La biographie de Vauvenargues ou la construction d’une personnalité

Les éléments biographiques que nous possédons sur la vie de Vauvenargues sont essentiellement des dates, parfois discutées, qui structurent les différentes étapes de son existence. La correspondance a fourni bon nombre d’informations sur le caractère et les préoccupations du moraliste. Mais certains bibliophiles, comme Georges Saintville dans les années 1930-1940, sont à la recherche d’archives et de documents inédits qui permettraient de mieux connaître l’homme et de rétablir quelques faits souvent incertains ou déformés par l’imagination des biographes 3. Georges Saintville souligne combien les moindres « renseignements d’archives ou pièces originales » concernant cet auteur sont d’un grand intérêt 4. Ce type de recherche révèle une double préoccupation : pourvoir aux lacunes que contiennent les biographies de Vauvenargues et connaître sa vie afin de saisir sa personnalité. Ce besoin de saisir l’homme se remarque par la place importante consacrée à la biographie dans les études sur le moraliste. Parfois, le récit de sa vie structure la présentation des textes.

Paul Souchon construit la première partie de son ouvrage sur l’histoire du moraliste en suivant rigoureusement les étapes qui la jalonne 5. Prenons l’exemple des trois séjours en Provence de Vauvenargues démissionnaire qui composent trois chapitres de l’étude. Plus révélatrice est l’essai d’Antoine Borel : l’ouvrage est divisé en deux parties, l’une consacrée à « l’homme », l’autre à « Vauvenargues moraliste » 6. L’homme est étudié en trois chapitres qui, en présentant des écrits, proposent une analyse de son caractère, de son but et de son développement moral. La deuxième partie reprend l’Introduction à la connaissance de l’esprit humain alors envisagée comme l’oeuvre du moraliste. Ainsi Antoine Borel établit une chronologie des textes qui révèle l’évolution de l’homme vers cette oeuvre définitive du moraliste. L’Introduction synthétise la pensée de l’homme accompli. En essayant de saisir l’évolution de l’homme, par sa vie et ce qu’il considère comme ses premiers écrits, le critique cherche à comprendre la formation et le sens de l’oeuvre. Une telle entreprise nécessite une connaissance relativement complète des faits de son existence, ce qui explique que la moindre confession décelée dans l’oeuvre est exploitée et nourrit les biographies.

La vie du moraliste est généralement divisée en trois étapes : son enfance provençale, sa carrière militaire et son séjour parisien. La critique s’interroge sur le silence que Vauvenargues garde à propos de son enfance en opposant, à cette attitude, l’idée que cet auteur est, autant que Montaigne, le sujet de sa réflexion. Le futur moraliste semble avoir entretenu des rapports conflictuels avec sa famille. Son caractère, son goût pour la lecture et la méditation, enfin les faiblesses de sa santé, l’opposaient à la vigueur et l’austérité d’un père prônant les valeurs de l’ancienne noblesse. Aucun éloge de la paternité ne figure dans l’oeuvre ; les quelques remarques sur ce sujet critiquent l’autorité abusive que les pères exercent sur leurs enfants 7. Les premières années du moraliste sont évoquées sous les signes de l’admiration et du conflit : chaque présentation de l’auteur souligne la vaillance et le courage du père qui, en tant que premier consul, a fait face à l’épidémie de peste qui sévit en 1720 et 1721, à Aix-en-Provence, ainsi que l’admiration du fils devant ce père glorieux et récompensé pour ses services à la nation. C’est dans ces instants que Vauvenargues, enthousiasmé par le « dévouement héroïque » de son père, prit goût à l’action et à la gloire 8. Malheureusement cet aîné de famille ne correspond pas à l’attente paternelle : Pierre Richard l’imagine rôdant dans la bibliothèque, solitaire et exclu des occupations des siens à cause de la faiblesse de son corps 9. Cette profonde différence entre les inclinations du jeune homme et l’ambition du père crée une relation conflictuelle que Samuel de Sacy explique en ces termes : Vauvenargues

‘« éprouvait pour ce géniteur considérable et encombrant des sentiments véhémentement contradictoires. Il l’admirait. Il en enviait la vigueur et la gloire. Il aurait aimé l’aimer. Il le détestait. Le père jugeait le fils indigne de lui, et il ne s’en cachait guère ; le fils souffrait de son indignité, souffrait de la reconnaître, souffrait qu’on ne se souciât aucunement (et bien au contraire) de la lui adoucir »10.’

