II. Acquisition en plusieurs exemplaires de documents d’intérêt général

La nécessité d’acquérir en au moins autant d’exemplaires que de sections certains documents de caractère général (encyclopédies, dictionnaires de langue, atlas, bibliographies générales, etc.) était aussi une conséquence directe de la répartition des collections sur plusieurs sites. Ces acquisitions en multiples exemplaires ne se limitaient d’ailleurs pas à la catégorie des ouvrages de référence. Elles concernaient aussi certains titres de périodiques ou certaines collections susceptibles d’intéresser des utilisateurs appartenant à des facultés différentes. On ne trouve pas trace non plus dans les comptes rendus de réunions du début des années 1960 de doute à cet égard, ce qui montre bien que l’abandon de la bibliothèque encyclopédique était entièrement consommé dans l’esprit des concepteurs de la réforme, et qu’ils en assumaient toutes les conséquences. On se souvient en effet que dans le dernier quart du XIXe siècle, l’un des arguments avancés pour réunir les collections des bibliothèques universitaires en un local unique avait été que cette forme d’organisation permettrait d’éviter les achats de documents en plus d’un exemplaire. Cette disposition avait d’ailleurs été rappelée par J. Cain dans son intervention aux Journées d’étude de novembre-décembre 1961, en même temps que des considérations qui semblaient lui donner une nouvelle actualité :

‘« ...une interpénétration sans cesse croissante se manifeste entre l’enseignement des diverses facultés : l’enseignement des mathématiques par exemple ne figure-t-il pas aujourd’hui au programme des facultés de droit et des sciences économiques ? Cela aurait pu être une raison de maintenir la bibliothèque universitaire unique, ce sera un motif supplémentaire pour que nous examinions attentivement le problème de la coordination des achats entre les diverses sections de la bibliothèque universitaire. » 419

A ces mêmes journées d’étude, P. Lelièvre indiqua clairement comme l’un des inconvénients de la politique des constructions universitaires cette nécessité de l’acquisition de documents en multiples exemplaires :

‘« On constatera aussi la nécessité d’acheter en double ou triple exemplaire certaines grandes collections, car l’un des inconvénients de la politique suivie en matière de constructions universitaires, vous le connaissez : aujourd’hui le matériel - disons les périodiques, les livres et les collections - indispensables aux sociologues, aux géographes, à l’historien sont, pour une très large part, un matériel commun. A partir du jour où nous isolons les collections de la faculté des lettres de la bibliothèque centrale... il est évident que le partage sera contesté par les usagers. Nous pourrions multiplier les exemples de ces domaines... où la séparation de collections autrefois groupées va entraîner la nécessité d’acquisitions massives. Nous ne demandons qu’à les faire, à la condition d’en avoir tous les moyens. Les aurons-nous ? Nous ne pouvons que l’espérer et dire que la réalisation de vastes programmes d’achat demande des délais. » 420
Notes
419.

«  Journées d’étude des bibliothèques universitaires (30 novembre-1er décembre 1961) », Bulletin des bibliothèques de France, t. 7, n° 2, février 1962, p. 57. Cette citation constitue un exemple de l’importance théorique reconnue à la notion de coordination entre les sections.

420.

« Journées d’étude des bibliothèques universitaires (30 novembre-1er décembre 1961) », op. cit. p. 71.