III. Analyses et interprétations

‘« La moitié seulement de ces ressources [recettes de fonctionnement et d’équipement des bibliothèques universitaires] étant consacrée aux acquisitions, et l’autre au fonctionnement, la baisse des moyens financiers a retenti plus fortement sur les achats d’ouvrages et les abonnements à des périodiques : c’est là une situation grave. » 624

Avant ce rapport officiel de 1982, de nombreux écrits militants avaient dénoncé la pénurie qui frappait les bibliothèques universitaires pendant les années 1970. Leur nombre et leur vigueur d’expression ont traduit l’ampleur de la déception des professionnels lorsqu’ils se sont aperçus que les moyens financiers que l’Etat attribuait aux bibliothèques universitaires à partir de 1970 ne tenaient aucun compte des objectifs ambitieux de développement qui leur avaient été fixés en 1961-1962, ou encore que les augmentations de recettes étaient annulées par la hausse des prix de la documentation française et étrangère et pis encore par le coût de l’entretien des nouveaux bâtiments. Le Bulletin des bibliothèques de France étant contrôlé par l’administration centrale, c’est dans des publications d’associations professionnelles, dans des publications indépendantes ou dans des organes extérieurs à la profession que ces protestations se sont exprimées. 625

Cette littérature d’analyse et de protestation s’est attachée à l’évolution récente des dépenses, sans remonter au-delà des années 1960. Elle a parfois proposé que les dépenses non documentaires fussent couvertes par une subvention spécifique. Une telle mesure aurait été conforme à la finalité des bibliothèques universitaires, et cohérente avec les modes d’organisation en vigueur à l’étranger. Elle aurait nécessité le transfert aux universités non seulement des charges d’entretien des locaux, mais de toutes les charges de fonctionnement général des bibliothèques universitaires. D’autres écrits ont insisté sur le fait que puisque les dépenses d’entretien des locaux et de fonctionnement général étaient nécessairement couvertes dans le cadre du budget unique des bibliothèques universitaires, toute augmentation du niveau des ressources se traduirait immédiatement par une augmentation du nombre des documents acquis. 626

Avec un peu plus de recul, il est possible de présenter plusieurs observations. Il est effectivement étrange que les bibliothèques universitaires aient eu à supporter et à gérer jusqu’en 1982 des dépenses comme la plantation et l’entretien des espaces verts qui entouraient leurs bâtiments, le chauffage, l’éclairage et nettoyage de leurs locaux ou la maintenance de leurs ascenseurs. Ces catégories de dépenses n’avaient évidemment rien à voir avec la finalité propre de ces bibliothèques. Les budgets types des bibliothèques universitaires établis en République fédérale d’Allemagne et en Grande-Bretagne avaient complètement négligé ces dépenses, et s’étaient concentrés sur les ressources nécessaires aux acquisitions et à la conservation des documents. Cela revenait implicitement à considérer que les ressources nécessaires à la logistique devaient être assurées par ailleurs, à un niveau correspondant à l’étendue et aux caractéristiques des bâtiments, et que les dépenses de cette nature ne devaient en aucun cas peser sur les ressources utilisables pour la documentation. S’il n’en a pas été de même en France, c’est pour un ensemble de raisons, qui mettent en jeu à la fois des principes budgétaires et la représentation des bibliothèques universitaires à l’intérieur des universités dont elles constituaient théoriquement des services communs.