Le critique précise que ces sentiments ne sont pas explicitement exprimés dans l’oeuvre de Vauvenargues mais voilés par la pudeur. Pour reconquérir l’estime de son père, il tentera une carrière militaire puis diplomatique. Devant renoncer à son ambition, il devra se contenter de la gloire littéraire ; mais ce domaine, indigne d’un représentant de la noblesse, est dénigré par sa famille et Vauvenargues, dans cette « tentative d’identification au père », échoue 11. Cet échec explique, pour la plupart des critiques, ce silence de Vauvenargues sur son enfance et son manque de « ferveur dans l’accomplissement des devoirs imposés par la piété filiale »12. Cependant, nous ne pouvons pas ignorer les dernières lettres de Vauvenargues à Saint-Vincens dans lesquelles il s’inquiète pour les siens lors de l’invasion de la Provence par les Piémontais et les Impériaux en 1746. La critique explique ce retournement en montrant que l’éloignement et la solitude, peut-être aussi, l’approche de la mort, ont prouvé à Vauvenargues l’importance de ces liens.

Ainsi se constitue un mythe autour de ce père qui prend une place importante dans l’évolution de l’homme et du moraliste : la carrière et le destin de ce jeune homme prennent sens par rapport à cette rupture initiale. L’autorité paternelle est un poids que Vauvenargues porte toute sa vie : en effet, sur les instances de sa famille, Vauvenargues fera plusieurs séjours en Provence qui auront des incidences sur sa carrière ; de même, on situe l’origine des principes essentiels de sa philosophie, comme la gloire et l’action, dans l’admiration éprouvée devant le père et dans les sentiments nés de l’expérience de sa jeunesse. Ainsi les principes de la pensée du moraliste auraient été déterminés dès l’enfance.

Réservons une place importance à l’introduction de l’édition des oeuvres de Vauvenargues réalisée par Henry Bonnier en 1968. Cette présentation des textes du moraliste est entièrement construite sur ce mythe du père. Henry Bonnier nous propose une analyse psychologique de l’écrivain, fondée sur les éléments biographiques connus, complétés par les textes mêmes de Vauvenargues. Cette démarche est légitimée par l’idée que

‘« Comme tous les écrivains de grande race, il est beaucoup plus à rechercher dans ses pensées négatives, qui trahissent un trouble de l’âme, que dans ses affirmations, où il n’y a rien d’autre à entendre que ce qui est dit »13.’

Henry Bonnier évoque, lui aussi, la conduite exemplaire du père lors de l’épidémie de peste et l’influence qu’elle a pu exercer sur l’imagination de l’enfant :

‘« à travers les récits qu’il lui fit de l’épidémie, Luc de Clapiers, futur marquis de Vauvenargues, prit très tôt la mesure de l’action »14.’

Le critique présente successivement les portraits physiques et moraux du père et du fils pour mieux les opposer : d’un côté, c’est l’entêtement, la volonté et l’action, de l’autre, timidité, douceur et une mauvaise santé. Ainsi le jeune homme se heurte à l’incompréhension d’un père qui souhaite voir son aîné digne des gloires de la famille. Son comportement et sa vie seront déterminés par les différences qui l’opposent aux siens. Cela explique l’orgueil d’un Vauvenargues faisant de la gloire un principe essentiel de sa morale ainsi qu’une maxime telle que ‘« l’orgueil est le consolateur des faibles »’ 15. « Un étrange soldat allait naître »de ce conflit avec l’autorité paternelle 16. Le critique présente le départ de Vauvenargues pour l’armée comme une échappatoire. Il en sera de même pour toutes les activités qu’il entreprendra ou tentera d’entreprendre :

‘« Vauvenargues met toute son ambition à vouloir s’affirmer à ses propres yeux, d’abord en fuyant son père, soit par l’imaginaire quand il dépend encore de lui, soit par le service quand il est en âge d’y rentrer, et ensuite en tâchant de se faire un nom par les armes, par la diplomatie, par la littérature enfin, trois domaines, notons-le au passage, où son père n’avait pas accès »17.’

