I. Les sections et l’enquête statistique générale de 1974

Pour les besoins du traitement des réponses à l’enquête statistique générale de 1974, furent identifiées deux catégories de problèmes liés à la diversité des bibliothèques universitaires de province : la question de leur statut (bibliothèque d’université ou de centre universitaire, ou bibliothèque interuniversitaire) et celle de leur organisation en sections. En effet, une partie du questionnaire d’enquête était relatif à l’ensemble de la bibliothèque, et devait donc être renseignée au niveau des services centraux, alors qu’une autre partie concernait le fonctionnement de chacune des sections. Il existait en province, à la date où fut conçue l’enquête statistique de 1974 (1976), trente-six bibliothèques universitaires et environ cent quarante sections ou sous-sections. 564

Selon l’analyse conduite à l’occasion de la conception de l’enquête statistique de 1974,

‘« ...dans la presque totalité des cas, chaque bibliothèque est constituée de plusieurs sections. Ces dernières correspondent, en principe, aux cinq grandes disciplines suivantes : droit, lettres, médecine, pharmacie et sciences. De plus, certaines sections peuvent comprendre plusieurs localisations. »’

En ce qui concerne les services centraux (direction, administration, services bibliothéconomiques et ateliers divers), l’enquête avait prévu de les assimiler à une section « bien qu’ils soient installés, le plus souvent, dans des locaux qu’ils partagent avec une section proprement dite ». Cela étant, plusieurs cas étaient susceptibles de se présenter. Pour les besoins de l’enquête, il fut convenu que la structure de référence était une division en cinq sections, correspondant aux cinq grandes disciplines identifiées, et installées dans cinq bâtiments distincts, les services centraux de la bibliothèque partageant le bâtiment de l’une des sections. Il fut admis que très peu de bibliothèques universitaires correspondaient à ce schéma théorique, car ‘« la notion même de “section” restant floue, elle est susceptible d’intervenir à des niveaux différents »’. Parmi les autres structures possibles figuraient celle d’une bibliothèque à implantation unique, avec tout ou partie des disciplines, correspondant généralement à des bibliothèques de création récente ; celle où l’on trouvait plusieurs sections par discipline, avec des variantes théoriques nombreuses, l’une de celles-ci étant représentée à Aix-Marseille (deux sections médecine, trois sections sciences) ; celle où il existait plusieurs implantations par section (une même section, définie par référence à une discipline, implantée dans plusieurs bâtiments) ; celle de « sections regroupant plusieurs disciplines », (plus d’une section par bâtiment, par exemple droit-lettres ou médecine-pharmacie). Pour désigner les implantations différentes d’une même section, l’enquête employait le terme de localisation ; d’autres documents ont employé les termes de section et sous-section, créant ainsi un niveau de hiérarchie supplémentaire. 565

Bien que ce document eût été rédigé à des fins exclusivement pratiques, il rencontrait cependant des difficultés dans la définition de ce qu’il fallait entendre sous le terme de section. La distinction entre services centraux d’une bibliothèque universitaire et sections y était correctement opérée, mais on ne savait toujours pas si le critère déterminant de la définition d’une section était la référence à un ensemble de disciplines ou l’existence d’un bâtiment distinct. A la date où ce document avait été élaboré, la circulaire du 15 mars 1976 relative au rôle des conservateurs chargés de section avait déjà été publiée, mais ne semblait pas avoir été d’un grand secours.

Notes
564.

Le nombre des bibliothèques universitaires de province comprend les bibliothèques interuniversitaires, au nombre de onze, et les bibliothèques d’université et de centre universitaire (vingt-cinq). Ces données et celles qui sont relatives au nombre des implantations (sections et sous-sections) sont extraites de Les Bibliothèques en France, rapport au Premier ministre établi en juillet 1981..., op.cit., « Annexes », p. 243-244.

565.

Enquête statistique générale auprès des bibliothèques universitaires pour 1974, statuts et structures des bibliothèques universitaires et niveaux des réponses, document du 14 juin 1976 du service des bibliothèques, division des études et de l’information, bureau des études, A.N. F 17 bis 91.08/1, versement n° 910415, article 1. Dans ce dossier conservé aux Archives nationales apparaissent aussi des remarques intéressantes de certains directeurs de bibliothèque universitaire sur l’organisation des services de ces bibliothèques. Ainsi, le directeur de la bibliothèque universitaire de Nice, A. Daumas, a fait observer qu’une bibliothèque universitaire n’est pas seulement la juxtaposition de trois ou quatre sections, mais qu’elle comporte aussi un service central ; cette remarque a aussi été présentée par Elisabeth Traissac, directeur de la bibliothèque interuniversitaire de Bordeaux. Il a été tenu compte de ces observations dans la présentation définitive des questionnaires de l’enquête. On constate donc qu’en 1976, au moment de la préparation de la première enquête statistique générale, l’administration chargée des bibliothèques universitaires n’avait pas encore opéré correctement la distinction entre les services communs à l’ensemble des sections et les sections elles-mêmes. Ce défaut d’analyse permet aussi de comprendre que l’option retenue dans le cadre de la réforme de 1961-1962 ait été celle d’une déconcentration intégrale des services bibliothéconomiques.