Les principes de l’unité et de l’universalité budgétaires s’opposaient à ce que les bibliothèques universitaires fussent dotées de deux budgets distincts, l’un pour les acquisitions ou les dépenses documentaires, et l’autre pour les autres dépenses. Dans le cadre de ce budget global, il n’était donc pas possible d’éviter que la croissance des dépenses d’entretien des locaux et de fonctionnement général ne s’effectuât au détriment des dépenses documentaires, comme cela a été le cas. Mais dans ce même cadre, la déformation de la structure des dépenses des bibliothèques universitaires semble due à des raisons à la fois structurelles et conjoncturelles. Sur le plan structurel, compte tenu de la multiplication par 3,1 du nombre des utilisateurs potentiels et par un facteur compris entre 1,5 et 2 du nombre des publications, on pouvait probablement assigner comme objectif aux dépenses de documentation une multiplication par un facteur de l’ordre de 5 ou 6 en francs constants par rapport aux dépenses de 1959. Un coefficient supérieur aurait signifié que les bibliothèques universitaires auraient dû acquérir une proportion plus importante de la documentation disponible, ce qui était peut-être un objectif trop ambitieux eu égard aux moyens financiers et humains qu’il était possible d’espérer. En revanche, le coefficient multiplicateur des dépenses d’entretien des locaux devait nécessairement être plus élevé. Il fallait tenir compte de l’augmentation des surfaces, qui ont été multipliées par 3,3, mais aussi et surtout des coûts d’entretien et de fonctionnement bien supérieurs des nouveaux locaux par rapport aux anciens. De ce fait, la multiplication des dépenses non documentaires par un facteur de l’ordre de 10 n’était pas irréaliste. Il en résulte que la croissance des dépenses non documentaires devait être environ deux fois plus forte que celle des dépenses documentaires, et que la proportion approximative de trois quarts de dépenses documentaires constatée en 1959 ne pouvait pas être maintenue si les bibliothèques universitaires devaient assurer l’ensemble des dépenses liées à leur fonctionnement au moyen de leur budget propre. Cette déformation des dépenses des bibliothèques universitaires avait donc, dans ce cadre, un caractère inévitable, et représentait une simple conséquence de la politique des constructions. En revanche, le fait que les dépenses d’entretien des locaux et de fonctionnement général soient devenues les dépenses les plus importantes entre 1977 et 1982 n’est pas dû à ce facteur structurel, mais à l’insuffisance des ressources. Pour cent francs dépensés en 1959, soixante-quinze étaient utilisés pour les dépenses documentaires. En francs constants, ces soixante-quinze francs multipliés par six seraient devenus 450 francs en 1985. Dans le même temps, les vingt-cinq francs de dépenses non documentaires seraient peut-être devenus 250 francs en 1985. La proportion de départ aurait été déformée, mais dans des proportions moindres que celles qui ont été effectivement constatées puisque les dépenses documentaires auraient encore représenté 64 pour cent ou près des deux tiers des dépenses totales si les recettes avaient évolué d’une manière plus conforme aux besoins.

Cependant, ces analyses présentent l’inconvénient de se situer dans le cadre d’un budget global destiné à couvrir toutes les dépenses des bibliothèques universitaires, et de rester liées à des conventions comptables. L’une des conventions utilisées dans l’analyse des dépenses des bibliothèques universitaires par les enquêtes statistiques officielles est l’absence de prise en considération des dépenses de personnel titulaire. On constate cependant que ces dépenses ont été mentionnées dans la planification du développement des bibliothèques universitaires en Grande-Bretagne et, en France, dans certains rapports officiels ou dans des écrits protestataires cités précédemment. On peut donc admettre qu’une convention de même nature aurait pu conduire à la distinction d’autres catégories de dépenses, et confier aux bibliothèques universitaires la gestion des seules ressources pouvant être employées pour l’acquisition et la conservation des documents, comme cela était généralement le cas à l’étranger. Une telle organisation financière aurait eu pour effet de recentrer les bibliothèques universitaires sur les dépenses relevant de leur compétence. Elle aurait nécessité la prise en charge de toutes les autres dépenses (entretien des locaux, comme à partir de 1983, mais aussi dépenses de fonctionnement général comme courrier, téléphone, fournitures, etc.) par les universités dont relevaient ces bibliothèques. On peut observer au passage que cette organisation aurait été plus conforme à la fiction selon laquelle, à partir de 1983, les bibliothèques universitaires n’ont plus eu à gérer que des « crédits documentaires », puisque ces crédits auraient alors représenté 100 pour cent des ressources des bibliothèques universitaires. Elle aurait aussi pu conduire à une appréciation plus correcte des ressources financières nécessaires à la documentation qu’un budget global destiné à faire face à l’ensemble des dépenses, à l’intérieur duquel des transferts de crédits étaient toujours possibles. On doit cependant constater qu’une telle proposition n’a jamais été présentée, ni par les administrations, ni par les universités, ni par les responsables des bibliothèques universitaires. On est donc conduit à rechercher les causes de cette abstention dans les représentations relatives à ces bibliothèques.