Son départ pour Paris est sa plus belle victoire : « cette fois, Luc de Clapiers est mort, et bien mort : Vauvenargues a enfin osé s’opposer à la volonté de son père »18. Henry Bonnier joue donc sur le nom du moraliste pour renvoyer aux deux faces de sa personnalité correspondant à deux étapes de sa vie : Luc de Clapiers est l’homme en conflit avec son père ; Vauvenargues est le nom de l’écrivain qui a su rompre avec les siens pour réaliser sa propre vie. Le moraliste est donc l’accomplissement de l’homme : « Vauvenargues est le triomphe d’un certain Luc de Clapiers »19.

L’importance que le critique accorde au mythe du père a pour conséquence de modifier le sens de certains textes : la maxime « la guerre n’est pas si onéreuse que la servitude » est à inclure parmi les propos du moraliste sur la politique et sert l’idée de l’officier exemplaire aux sentiments patriotiques pour certains critiques qui l’associent à leurs convictions nationalistes; pour Henry Bonnier, il s’agit des obligations qui lient le fils au père. Vauvenargues a préféré s’engager dans l’armée plutôt que de subir le joug familial. Ainsi, suivant cette idée que le conflit entre père et fils est à l’origine de chaque décision du moraliste, ce critique déclare que ‘« le Vauvenargues de la légende doit définitivement disparaître au profit du Vauvenargues de l’histoire »’ 20. En effet, la légende exploite l’image d’un soldat exemplaire qui considère qu’il n’y a pas de « gloire achevée sans celle des armes » (faut-il voir alors, ici aussi, une référence aux actions glorieuses des ancêtres de Vauvenargues ?) ; l’histoire renvoie à la simple réalité d’un jeune homme s’engageant pour échapper aux exigences paternelles. Si l’état militaire avait été une vocation, Vauvenargues n’aurait pas eu une si piètre carrière.

Ce mythe créé autour des relations entre père et fils permet d’expliquer certains comportements de l’homme et des traits de la pensée du moraliste. Ainsi la morale de l’écrivain est perçue comme le produit de l’expérience de l’homme. Une profonde rupture entre les rêves, nourris par une admiration pour le père, et la réalité du jeune Luc est à l’origine du drame de son existence. Cette rupture répond aux incertitudes des biographes et permet de comprendre certains choix de l’écrivain. Mais ces choix ont été également déterminés par l’éducation qu’il a reçue. Or, là encore, les biographes se heurtent à de nombreuses inconnues.

Sa mauvaise santé l’a empêché de suivre un enseignement complet. On se plaît à imaginer un Vauvenargues autodidacte rôdant dans la bibliothèque de famille. Il serait toutefois important de connaître les auteurs fréquentés par le jeune Luc pour juger des influences que l’oeuvre de l’adulte a subies. D’après des portraits écrits par Vauvenargues, on émet l’hypothèse que, pour le père, seule l’histoire généalogique de la famille importait, ce qui aurait donné sujet à de nouvelles querelles.

Depuis l’édition de D.L. Gilbert, nous possédons une lettre de Vauvenargues, adressée au marquis de Mirabeau, dans laquelle le moraliste parle de son exaltation d’adolescent à la lecture des Vies de Plutarque, des oeuvres de Sénèque et de lettres de Brutus à Cicéron :

‘« je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse, en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion.’ ‘C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore, car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier »21.’

Pour Gustave Lanson, ce passage évoque

‘« une figure d’adolescent que les livres emportent dans un monde héroïque bien loin des réalités quotidiennes et domestiques dont, sans doute, ils lui font prendre en dégoût la platitude »22. ’

Roger Charbonnel imagine Vauvenargues, cet ‘« adolescent au profil grave »’, rêvant et pleurant à la lecture des auteurs antiques 23. La critique insiste sur l’idée de rupture entre les rêves et la réalité de ce jeune homme étranger aux préoccupations familiales. Henry Bonnier affirme que ‘« Plutarque sera le rassembleur de ses rêves fous »’ 24. La gloire du père suscite ces rêves et les lectures les entretiennent ce qui rend la médiocrité de la réalité d’autant plus difficile à supporter. C’est dans la littérature qu’il trouve la réalisation de ses pensées. Son oeuvre, si profondément marquée par ce concept de gloire, serait donc le produit de la maturation de la pensée de ce jeune exalté : ici, encore, s’établit un lien entre l’expérience de l’homme et l’oeuvre du moraliste.

