IV. Le cas des bibliothèques universitaires de province

Toutes les données analysées ci-dessus sont relatives aux bibliothèques universitaires de la France entière. Pour suivre l’évolution des recettes des bibliothèques universitaires de province, on ne peut se fonder que sur les résultats des enquêtes statistiques générales auprès des bibliothèques universitaires publiées à partir de 1974, ou plus précisément sur une partie de ces enquêtes dans lesquelles il est possible d’isoler les résultats relatifs aux bibliothèques universitaires de province.

Les tableaux suivants (11 H, 11 I et 11 J) permettent de suivre pour certaines des années comprises entre 1975 et 1985 l’évolution des recettes de ces bibliothèques en francs courants, en francs constants de 1975 et en valeur relative.

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Tableau 11 HRecettes de fonctionnement des bibliothèques universitaires de province (francs courants)
[Note: SOURCE : Enquête statistique générale auprès des bibliothèques universitaires, 1975 à 1985.]

NOTES : Les résultats de l’année 1974 ne comportent pas de données relatives aux recettes des bibliothèques universitaires. Pour les années 1976 et 1977, le montant total des recettes est seul disponible. Pour l’année 1978, dont les résultats n’ont pas été publiés, les données proviennent du dossier conservé aux Archives nationales. Aucun résultat propre aux bibliothèques universitaires de province ne peut être extrait des enquêtes de 1981 et 1982.

Comme pour l’ensemble des bibliothèques universitaires françaises, ces données doivent être converties en francs constants, en prenant pour origine l’année 1975.

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Tableau 11 IRecettes de fonctionnement des bibliothèques universitaires de province (francs constants)
[Note: SOURCE : Données du tableau 11 H converties en francs constants de 1975 à l’aide des tables de conversion de l’I.N.S.E.E.]

NOTE : Pour faciliter la lecture du tableau, ont été indiquées en souligné les valeurs en baisse par rapport à celles de l’année précédente en en gras les valeurs maximales de chaque catégorie de recettes.

Comme les données relatives aux bibliothèques universitaires françaises dans leur ensemble, les résultats de ce tableau font apparaître la diminution des recettes en valeur réelle des bibliothèques universitaires de province entre 1975 (année où la subvention ordinaire de fonctionnement a atteint sa valeur maximale) et 1980. Entre ces deux dates, la perte de valeur a atteint 20 pour cent, malgré l’apport, à partir de 1976, de la subvention du Centre national des lettres. On peut admettre que la subvention spécifique aux bibliothèques C.A.D.I.S.T., qui a favorisé de grandes bibliothèques parisiennes, a joué un rôle dans cette dégradation puisqu’à travers cette dotation les bibliothèques non C.A.D.I.S.T. ont subventionné indirectement les bibliothèques C.A.D.I.S.T. En ce qui concerne les autres recettes, on constate des évolutions conformes aux données nationales du droit de bibliothèque et des recettes diverses.

Pour les années où il est possible d’isoler les recettes des bibliothèques universitaires de province, on constate l’évolution suivante en valeur relative.

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Tableau 11 JRecettes de fonctionnement des bibliothèques universitaires de province (valeur relative)
[Note: SOURCE : Données du tableau 11 H converties en valeurs relatives.]

Cette évolution est très proche de celle qui caractérise les bibliothèques universitaires françaises dans leur ensemble.

On peut conclure que les recettes des bibliothèques universitaires ont connu, au cours de la période de 1964 à 1982 et au-delà jusqu’en 1985, une progression très insuffisante au regard de l’évolution de l’indice général des prix, de l’accroissement du nombre des utilisateurs et de la comparaison de leurs subventions de fonctionnement avec celles des universités. Les propositions tendant à un relèvement sensible du niveau de leurs ressources, formulées dans des rapports officiels ou dans les demandes d’organisations professionnelles n’ont pas obtenu de résultat. A l’intérieur de cette évolution défavorable, on peut constater la réduction de la part relative des subventions, et l’augmentation de la part des recettes fournies par les utilisateurs. 621

Notes
621.

Le rapport Les Bibliothèques en France, rapport au Premier ministre établi en juillet 1981... avait proposé, après une réforme institutionnelle tendant à l’unification du dispositif documentaire des universités, de prendre pour objectif l’achat d’au moins un ouvrage par an et par étudiant et de maintenir l’ensemble des abonnements aux périodiques malgré l’augmentation des prix et les fluctuations des taux de change. Ces objectifs relativement modestes supposaient un accroissement des crédits d’achat de documents de plus de 80 pour cent, de 76 à 139 millions de francs. Op. cit., p. 58. Les publications associatives ont fréquemment mentionné les recommandations de l’UNESCO (achat de cinq volumes par étudiant et par an), ou encore celles des commisions préparatoires du sixième plan (achat de trois volumes par étudiant et par an). Livre noir des bibliothèques universitaires, op. cit., p. 5. Selon H. Comte, citant le rapport de la commission « Bibliothèques et lecture publique » constituée pour la préparation du sixième plan, le montant par an et par étudiant des sommes dont disposaient les bibliothèques universitaires ne représentait que le quart de ce qui aurait été souhaitable ; de plus, cette somme n’était utilisée pour des dépenses de documentation qu’à hauteur de 40 pour cent, ce qui laisse supposer un rapport de un à dix entre les moyens et les besoins. Les comparaisons avec l’étranger sont accablantes : à l’estimation de 1973, selon laquelle le crédit moyen par étudiant représente environ le cinquième du crédit correspondant en Allemagne fédérale et en Grande-Bretagne, répond l’affirmation du « rapport Gattégno-Varloot » en 1985 : « le pouvoir d’achat par étudiant d’une bibliothèque universitaire française est actuellement de quatre à neuf fois inférieur à celui des homologues étrangères ». « La Situation des bibliothèques universitaires françaises durant l’année du livre », op. cit., p. 11 ; J. Gattégno, D. Varloot, Rapport sur les bibliothèques à Monsieur le ministre de l’éducation nationale [et à] Monsieur le ministre de la culture, op. cit., p. 4.