Si des dépenses de caractère immobilier ont longtemps pesé sur le budget des bibliothèques universitaires et ont limité à l’excès leurs dépenses de documentation, c’est en partie en raison de l’option de quasi-indépendance par rapport aux universités qui avait été choisie ou plutôt confirmée en 1961. Cette représentation des bibliothèques universitaires comporte plusieurs aspects. Sur le plan des constructions, l’idée que les bibliothèques universitaires devaient être installées dans des bâtiments indépendants des locaux d’enseignement et de recherche répondait à des considérations de caractère fonctionnel, mais comportait aussi, implicitement et symboliquement, la revendication d’une certaine indépendance. Le choix du développement séparé, et même de la rivalité des bibliothèques universitaires par rapport aux bibliothèques spécialisées d’instituts et de laboratoires, qui avait été fait en 1961 reposait aussi sur des représentations de même nature. Face à des universités alors constituées d’une fédération assez lâche de facultés et de collèges universitaires, les bibliothèques universitaires voulaient s’affirmer comme des services unitaires, relevant de la seule autorité du recteur d’académie et à travers celui-ci de l’administration centrale. Le lien hiérarchique possible entre les sections et les facultés auprès desquelles elles étaient placées avait été explicitement rejeté, en raison du retour qu’il aurait manifesté à la conception des bibliothèques de facultés. Cette politique d’indépendance conduisait directement au maintien d’un budget destiné à couvrir l’ensemble des dépenses des bibliothèques universitaires, et à la conception d’une compétence étendue à tous les aspects du fonctionnement du service du responsable de cette bibliothèque. On peut donc considérer que la conception selon laquelle chaque bibliothèque universitaire de province devait être constituée de plusieurs bâtiments indépendants des locaux d’enseignement et de recherche des universités est directement à l’origine de deux évolutions dommageables au développement des ressources et des fonctions documentaires. Sur le plan financier, les charges liées à l’entretien des bâtiments ont eu pour effet de restreindre dans des proportions dramatiques les ressources qui pouvaient être utilisées pour les acquisitions. Sur le plan des ressources humaines, une part non négligeable de l’énergie et du temps de travail des personnels des bibliothèques, et notamment des conservateurs, a été détournée des fonctions proprement documentaires qui relevaient de leur compétence vers des fonctions d’administration et de gestion. Cette double évolution a fait des bibliothèques universitaires françaises des institutions atypiques par rapport à celles de certains pays étrangers, qui sont restées centrées sur leurs fonctions documentaires. Cette politique d’indépendance peut être considérée elle-même comme un héritage de la période dans laquelle les bibliothèques universitaires avaient été soustraites à l’autorité des facultés. Sa confirmation au début des années 1960 était probablement imprudente, en raison des charges immobilières et administratives qu’elle générait nécessairement ; elle est devenue tout à fait inadaptée après la création d’universités autonomes. Or c’est dans cette voie de la prolongation d’un passé révolu que s’est engagé le décret du 23 décembre 1970 relatif au statut des bibliothèques universitaires. C’est donc à juste titre qu’un rapport officiel a vu en elles des structures ‘« ayant l’apparence d’un établissement dérogatoire au sein de l’université »’ et qu’elles ont été par conséquent condamnées à en payer le prix. Le prix de cette indépendance était cependant trop lourd pour leurs maigres ressources ; le véritable prix a donc été payé par les utilisateurs, sous la forme de ressources documentaires de plus en plus restreintes. Quant aux professionnels des bibliothèques universitaires, s’ils ont fréquemment dénoncé la pénurie des moyens de ces bibliothèques, ils n’ont jamais mis cette situation en rapport avec les formes d’organisation qui l’expliquaient en partie. Ils sont restés attachés, dans leur ensemble, à un mode d’organisation qui leur conférait la responsabilité globale d’un service, et n’ont jamais envisagé que leurs compétences fussent limitées aux aspects documentaires de leur fonction. En ce qui concerne les administrations, elles ont fait un pas dans l’abandon de certaines responsabilités de financement en 1982, mais elles ne se sont jamais engagées sur la voie d’une réforme plus fondamentale. Il en résulte que l’activité de direction d’une bibliothèque universitaire a été conçue, à partir des années 1960, comme une fonction administrative plus que comme une fonction scientifique ou documentaire, et que la direction administrative de ces bibliothèques a pris, sous l’empire de la nécessité, une importance considérable alors que la fonction de direction scientifique a été presque entièrement négligée. Le parallélisme de cette évolution avec celle de la répartition des dépenses est frappant. D’autres développements, qui ne peuvent trouver place dans le cadre de ce travail, seraient nécessaires pour faire apparaître le lien entre cette représentation des fonctions de responsable d’une bibliothèque universitaire, et les orientations de la formation professionnelle vers des objectifs et des contenus de caractère administratif et gestionnaire. 627