Cet engouement de Vauvenargues pour les oeuvres de l’antiquité n’étonne guère la critique lorsqu’elle se penche sur les conditions d’existence de cet adolescent. Léon Boré souligne l’importance de l’influence des lieux sur cette âme solitaire. Puisque ‘« les circonstances physiques, intellectuelles et morales au milieu desquelles grandit un homme, exercent sur lui un puissant empire’ », le critique ouvre son étude par ‘un « coup d’oeil sur la condition provençale au dix-huitième siècle »’ 25. Or, Vauvenargues a passé ses vingt premières années dans la solitude, l’austérité et la dureté du climat des terres provençales. Emile Henriot insiste sur la gravité de ce ‘« fils des vieux chasseurs de loups’ », emprisonné dans ce château appartenant à des hommes de la terre que caractérisent la ténacité et l’action 26. Dans un tel environnement, Vauvenargues acquiert une sagesse précoce. Influencé par son entourage et ses lectures, il adopte les principes d’action et de gloire et se forge une âme stoïcienne qui l’aidera à surmonter les épreuves de la vie.

Des témoignages de Voltaire et Marmontel entretiennent aussi cette idée d’un Vauvenargues à la fois sage et affable. Ce dernier le représente sous les traits d’un « Socrate nouveau »27. Or associer Vauvenargues à l’esprit de Socrate renvoie à un ensemble d’idées dont on veut caractériser la pensée du jeune moraliste. Comme pour son lointain prédécesseur, la philosophie de Vauvenargues est une recherche de la vérité qui se réalise au moyen de la conversation entre le maître et l’élève. Ce mode d’enseignement est utilisé dans les Eloges et Discours adressés au jeune Hippolyte de Seytres, dans les Dialogues, mais il est également pratiqué par Vauvenargues lors des conversations avec ses amis ; Marmontel garde un vif souvenir de leurs entretiens ; il rappelle combien sa sagesse dominait leurs réunions : ‘« l’affabilité de l’ami faisait aimer en lui la supériorité du Maître »’ 28. Vauvenargues acquiert cette renommée par la pratique de la vertu dans laquelle il plaçait la connaissance. Socrate et notre moraliste se rejoignent enfin dans le rôle de martyr : emprisonné, Socrate est condamné à boire la ciguë pour avoir professé des idées que la société condamne. Ses disciples se chargeront de diffuser sa philosophie ; isolé des siens et de la vie mondaine, Vauvenargues s’est résigné à la mort, laissant à la postérité le soin de faire connaître son oeuvre. Les deux penseurs étaient destinés à disparaître prématurément et à faire preuve de courage devant la mort. Cette comparaison, tout à l’honneur du jeune moraliste, nourrit le mythe du sage créé autour de sa personnalité. Cette sagesse est souvent assimilée à celle d’un stoïcisme modéré. Vauvenargues devient « un saint laïque » qui garde « quelques faiblesses qui sont bien d’un homme »29. Roger Charbonnel célèbre la

‘« physionomie morale de ce sage hélas ! trahi par la Destinée. En plein crépuscule de la voluptueuse Régence, quelle merveilleuse rencontre que celle de ce ‘stoïque humanisé’, de ce nouveau chevalier sans peur et sans reproche, bref, de cet être d’élite qui fait songer, tour à tour, à Marc-Aurèle, à Hoche, à Vigny ! »30

Son oeuvre est « le testament d’un sage et d’un héros sans morgue chez qui le ‘stoïcisme s’est tempéré de tendresse humaine’ »31. Vauvenargues devient l’archétype du héros stoïcien : il fait preuve de courage et de vertu, mais aussi, de volonté et de résignation devant la mort. Il sait toutefois rester humain ce qui corrige la pensée stoïcienne en lui enlevant toute rigidité. Ce penseur reste ouvert aux autres. Les trois personnages auxquels Roger Charbonnel compare Vauvenargues sont trois militaires ayant fait preuve de stoïcisme à la fois par leur volonté et par leur résignation dans les diverses étapes de leur vie respective. Notons aussi que ces trois hommes ont pris les armes pour des causes politiques. Ainsi on veut représenter Vauvenargues pratiquant l’ascétisme du stoïcisme tout en intervenant dans la vie sociale et politique du pays à la fois par son rôle de soldat et par la figure de paternité qui le symbolise. Cette attitude l’oppose au relâchement des moeurs qui caractérise la Régence et à l’épicurisme que l’on reproche aux philosophes.

