B. La déconcentration des services opérée par les réformes de 1961-1962

I. Niveau de déconcentration des services

Une fois acquis le principe de la déconcentration des bibliothèques universitaires, il était nécessaire d’en déterminer le niveau. C’est pratiquement sans discussion qu’il a été admis que le niveau de la section correspondant à une ou au plus deux facultés était le plus adapté. Le cas dans lequel le rapprochement entre deux sections devait être prioritairement recherché a été celui des sections droit et lettres, pour des raisons tenant d’abord aux difficultés du partage des collections et à la nécessité, en cas de séparation, de prévoir des acquisitions importantes pour compenser les lacunes ainsi créées.

Il est important de remarquer que le choix de ce niveau de déconcentration résulte exclusivement de considérations institutionnelles et pratiques. Dans les représentations de la direction des bibliothèques, les enseignements et les recherches d’une faculté avaient probablement un caractère bien identifié, dont il était possible de constituer, par extraction ou par acquisition, la contrepartie documentaire dans une section appelée à desservir cette faculté. Mais ce choix a aussi résulté du fait que les opérations de déménagement d’anciennes facultés en banlieue ou de constitution de facultés dans des villes universitaires nouvelles concernaient le plus souvent une faculté dans son ensemble. Il a pu arriver dans certaines villes universitaires (Bordeaux ou Grenoble, par exemple), que plusieurs facultés aient été réunies, au terme du processus de construction, sur un même campus. Mais il n’a probablement pas toujours été possible de déterminer avec certitude dès le début des opérations qu’il en serait bien ainsi, ce qui aurait pu éventuellement conduire à des solutions différentes pour l’organisation des bibliothèques universitaires correspondantes. La situation était également complexe en ce qui concernait les collèges universitaires. Il en existait de plusieurs types dans certaines villes, mais d’un seul type dans d’autres. Et la difficulté de prévoir ce que serait la configuration finale des établissements d’enseignement supérieur dans une nouvelle ville universitaire a certainement été importante. On a donc été conduit, en partie à cause de ces difficultés de prévision, à agir au coup par coup et à envisager la création de sections à chaque création ou transfert de faculté.

Notons simplement ici pour y revenir plus loin que le choix d’une bibliothèque par faculté n’était pas le seul possible. Deux autres niveaux de déconcentration au moins auraient été envisageables : celui du campus, dans le cas où plusieurs facultés devaient être transférées sur le même campus, et celui du département dans le cas où une nouvelle faculté des sciences, par exemple, devait être installée sur un campus dont les dimensions rendaient nécessaire une implantation plus dispersée des services de bibliothèque. Dans ces deux cas, il aurait été nécessaire d’innover sur le plan de l’organisation. Mais l’hypothèse d’une bibliothèque commune à plusieurs facultés sur un seul campus aurait permis de réduire certains coûts, comme les inconvénients abondamment évoqués du partage des collections.