Le niveau des acquisitions et des collections constituées permet de préciser la situation documentaire des bibliothèques universitaires en 1985.

Notes
624.

Les Bibliothèques en France, rapport au Premier ministre établi en juillet 1981..., op. cit., p. 29.

625.

Deux périodes, correspondant à deux phases de restriction des moyens des bibliothèques universitaires, peuvent être distinguées dans la publication de ces écrits protestataires. Entre 1972 et 1974 ont été publiés le Livre noir des bibliothèques universitaires, op. cit ; « La Situation des bibliothèques universitaires françaises durant l’année du livre », op. cit. ; en 1974, J. Archimbaud, B. Duportet, « La Crise des bibliothèques universitaires, quel avenir ont-elles encore ? », op. cit. Après 1977 : G. Thirion, Etude sur la situation des bibliothèques universitaires françaises, op. cit. ; G. Thirion, « Situation des bibliothèques universitaires françaises », op. cit. ; « S.O.S. B.U., qui sauvera les bibliothèques universitaires ? », op. cit. Un passage d’un article de 1980 exprime bien le découragement de certains professionnels des bibliothèques universitaires : « Qui ne comprendrait dès lors la morosité des bibliothécaires... Le malaise, qui se prolonge depuis dix ans, est si profond que je me pose la question de savoir si une remise en état de nos finances provoquerait le choc psychologique permettant de croire à nouveau à notre travail. » G. Thirion, « Les Bibliothèques universitaires françaises en 1980 », op. cit., p. 17. Connaissant le rôle décisif du moral du personnel dans le succès d’une politique, la direction des bibliothèques s’était employée à susciter un état d’esprit favorable aux réformes qu’elle avait préparées en 1961. Mais l’absence de continuité de la politique de développement des bibliothèques universitaires a constitué pour de nombreux acteurs de cette réforme un choc moral important, à la mesure de l’enthousiasme et de l’adhésion qui avaient été suscités dans les débuts.

626.

Le caractère anormal de la proportion des dépenses de fonctionnement général et d’entretien des locaux a été fréquemment souligné. « Tout nouveau mètre carré construit appelle des dépenses supplémentaires de gestion qui, totalisées, sont considérables. Les recommandations du sixième plan voulaient que les dépenses de fonctionnement des B.U. (chauffage, éclairage, fournitures et entretien) “ne dépassent pas 10 pour cent d’un budget normal”, c’est-à-dire comportant des crédits d’acquisitions suffisants. Or ce chiffre qui oscillait déjà entre 35 et 50 pour cent en temps ordinaires, dépasse presque toujours les 50 pour cent en 1973 (54 pour cent à Grenoble). » J. Archimbaud, B. Duportet, « La Crise des bibliothèques universitaires, quel avenir ont-elles encore ? », op. cit., p. 2034. La proportion de 10 pour cent de dépenses non-documentaires paraît faible dans le cadre d’un budget global (elle était déjà de 23 pour cent en moyenne en 1959). L’idée d’une subvention spécifique pour les dépenses de fonctionnement se trouve dans P. Mahé, « Eléments pour l’analyse d’un budget de B.U. moyenne », Bulletin d’informations, Association des bibliothécaires français, nouvelle série, n° 97, 4e trimestre 1977, p. 205. G. Thirion s’est proposé de démontrer que « toute augmentation se faisant pour l’essentiel au profit des dépenses documentaires, le pourcentage dépenses documentaires sur frais généraux augmente » dès que l’on augmente les ressources globales. Il a aussi exprimé l’opinion que « paradoxalement, en refusant d’augmenter les crédits documentaires [des bibliothèques universitaires], l’Etat pratique une gestion dont le bilan est des plus médiocres : il engloutit 230 millions de francs par an dans les B.U. sans que celles-ci puissent faire autrement que d’en consacrer le plus clair (environ 85 pour cent) aux frais généraux. » Ce montant de dépenses et cette proportion tiennent compte des dépenses de personnel. G. Thirion, « Situation des bibliothèques universitaires françaises », op. cit., p. 28-29. Des positions identiques ont été exprimées dans un document de la même année : « Eu égard aux crédits consacrés aux charges constantes (traitement des personnels, amortissement des équipements, entretien et fonctionnement), les crédits d’acquisition ne représentent que 20 pour cent du total. Par conséquent 20 pour cent d’augmentation des crédits accordés aux bibliothèques universitaires doublerait pratiquement les acquisitions. » « S.O.S. B.U., qui sauvera les bibliothèques universitaires ? », op. cit., p. 46. 20 pour cent d’un budget global incluant les dépenses de personnel auraient représenté une très forte augmentation des crédits de fonctionnement.