Des analyses récentes ont cherché à déterminer les rapports exacts que Vauvenargues entretient avec le stoïcisme 32. Elles concluent que Vauvenargues admire, chez les anciens, la doctrine du courage et de la volonté. Il leur reproche cependant d’ignorer la finalité sociale de la philosophie. Laurent Bove montre que Vauvenargues adopte la même attitude que Spinoza face à la philosophie stoïcienne 33. Ils en louent la force morale devant l’épreuve mais refusent « l’orgueil stoïcien fondé sur l’illusion de la liberté » et une vertu qui selon le moraliste reste « surnaturelle » pour la doctrine de la nécessité et la valorisation des passions qui mènent à une réalité et une volonté concrète par le biais de l’action.

‘« Contre le christianisme et les stoïciens, Vauvenargues refuse l’ascétisme et le nihilisme. Il pose l’unité affirmative de l’être, la jouissance dans l’action, et la passion de vivre, ‘malgré tout’ »34.’

Ses propres souffrances lui ont permis de mettre à l’épreuve cette appréhension de la philosophie stoïcienne.

Durant sa vie Vauvenargues a fait preuve de vertu, de modération et de compréhension envers les autres. Ces qualités lui ont valu le titre de « saint laïque » ce qui renvoie explicitement, non pas à un Vauvenargues chrétien, mais stoïcien. Il représente un idéal de vertu et de résignation qui répond, non pas à une morale religieuse, mais à une éthique personnelle. L’expérience lui permet donc d’exercer les principes pour lesquels il s’exalte dès l’adolescence et qu’il mettra en oeuvre dans sa morale. Ainsi se constitue un mythe du sage que Vauvenargues incarne jusqu’à la mort. Ce mythe rejoint celui du père.

C’est de nouveau un témoignage de Marmontel qui établit un rapport explicite entre ces deux figures de Vauvenargues. Marmontel rapporte que les officiers du corps, dont Vauvenargues était le capitaine,

‘« avaient conçu pour lui une si tendre vénération, que je lui ai entendu donner par quelques-uns d’entre eux le respectable nom de père »35.’

Ce titre attribué à Vauvenargues révèle la prééminence morale de l’écrivain, ressentie et respectée par ses compagnons d’armes. Pour Suard, il est la conséquence de la supériorité de raison alliée à la modeste douceur du capitaine36. D.L. Gilbert nuance cette interprétation de l’anecdote de Marmontel : il reconnaît que Vauvenargues fait preuve d’une sagesse précoce mais il pense que ce titre est plus la marque d’une noblesse et d’un constant respect pour tout ce qu’il entreprend que celle de l’austérité et de l’autorité qui, de la part d’un jeune capitaine, serait ridicule 37. Ce témoignage de Marmontel confirme l’idée de sagesse associée à Vauvenargues, qui, très tôt, a assumé le rôle d’éducateur, idée attestée par ses rapports avec Hippolyte de Seytres et le chevalier de Mirabeau 38. Pour Martin Dréano cette dénomination prouve que, par sa conduite, Vauvenargues voulait diriger les hommes ; Henry Bonnier affirme qu’il aurait trouvé une manière de réaliser son ambition déçue ; de nombreux critiques le représentent sous les traits d’un Mentor qui cherche à former l’homme moral idéal grâce à son enseignement. Les Eloges et Discours ont fortement contribué à développer ce point de vue. Sur un ton parfois familier, qui pourrait être celui utilisé par un père s’adressant à son fils, Vauvenargues prodigue ses conseils au jeune Hippolyte sur les comportements à adopter selon la société qui l’entoure ; mais il évoque aussi, dans ces textes, l’être idéal qu’il aimerait voir dans ce jeune homme en lui indiquant les traits de la personnalité à travailler. Dans la correspondance entre Vauvenargues et le marquis de Mirabeau, nous pouvons relever combien le moraliste prend à coeur la tutelle qu’on lui a demandée d’exercer sur le jeune chevalier 39. Vauvenargues, ce « sergent instructeur » aux « allures de Mentor »40, devient « le directeur de conscience »41 des cadets : il tenterait d’assumer, à son tour, le rôle de père. Mais, Vauvenargues cherchant à modeler « le fils de son âme », cette paternité reste « toute spirituelle »42. Le rôle de moraliste est donc d’instruire les hommes selon sa propre expérience. Samuel de Sacy, dans un article qui rend compte de l’édition Bonnier, perçoit, dans cette attitude, un désir de devenir un vrai père pour ses cadets, « moins peut-être en leur faveur qu’en la sienne propre, pour consoler en lui-même le fils déçu qu’il n’avait pas cessé d’être »43. Nous rejoignons le mythe constitué autour du père de Vauvenargues envisagé, ici, comme à l’origine de la vocation de l’écrivain.

