PREMIERE PARTIE
LE MYTHE DE VAUVENARGUES

Entreprendre l’étude du mythe vauvenarguien exige une analyse des caractéristiques qui le constituent. Avant de s’intéresser aux différentes idées qui en résultent, il est nécessaire de comprendre sa formation, de chercher comment et à partir de quels éléments il s’est constitué, et de saisir les rapports qui unissent la biographie et l’oeuvre de l’auteur. A travers cette relation, la critique va au-delà du sens premier de l’oeuvre pour lui donner une valeur et un intérêt nouveaux qui nourrissent le mythe. Pour perdurer, il a dû être entretenu par des commentateurs qui mêlent leur intérêt pour la vie et la personnalité de l’auteur à leur jugement de l’oeuvre établi en fonction des perspectives critiques qu’ils adoptent. C’est aussi en effectuant des choix, en privilégiant certains textes, certains supports nouveaux ou témoignages, que l’histoire de ce mythe s’est constituée. Les images de Vauvenargues qui s’en dégagent prennent alors leur importance dans la question qui fonde l’intérêt de ce mythe : peut-il être associé à l’esprit et aux préoccupations de ses contemporains ? Il semble pourtant que l’histoire de cette légende atteigne sa fin puisque désormais, lorsque la critique s’y intéresse, c’est pour la dénoncer et rétablir le moraliste à la place qui lui est due, parmi les humanistes, parmi ceux qui accordent leur confiance aux valeurs humaines et incitent l’homme à apprendre à se connaître.