627.

Plusieurs documents des années 1970 et 1980 ont mis en cause le fait que les bibliothèques universitaires devaient assumer elles-mêmes les coûts de l’entretien de leur locaux et de leur fonctionnement général. Les Bibliothèques en France, rapport au Premier ministre établi en juillet 1981..., op. cit. ; la citation ci-dessus est extraite de la p. 57. « Quand on a payé les dépenses d’entretien (personnel [vacataire pour l’entretien des locaux], chauffage, éclairage, eau, gaz, nettoyage, contrats d’ascenseurs, campus, etc.) et les dépenses de fonctionnement (personnel auxiliaire, fournitures de bureau, fiches, P.T.T., transports, etc.), il reste un crédit, le seul connu de nos collègues étrangers, correspondant aux achats de livres et de collections, aux abonnements de périodiques et à la reliure. » « La Situation des bibliothèques universitaires françaises durant l’année du livre », op. cit., p. 10 (souligné par moi). En Allemagne, les dépenses d’entretien des locaux sont supportées par les universités, en France par les bibliothèques. G. Thirion, « La Situation des bibliothèques universitaires françaises », op. cit., p. 10. Dans ce même pays, le directeur de la bibliothèque universitaire « est déchargé des tâches de gestion matérielle ; le budget de la bibliothèque ne comprend que les dépenses d’acquisition ; les dépenses de personnel et les dépenses logistiques figurent au budget des services centraux ». En Grande-Bretagne, « nulle part nous n’avons vu une bibliothèque (ni d’ailleurs un département) faire place dans son budget à des dépenses d’entretien des locaux, de fluides ou de maintenance. Ce type de dépense est, semble-t-il, toujours assumé de façon globale par l’établissement doté de la personnalité juridique dont dépend la bibliothèque. » Rapport sur les bibliothèques et les centres de documentation des universités, op. cit., Annexes, « II. Rapport sur la mission d’étude effectuée en République fédérale d’Allemagne... », p. 2 et « III. Rapport sur la mission d’étude effectuée en Grande-Bretagne... », p. 18. C’est ce rapport qui a proposé le transfert aux universités de la charge d’entretien des locaux des bibliothèques universitaires, transfert devenu effectif en 1983, et de laisser à la charge du budget propre des bibliothèques universitaires les dépenses de fonctionnement général. Op. cit., p. 153. En ce qui concerne l’importance des charges d’administration et de gestion des bibliothèques universitaires, on pourrait dire qu’elles sont devenues comparables à celles d’un établissement public, et que la distinction marquée par le vocabulaire entre la fonction d’administrateur de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (établissement public depuis 1872, statut confirmé en 1926) et celle de bibliothécaire ou de conservateur en chef d’une autre bibliothèque universitaire de province a eu tendance à s’effacer. L’apparition dans le décret du 23 décembre 1970 de l’appellation de directeur de bibliothèque universitaire ne marque-t-il pas en lui-même un changement dans la conception de ces fonctions ?