Il faut noter toutefois que certains critiques ont vu, dans cette anecdote, une déférence ironique de la part des compagnons de Vauvenargues envers ce jeune officier prématurément sage. Giacomo Cavalucci va jusqu’à comparer cette appellation à celle de la « mère Michel » : ce nom de « père » serait un titre moqueur au sens de « pépère Vauvenargues », attribué au moraliste à cause de la vieillesse prématurée de son corps et de son esprit. Marmontel aurait fait preuve d’admiration excessive en interprétant ce nom en sa faveur 44. Il l’aurait entendu prononcé par un ancien compagnon militaire de Vauvenargues qui rapportait, par ce titre, l’idée commune des cadets : le moraliste, sous ses allures tranquilles, était un personnage pesant prodiguant continuellement ses conseils à de jeunes hommes pas toujours désireux de les entendre. Aussi se moquaient-ils de ce jeune officier aux allures patriarcales, qui prématurément vieilli, s’attribuait le rôle de conseiller moral. Cet esprit de sagesse, apprécié par la postérité chez un homme si jeune, était tourné en dérision par les compagnons du même âge.

Ainsi par les explications que la critique tente de donner à cette anecdote de Marmontel les deux mythes du père et du sage se rejoignent. La maturité précoce du jeune homme et la profonde incompréhension qui l’oppose à son père suscitent le désir d’exercer la fonction de père idéal. Cette sagesse et cette volonté d’instruire feront de lui un moraliste. Toutefois si les origines de la vocation de Vauvenargues sont généralement situées dès son enfance, dans son caractère et ses lectures, son départ pour Paris et l’exercice du métier d’écrivain sont considérés comme un « pis-aller ».

Le critique Th. Cerfbeer admet que Vauvenargues est un homme de réflexion mais il précise que l’action était dans ses instincts avant d’être dans sa doctrine 45. L’homme d’action, après de nombreuses déceptions, a dû se résigner à la littérature. Sainte-Beuve, à l’étude de la correspondance entre Vauvenargues et Saint-Vincens, signale que, « sous ce masque de Sénèque », le moraliste n’envisage la littérature que comme une activité secondaire 46.

‘« Contemporain de Voltaire et déjà son ami, il estime [...] qu’elle ne compte point assez parmi les hommes pour être le but enviable des efforts sérieux de toute une vie »47.’ ‘« Vauvenargues hésite et résiste longtemps, car il espère toujours pouvoir s’employer plus utilement là ou l’on a prise sur les hommes d’une manière tangible. Il préfère l’action à la méditation »48.’

