieur de bibliothécaire qui marquait un progrès sur l’ancien diplôme technique est aujourd’hui dépassé en raison de son caractère trop historique et encyclopédique. » 398

Le caractère principalement technique des journées d’étude de janvier 1961 ne permit pas de s’attacher davantage à cette question. Mais celle-ci fut évoquée à nouveau dans le document Bibliothèques universitaires, principes d’une réforme de structure, se trouvait déjà envisagée la généralisation de la nouvelle structure à des bibliothèques placées auprès des facultés de droit et des lettres.

‘« [Les chercheurs doivent trouver] dans chaque section spécialisée, un personnel dont la qualification doit être à la fois technique et scientifique. Si les bibliothèques encyclopédiques pouvaient s’accommoder d’un personnel de bibliothécaires polyvalents, les bibliothèques spécialisées de demain ont besoin de bibliographes et de bibliothécaires, compétents non seulement dans les techniques de la bibliographie, de la documentation et de la bibliothéconomie, mais aussi qualifiés dans les disciplines auxquelles ils se consacrent. » 399

C’est dans les mêmes termes que se trouvait décrite la qualification souhaitable des bibliothécaires qui devraient être affectés dans les nouvelles bibliothèques par le rapport général de la commission de l’équipement scolaire, universitaire et sportif du quatrième plan, qui précisait en outre :

‘« La réforme qui a été décrite dans le première partie du rapport... implique donc d’envisager un recrutement et une formation des personnels des bibliothèques assez différents de ceux qui sont actuellement en pratique. C’est à cette fin qu’est envisagée la création de deux centres de formation de bibliothécaires où les élèves, munis du diplôme universitaire qui atteste leur formation scientifique, viendront acquérir la formation bibliographique et documentaire indispensable [En note : Ce mode de recrutement accroît en particulier les besoins en licenciés ès sciences d’environ 75 personnes par an.] » 400

Aux journées d’étude des bibliothèques universitaires de novembre-décembre 1961, J. Cain revint sur cette question :

‘« Une de nos préocupations est le recrutement du personnel scientifique, et notamment des bibliothécaires spécialisés ; or, nous recrutons peu de bibliothécaires parmi les étudiants qui fréquentent les facultés des sciences. On a tenté une expérience très limitée cette année en instituant une option du diplôme supérieur de bibliothécaire orientée davantage vers les bibliothèques scientifiques ; elle est préparée régionalement à la bibliothèque universitaire de Lyon. Mais c’est à la réforme complète de notre enseignement du diplôme supérieur de bibliothécaire et du certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire (ce dernier comprenant une option “bibliothèques d’instituts et de laboratoires”) que nous allons nous employer sans délai. Il faudra certainement aller plus loin et modifier les règles mêmes du recrutement. Je souhaite, étant donné la plus grande diversité des tâches qui incomberont dans l’avenir aux bibliothécaires, disposer d’un personnel mieux adapté à cette diversité. L’organisation actuelle était la seule que l’on pouvait concevoir quand elle a été mise en place ; il apparaît nettement aujourd’hui qu’elle doit être modifiée. » 401

Ces déclarations de principe ne définissaient pas nettement les contours de la réforme à entreprendre. Un pas de plus fut franchi en 1962 avec l’examen par le comité technique paritaire de la direction des bibliothèques d’un projet de réforme de la formation professionnelle. Selon Paule Salvan, qui fut le rapporteur du projet devant le comité, la réforme des bibliothèques universitaires imposait une formation mieux adaptée pour le personnel appelé à exercer ses fonctions dans ces bibliothèques. Il fallait maintenir une formation de base commune, mais prévoir ensuite une spécialisation. La formation devait être orientée vers les techniques nouvelles (principalement les procédés de reproduction et de sélection mécanique des documents). La nécessité de relever le niveau de la formation, d’étaler celle-ci sur une période plus longue, de prévoir des stages et des enseignements de spécialisation « sans prévoir toutefois un compartimentage absolu » avaient orienté les réflexions vers la création d’une école nationale. Les candidats admis à cette école par concours devraient être titulaires d’une licence. Ils suivraient une scolarité rémunérée de deux ans en contrepartie d’un engagement de rester au service de l’Etat pendant dix ans. Au terme de la première année, consacrée à « l’enseignement général », ils subiraient un examen sanctionné par le diplôme de bibliothécaire. La deuxième année comporterait un stage, la rédaction d’un mémoire et un enseignement spécialisé d’environ quatre mois divisé en deux sections : section A, bibliothèques générales, portant surtout sur les sciences humaines, ou section B, bibliothèques spécialisées et bibliothèques universitaires. Dans cette deuxième section devait être dispensé un « enseignement de type nouveau » : techniques nouvelles, bibliographies spécialisées et bibliothéconomie spéciale, notamment médicale. Un enseignement de l’anglais professionnel était aussi prévu. Cette seconde année d’étude devait être sanctionnée par le diplôme de bibliothécaire bibliographe. La possibilité de continuer à recruter des spécialistes par des concours particuliers avait fait l’objet de certaines divergences, mais les modalités de recrutement dérogatoire pour les élèves de l’Ecole des chartes étaient maintenues. Ces propositions furent discutées, précisées et amendées au cours de deux séances du comité technique paritaire, le 5 mars et le 14 mars 1962. 402

