II. Aspects qualitatifs

Un essai de synthèse des caractéristiques qualitatives du dispositif documentaire d’ensemble des universités françaises a été présenté dans le rapport conjoint de l’inspection générale de l’administration et de l’inspection générale des bibliothèques de 1980. Quatre caractéristiques principales ont été relevées. Le caractère dualiste de ce dispositif documentaire, constitué d’un appareil officiel (les bibliothèques universitaires) et d’un appareil multiforme et décentralisé, né d’initiatives locales, a été identifié à juste titre. Cependant, le rapport n’a pas précisé si cette dualité devait être entendue dans le sens de la complémentarité ou de la duplication non concertée des ressources documentaires. Il a cependant noté que des usages locaux s’étaient parfois établis pour la répartition des acquisitions entre les deux types de bibliothèques. Comme cela avait déjà été mentionné aux journées d’étude des bibliothèques universitaires d’avril 1975 à Gif-sur-Yvette, le rapport des inspections générales de 1980 a souligné le caractère dispersé de la gestion documentaire qui résultait de cette situation. Il a relevé en outre l’isolement des unités documentaires par rapport aux services centraux des universités et entre eux, et a constaté que le support imprimé restait prédominant dans l’ensemble des bibliothèques et des centres de documentation dont il avait analysé le fonctionnement.

En mentionnant la dualité comme l’une des caractéristiques principales du dispositif documentaire des universités, le rapport des inspections générales de 1980 a noté que les bibliothèques universitaires n’étaient pas vraiment perçues comme des services communs, surtout lorsqu’il s’agissait de bibliothèques interuniversitaires, mais plutôt comme des services extérieurs à l’université. Le développement des bibliothèques spécialisées était mis en relation avec la diversification des besoins de l’enseignement et de la recherche, avec la subdivision des anciennes universités et facultés en unités d’enseignement et de recherche et avec la dispersion des locaux universitaires. Comme d’autres enquêtes l’avaient noté précédemment, le rapport soulignait la diversité des bibliothèques spécialisées des universités, sur le plan de l’importance des collections, du public auquel elles s’adressaient et de leur caractère spécialisé ou tendant vers une conception encyclopédique.

La dispersion des bibliothèques était telle que l’on rencontrait des bibliothèques à presque tous les niveaux, et que bien souvent les autorités responsables des universités n’en connaissaient pas le nombre exact. Ce nombre avait été estimé à une centaine à l’université de Nancy I. Quelques tentatives de regroupement avaient été faites, par exemple à l’université de Rennes II, qui avait ramené à seize le nombre de ses bibliothèques spécialisées.

L’isolement des bibliothèques les unes par rapport aux autres se marquait surtout par l’absence de concertation préalable aux acquisitions et par l’absence de connaissance des ressources documentaires disponibles dans une même université. Cet isolement n’était pas général, et il existait aussi des situations dans lesquelles la collaboration entre bibliothèques universitaires et bibliothèques spécialisées des universités était plus avancée.

La prédominance dans toutes les bibliothèques étudiées des documents imprimés avait pour conséquence une faible utilisation des documents audiovisuels et un recours assez marginal à l’informatique pour la recherche et la localisation des documents, sauf dans les sections médecine des bibliothèques universitaires. 661

Notes
661.

Les caractéristiques qualitatives du dispositif documentaire des universités sont exposées dans le Rapport sur les bibliothèques et les centres de documentation des universités, op. cit., p. 38-48.