Mais la littérature le sauve de la désolation. « Il ne sera plus rien qu’un homme de lettres. Ce pis-aller venait, de catastrophe en catastrophe, d’assurer son salut »49. Ainsi une légende pathétique se forme autour de la courte carrière littéraire de Vauvenargues. Elle permet de célébrer le courage et la résignation d’un homme voué à la gloire et à l’action, par sa naissance et sa pensée, et qui a su conserver son optimisme et sa confiance en l’homme malgré un destin contraire à ses voeux. A l’armée, Vauvenargues ne réalise pas ses rêves de gloire par l’action ; ses espoirs d’entrer dans la diplomatie sont ruinés ; il lui faut choisir entre retourner auprès des siens et tenter la gloire littéraire à Paris. Perçu comme une échappatoire, son désir d’écrire naît donc dans la résistance et l’opposition. Rappelons les propos d’Henry Bonnier qui affirme que Vauvenargues a tenté de se réaliser dans les domaines où son père n’avait pas accès. Le critique Emile Chasles décèle une dualité chez Vauvenargues entre l’action et l’écriture, deux domaines qui le passionnent. En effet, il a beaucoup écrit sur les hommes d’Etat car il espérait

‘« réunir en lui la double qualité d’écrivain et de diplomate qu’il admirait chez Richelieu, chez d’Ossat, chez William Temple. Mais il sentait entre le monde de l’action et celui de la pensée une distance qui l’inquiétait »50.’

Cette distance expliquerait-elle l’hésitation de Vauvenargues à accepter l’invitation de Voltaire à Paris ? Ou serait-elle tout simplement la conséquence des préjugés d’un jeune noble ? Cette remarque d’Emile Chasles présente un personnage intéressé par la possibilité d’exercer un pouvoir sur les hommes que ce soit par l’enseignement moral ou par l’action politique qu’il semble préférer. Emile Chasles montre que cette alternative entre action et pensée est continuellement vécue par Vauvenargues. Pour d’autres critiques elle constitue deux étapes successives de sa pensée et témoignent d’une évolution. Dès 1797, Fortia d’Urban montre combien déjà Vauvenargues soldat méditait et écrivait sans cesse, corrigeant et retouchant indéfiniment ses ouvrages. Cela a été confirmé par les découvertes successives de textes inédits dont beaucoup se recoupent et se complètent. Pour Jean Dagen, qui refuse de voir en Vauvenargues un écrivain par dépit, l’Introduction à la connaissance de l’esprit humain est en préparation dès 1737 avec la rédaction du Traité sur le libre arbitre 51. La carrière militaire était « une sorte de rite initiatique »52 pour la noblesse de province. Vauvenargues est avant tout un écrivain qui a dû se battre contre les préjugés de son rang pour réaliser sa vocation. Il est lui-même persuadé que « l’écrivain ne peut vivre de sa plume sans se compromettre avec la société et gâter son goût et son talent »53. Ces convictions expliquent la « semi-retraite » dans laquelle vit le moraliste à Paris lorsqu’il décide de se consacrer aux lettres. Il se fait une haute idée du génie et il tentera finalement d’en être digne en suivant les conseils d’un maître tel que Voltaire. Moins qu’un « pis-aller » le métier d’écrivain semble au contraire être la réalisation de l’homme transmettant ainsi un idéal à ses contemporains et à la postérité : l’oeuvre devient action.

Ce sont encore des hypothèses qui comblent le manque de renseignements sur les derniers mois que Vauvenargues a passés à Paris. On représente généralement le moraliste vivant dans la pauvreté, seul et résigné à sa situation. Samuel Rocheblave commence son ouvrage sur un tableau pathétique présentant Vauvenargues torturé par son corps et seul à l’approche de la mort. Ce type de texte entretient l’idée d’un penseur à l’âme héroïque qui a su conserver sa tranquillité dans l’infortune. Sur ce point aussi Georges Saintville est parti à la recherche d’archives afin de rétablir la vérité sur la situation de Vauvenargues et de prouver qu’il n’était pas aussi nécessiteux qu’on a voulu le dire 54. Sa mort préoccupe les biographes qui disposent, à ce sujet, de témoignages qui lui sont contemporains. Or, du crédit que l’on accorde à ces écrits, dépend l’interprétation des convictions religieuses du moraliste.

Certaines phrases de Voltaire ont contribué à cette idée d’un Vauvenargues stoïcien jusque dans l’approche de la mort :

‘« Je t’ai vu toujours le plus infortuné des hommes, et le plus tranquille »55.’ ‘« C’était un vrai philosophe ; il a vécu en sage, et est mort en héros, sans que personne en ait rien su » 56.’

