IV. Conditions pratiques d’élaboration et de mise en oeuvre de la réforme

L’attitude des responsables de la direction des bibliothèques par rapport à la réforme des bibliothèques universitaires se fondait sur des considérations de caractère général, qui ont été exposées par Julien Cain dans son introduction aux journées d’étude des bibliothèques universitaires de novembre-décembre 1961 : croissance rapide de la population étudiante, mesures prises par la direction de l’enseignement supérieur pour y faire face, évolution de l’enseignement supérieur et de la recherche. Mais elle porte aussi la marque de préoccupations qui peuvent assez aisément être reliées à la personnalité de plusieurs responsables : on doit ainsi à Pierre Lelièvre, maître d’oeuvre de l’ensemble de la réforme, le souci de donner aux bibliothèques universitaires un rôle scientifique ambitieux, en même temps que celui de préserver leur unité institutionnelle et de leur donner une position plus forte face aux bibliothèques d’instituts et de laboratoires. Paul Poindron, qui a succédé à P. Lelièvre dans les fonctions d’adjoint au directeur des bibliothèques et de la lecture publique en 1964, était surtout intéressé par les questions de documentation, de micrographie, de reproduction documentaire et de sélection. Paule Salvan a très probablement été à l’origine du choix de la classification décimale universelle pour l’indexation et le classement des documents. Enfin, Jean Bleton a continué à assurer le rôle de coordinateur de la politique des constructions qui avait jusqu’alors été le sien.

Dans l’ensemble, l’approche des responsables de la direction des bibliothèques avait un caractère assez abstrait, et aucun de ceux qui ont été cités ci-dessus n’avait d’expérience directe des bibliothèques universitaires de province. Ils ont donc quelquefois fait appel au jugement de responsables de ces bibliothèques, et ont eu quelques interlocuteurs privilégiés, parmi lesquels Jean-Louis Rocher, bibliothécaire en chef de la bibliothèque universitaire de Lyon, et Jean Sansen, bibliothécaire en chef de la bibliothèque universitaire de Rennes, qui ont été parmi les soutiens les plus actifs de la réforme.