II. Le « rapport Vandevoorde » de 1982

Le rapport sur les bibliothèques en France de 1982 a insisté aussi sur la nécessité d’une réforme institutionnelle qui se serait située dans le cadre prévu par le décret du 23 décembre 1970. Cette réforme aurait eu pour objet de créer, dans chaque université, un service assumant la fonction documentaire pour l’ensemble des bibliothèques de l’université, appelé « service universitaire des bibliothèques ». Cette proposition, de même que celle qui tendait à associer davantage les directeurs d’U.E.R. à la définition de la politique documentaire de l’université, rejoignait celle qui avait été présentée dans le rapport des inspections générales de 1980.

Sur la possibilité de faire assurer par ce service commun l’ensemble des fonctions documentaires de l’université, le rapport de 1982 semblait plus réservé, et il donnait plus d’importance à des formes de gestion décentralisée de la documentation.

‘« ...un tel service commun ne peut, quelles que soient sa capacité et sa réussite, assurer la gestion de l’ensemble des bibliothèques de l’université, mais seulement de la bibliothèque universitaire qu’il conviendrait désormais d’appeler pour plus de clarté la bibliothèque centrale de l’université. Les autres bibliothèques devront continuer d’être gérées par des ordonnateurs secondaires, pour la plupart des universitaires, au niveau des U.E.R. et des laboratoires. » 685

Malgré cette concession à la gestion décentralisée des bibliothèques spécialisées, le rapport souhaitait, pour le service commun, un rôle de coordination qui se serait traduit par l’autorité du directeur du service sur l’ensemble des personnels des bibliothèques et par la compétence du service commun pour le recrutement et la formation de ces personnels.

Il était prévu que le service commun ne devrait plus s’occuper que de la fonction documentaire, à l’exclusion des tâches d’entretien des locaux, qui devaient être transférées aux universités. On note ici la même confusion que précédemment entre crédits hors entretien des locaux et crédits documentaires. Sur le plan budgétaire, le service universitaire des bibliothèques aurait préparé un budget dans lequel auraient figuré en recettes la subvention attribuée par l’Etat à la bibliothèque centrale de l’université et les subventions attribuées par l’université aux unités d’enseignement et de recherche pour leurs dépenses de documentation. Ce budget aurait rendu compte de la totalité des recettes et des dépenses afférentes à la fonction de documentation dans l’université, mais il aurait été exécuté de manière indépendante par la bibliothèque centrale de l’université d’une part et par les unités d’enseignement et de recherche d’autre part.

‘« Il ne faudrait pas en effet sombrer dans une centralisation excessive au niveau de l’université. Il importe au plus haut degré de faire apparaître dans un budget unique la totalité des ressources et des dépenses en matière documentaire, mais une fois ce budget voté, il faudra bien répartir les crédits entre les U.E.R. et l’ex-B.U. pour l’exécution des dépenses, les universitaires étant très attachés au maintien de leurs capacités d’acquisition. Du reste, après discussion du budget documentaire de l’université, chaque ordonnateur saura mieux ce qui [sic] lui incombe d’acquérir.
[...]
En prenant à la fois acte des besoins de documentation décentralisée des universitaires, actuellement satisfaits dans un ordre incertain, et de la légitime aspiration des personnels hautement qualifiés à organiser la fonction documentaire dans son ensemble, mais sans aller jusqu’à leur faire gérer ce qui est, par fonction, décentralisé, une telle réforme offre peut-être un premier moyen de rapprocher personnels des bibliothèques et responsables universitaires, avec leurs exigences propres, dans un système capable d’être vraiment pris en compte dans la politique universitaire...
[...]
Si, sur ces bases, la fonction documentaire était réellement prise en compte dans toute son étendue, et réorganisée au sein de l’université, il n’y aurait pas d’obstacle à ce que, au terme d’une période transitoire, l’Etat alloue à l’université une dotation globale pour cette fonction. » 686

La conception exposée dans ce rapport consistait donc à mettre en place un budget global de la documentation de l’université, mais à laisser en place les structures existantes pour l’exécution du budget et pour le fonctionnement des services documentaires. Le service universitaire des bibliothèques constituait un cadre dont les fonctions étaient de préparer le budget global de la fonction documentaire de l’université et de gérer la bibliothèque centrale de l’université. Il correspondait donc plutôt à une extension de la bibliothèque universitaire qu’à un service nouveau, et il semblait avoir été conçu pour donner une satisfaction symbolique aux conservateurs des bibliothèques universitaires. Au demeurant, la conception présentée avait plutôt le caractère d’une esquisse que d’une véritable étude. Certaines sources de financement n’avaient pas été mentionnées (droits de bibliothèques ou crédits de recherche), et les modalités de la concertation nécessaire pour obtenir une bonne complémentarité du dispositif documentaire d’ensemble n’avaient pas été précisées.

Notes
685.

Les Bibliothèques en France, rapport au Premier ministre établi en juillet 1981..., op. cit., p. 56.

686.

Les Bibliothèques en France, rapport au Premier ministre établi en juillet 1981..., op. cit., p. 57-58.