Sous une forme plus élaborée, le projet de réforme de la formation professionnelle des bibliothécaires fut présenté dans un article de 1963 de Paule Salvan. Cet article prévoyait toujours la création d’une école nationale et une scolarité en deux ans. Le dispositif était conçu pour former des promotions nettement plus importantes que celles qui avaient été recrutées depuis 1950, année de la création du diplôme supérieur de bibliothécaire. La formation devait être dispensée après le recrutement, contrairement à ce qui avait été le cas jusqu’alors. Bien entendu, la réforme de l’organisation des bibliothèques universitaires avait joué un rôle important dans la définition de ce projet. Au terme de la première année d’étude, le diplôme de bibliothécaire sanctionnait une formation permettant de gérer des bibliothèques de caractère encyclopédique ne relevant pas de la direction des bibliothèques. La seconde année, sanctionnée par le diplôme supérieur de bibliothécaire bibliographe (titre probablement choisi pour sa similitude avec celui d’archiviste paléographe qui sanctionnait les études des élèves de l’Ecole des chartes), comportait des cours spéciaux divisés en deux sections. La section A comprenait des enseignements orientés plutôt vers les bibliothèques de conservation (histoire du livre, muséographie, gestion des fonds spéciaux, bibliographie spécialisée en sciences humaines et paléographie), mais aussi vers des bibliothèques spécialisées de lettres et sciences humaines. La section B se subdivisait elle-même en trois sous-sections : sciences exactes, sciences médicales et sciences sociales, dont la correspondance avec les facultés des sciences, de médecine et de pharmacie et de droit était assez claire. Dans chacune de ces sous-sections devaient être dispensés des enseignements de bibliothéconomie spéciale, de bibliographie et documentation spécialisées, de classifications spécialisées, de techniques de sélection et de langues vivantes. L’enseignement de seconde année de la section B avait fait l’objet d’un essai limité au cours des deux dernières sessions (1961 et 1962) du diplôme supérieur de bibliothécaire. 403

Notes
393.

Quatrième plan de développement économique et social, 1962-1965, rapport général de la commission de l’équipement scolaire, universitaire et sportif, op. cit., p. 99-100.

394.

« Journées d’étude des bibliothèques universitaires (30 novembre-1er décembre 1961) », op. cit., p. 64.

395.

« Journées d’étude des bibliothèques universitaires (30 novembre-1er décembre 1961) », op. cit., p. 62 et p. 71. D’après D. Pallier, l’évolution en francs constants de 1990 des subventions attribuées aux bibliothèques universitaires de 1945 à 1961 a été de 8,0 millions de francs à 38,3 millions de francs, soit une augmentation de près de 378 pour cent. D. Pallier, « Les Bibliothèques universitaires de 1945 à 1975, chiffres et sources statistiques », Bulletin des bibliothèques de France, t. 37, n° 3, 1992, p. 61.

396.

« Journées d’étude des bibliothèques universitaires (30 novembre-1er décembre 1961) », op. cit., p. 65. L’ambiguïté de l’expression « à sections spécialisées » ne permet pas de savoir s’il s’agit des effectifs prévus pour un seul site ou pour l’ensemble des sections d’une bibliothèque universitaire installée sur plusieurs sites. D’autre part, on ne retrouve pas l’effectif global en additionnant les effectifs de chacune des catégories de personnel mentionnées, ce qui laisse supposer que d’autres catégories de personnel sont prises en considération, mais on ne comprend pas pourquoi leur nombre diminue dans une bibliothèque à « sections spécialisées ».

Type de bibliothèque P. scientifique P. technique P. de service Autres Ensemble
Traditionnel 6 8 36 [20] 70
Sections spécialisées 26 21 24 [13] 84

