I. Partage des collections

Le partage des collections fut d’emblée considéré comme une conséquence nécessaire de la nouvelle organisation spatiale des bibliothèques universitaires. Il fut donc mentionné dès les journées d’étude de 1961. Cette opération ne présentait pas de difficultés excessives lorsqu’il s’agissait d’extraire de collections pluridisciplinaires, éventuellement déjà diminuées de la médecine et de la pharmacie, les documents correspondant au domaine des sciences et des techniques. C’était seulement une opération longue, puisque pour extraire les documents intéressants il fallait examiner la totalité des collections ou des registres d’inventaire qui les décrivaient. Des difficultés pouvaient cependant surgir dans des disciplines frontières entre la médecine et les sciences (biologie, par exemple) ou entre les sciences de la terre et la géographie, la physiologie et la psychologie, etc. Mais la principale difficulté apparut dans les cas où les documents correspondant au droit, aux sciences politiques et à l’économie durent être séparés des collections de lettres, sciences humaines et sciences sociales. Cette situation se produisit notamment dans certaines villes où furent constituées des sections lettres, comme à Nancy, où elle semble avoir été réglée sans difficultés majeures, et à Montpellier et Rennes, où elle donna lieu à des négociations plus difficiles. Une réunion fut organisée par la direction des bibliothèques en février 1965, mais le compte rendu qui en fut publié montre que les échanges de vues qui eurent lieu à cette occasion ne permirent pas de dégager des critères de tri indiscutables. En conséquence, les difficultés durent être réglées sur le plan local. C’est en raison d’une décision de caractère local que certaines collections du XIXe siècle ne furent pas transférées à la section lettres de la bibliothèque universitaire de Toulouse, sur le campus du Mirail, mais conservées à la bibliothèque centrale. En revanche, à Rennes, la commission de la bibliothèque se prononça contre la constitution d’un « fonds central » à la section droit, qui devait être la seule à demeurer au centre ville dans les anciens locaux de la bibliothèque universitaire unifiée. 417

Ces difficultés ne pouvaient qu’inciter la direction des bibliothèques à essayer de maintenir, dans tous les cas où c’était possible, la réunion des sections droit et lettres. Dans une intervention au colloque international sur les bibliothèques universitaires organisé par l’université de Liège en 1965, P. Poindron a d’ailleurs expressément mentionné les difficultés du partage des collections comme le motif principal du maintien de cette réunion partout où c’était possible. 418

Notes
417.

« Transfert des sections droit et lettres des bibliothèques universitaires », Bulletin des bibliothèques de France, t. 10, n° 6, juin 1965, p. 234-235. Commission de la bibliothèque universitaire de Rennes, 22 novembre 1963. A.N., F 17 bis 16003, versement n° 770462, art. 33, dossier 1962-1963 (Rennes, service intérieur).

418.

« Toutes les fois où nous le pouvons, c’est-à-dire toutes les fois où la faculté des lettres est proche de la faculté de droit, nous plaçons la bibliothèque universitaire droit-lettres entre les deux facultés. Ceci présente un avantage : nous évitons ainsi des discussions entre les professeurs des lettres et les professeurs du droit, qui se disputent certains fonds, par exemple l’histoire (à propos de l’histoire du droit). » P. Poindron, « Les Bibliothèques universitaires françaises et la politique de la direction des bibliothèques », op. cit., p. 53.