Aux journées d’étude des bibliothèques scientifiques de janvier 1961, un participant appela l’attention sur la crise des recrutements, et exprima la crainte de voir s’élever des bâtiments que, faute de personnel, il ne serait pas possible de faire fonctionner convenablement, le niveau des salaires de la fonction publique comparé à celui du secteur privé expliquant selon lui les difficultés du recrutement. Il lui fut seulement répondu par J. Cain que « le conseil supérieur de la fonction publique et le ministère des finances ont été saisis de ce problème ». « Journées d’étude des bibliothèques scientifiques, 19-20 janvier 1961 », op. cit., p. 225. Selon Liliane Wetzel, le niveau de rémunération des bibliothécaires était particulièrement faible au début des années 1960 et constituait un obstacle au recrutement. Le statut « unificateur » de 1952 avait abandonné les parités qui existaient précédemment avec certains corps de l’enseignement supérieur. Un conservateur (deuxième grade du personnel scientifique des bibliothèques) terminait sa carrière à l’indice net 510, comme un professeur de collège moderne ou technique, dont la carrière ne comportait de surcroît qu’un seul grade. Les conservateurs en chef (troisième grade), en nombre très réduit, bénéficiaient de rémunérations plus élevées, mais il n’existait pas d’indemnité de direction pour les chefs d’établissement. Après le reclassement des personnels enseignants prévu par les décrets du 8 août 1961 et du 7 septembre 1961, l’indice terminal des bibliothécaires (premier grade) se situait à 410 net, soit au-dessous du niveau des adjoints d’enseignement. L. Wetzel, Les Bibliothèques universitaires et l’évolution de l’enseignement supérieur dans Revue administrative, t. 14, n° 83, 1961, p. 477-478.

397.

Aux journées d’étude des bibliothèques scientifiques de janvier 1961, un participant appela l’attention sur la crise des recrutements, et exprima la crainte de voir s’élever des bâtiments que, faute de personnel, il ne serait pas possible de faire fonctionner convenablement, le niveau des salaires de la fonction publique comparé à celui du secteur privé expliquant selon lui les difficultés du recrutement. Il lui fut seulement répondu par J. Cain que « le conseil supérieur de la fonction publique et le ministère des finances ont été saisis de ce problème ». « Journées d’étude des bibliothèques scientifiques, 19-20 janvier 1961 », op. cit., p. 225. Selon Liliane Wetzel, le niveau de rémunération des bibliothécaires était particulièrement faible au début des années 1960 et constituait un obstacle au recrutement. Le statut « unificateur » de 1952 avait abandonné les parités qui existaient précédemment avec certains corps de l’enseignement supérieur. Un conservateur (deuxième grade du personnel scientifique des bibliothèques) terminait sa carrière à l’indice net 510, comme un professeur de collège moderne ou technique, dont la carrière ne comportait de surcroît qu’un seul grade. Les conservateurs en chef (troisième grade), en nombre très réduit, bénéficiaient de rémunérations plus élevées, mais il n’existait pas d’indemnité de direction pour les chefs d’établissement. Après le reclassement des personnels enseignants prévu par les décrets du 8 août 1961 et du 7 septembre 1961, l’indice terminal des bibliothécaires (premier grade) se situait à 410 net, soit au-dessous du niveau des adjoints d’enseignement. L. Wetzel, Les Bibliothèques universitaires et l’évolution de l’enseignement supérieur dans Revue administrative, t. 14, n° 83, 1961, p. 477-478.

398.

« Journées d’étude des bibliothèques scientifiques, 19-20 janvier 1961 », op. cit., p. 219.

399.

Bibliothèques universitaires, principes d’une réforme de structure, op. cit., p. 3 ; souligné par moi.

400.

Quatrième plan de développement économique et social, 1962-1965, rapport général de la commission de l’équipement scolaire, universitaire et sportif, op. cit., p. 214.

401.

« Journées d’étude des bibliothèques universitaires (30 novembre-1er décembre 1961) », op. cit., p. 65.

402.

Comité technique paritaire, séance du 5 mars 1962 (procès-verbal), séance du 14 mars 1962 (procès-verbal), Bulletin des bibliothèques de France, t. 7, n° 5, mai 1962, p. 270-279. En sa qualité d’administrateur de la Bibliothèque nationale, J. Cain tenait à conserver la possibilité de recruter des spécialistes par des concours particuliers.

403.

P. Salvan, « Réforme de la formation professionnelle », Bulletin des bibliothèques de France, t. 8, n° 6, juin 1963, p. 233-249. Cet exposé est le plus détaillé et le plus argumenté dont nous disposons en ce qui concerne les projets de réforme de la formation professionnelle liés à la réforme de l’organisation des bibliothèques universitaires. Ces projets n’ont pas connu de réalisation sous la forme présentée ici, puisque la création de l’école nationale supérieure de bibliothécaires (E.N.S.B.) en 1963 a retenu le principe d’une scolarité en une seule année, dans laquelle les enseignements de spécialisation ne pouvaient pas connaître le même développement. P. Salvan avait précédemment exprimé ses interrogations sur la formation des bibliothécaires dans le cadre des journées d’étude des bibliothèques universitaires de 1952. P. Salvan, « Le Personnel des bibliothèques universitaires » dans Bibliothèques universitaires, 1953 (Paris, 1954), p. 37-38. Cf. aussi P. Lelièvre, « La Formation des bibliothécaires en France », Zentralblatt für Bibliothekswesen, t. 72, n° 1, 1958, p. 1-12.