Marmontel affirme qu’il est mort en ‘« Chrétien-Philosophe », « dans le sein de la paix et dans les bras de ses amis »’ 57. Ces témoignages corroborent le mythe du sage Vauvenargues constant dans ses sentiments. Mais une anecdote concernant les derniers instants du moraliste a suscité de nombreuses controverses. Suard est le premier éditeur à la rapporter. Elle apparaît dans une note à l’Eloge funèbre des officiers qui sont morts dans la guerre de 1741 de Voltaire que l’on attribue à Condorcet 58; Suard dit la tenir de d’Argental ce qui a suscité le doute sur son authenticité chez beaucoup de critiques :

‘« On avait pressé Vauvenargues de recevoir son curé, qui s’était présenté plusieurs fois pour le voir. Le malade s’y refusait. On parvint cependant à introduire dans sa chambre un théologien pieux et éclairé, que le curé avait choisi comme en état de faire impression sur l’esprit d’un philosophe égaré, mais de bonne foi. Après une courte conférence entre le prêtre et le mourant, M. d’Argental entra dans la chambre et dit à son ami : «Eh bien ! vous avez vu le bon ecclésiastique qu’on vous a envoyé ? » - Oui, dit Vauvenargues,
Cet esclave est venu,
Il a montré son ordre et n’a rien obtenu. »59.’

Ce récit est en profonde contradiction avec l’image habituelle d’un Vauvenargues respectueux des croyances et des hommes. Il peut toutefois être accrédité par certaines pensées de l’auteur. Gustave Lanson propose une interprétation : ‘« Si ces paroles furent dites réellement, elles furent dites avec un sourire et sans passion haineuse »’ 60. Cette remarque coïncide avec la conception d’un Vauvenargues tolérant, bienveillant et maître de lui-même jusque dans ses derniers instants. Chaque événement qui a constitué sa vie prend son importance dans l’idée que l’expérience de l’homme a déterminé la pensée du moraliste. Même son comportement à l’approche de la mort intervient dans cette perspective car il implique le sens que l’on donne à ses textes sur la religion.

Les biographes s’accordent pour considérer la vie de Vauvenargues comme une tragédie. ‘« C’est l’histoire de cette triste et noble existence » que l’on tente de connaître 61. On s’intéresse au destin avorté, au « drame obscur’ » de cette âme héroïque 62. Parfois « l’excès du mal lui arrache un cri » mais Vauvenargues ‘« réagit aussitôt et se garde de tomber dans le pessimisme »’ 63.

Son stoïcisme est mis à l’épreuve. Cette expérience met en valeur la modération et la constance de l’homme ; elle valorise le moraliste qui construit une pensée, connue pour son optimisme et son humanité, sur une expérience personnelle douloureuse.

Nous pouvons donc constater que les critiques tentent de combler les insuffisances de la biographie de Vauvenargues de manière à privilégier une certaine représentation de l’homme. Sa vie est déterminée par un conflit continuel entre rêves et réalité qui oppose père et fils et fait hésiter Vauvenargues entre deux ambitions, l’action et la réflexion. En privilégiant cette idée de conflit, la critique crée les mythes du père et du sage qui déterminent la carrière ainsi que le comportement de l’officier et qui expliquent l’origine de sa vocation littéraire. Elle crée un fil conducteur qui, fondé sur une rupture initiale, sur un conflit familial qui marque profondément l’enfant, et prolongé par les mythes du père et du sage, dirige la personnalité et la vie du moraliste. On cherche donc à établir une analogie entre l’oeuvre et la personnalité de Vauvenargues qui viennent se compléter et s’expliquent l’une par l’autre. Nous serons ainsi amenée à nous demander quelle attente de la fonction de moraliste découle d’une telle perspective.

Notes
3.

Georges Saintville, Quelques notes sur Vauvenargues ; Recherches sur la famille de Vauvenargues ; Autour de la mort de Vauvenargues ; Lettres inédites de Vauvenargues et de son frère cadet.

4.

Quelques notes sur Vauvenargues, p. 9.

5.

Vauvenargues, philosophe de la gloire.

6.

Essai sur Vauvenargues.

7.

Voir « De l’amour paternel », p. 232, édition Bonnier ; « De l’amour filial et fraternel », p. 232 ; le portrait « Anselme », p. 334 ; maxime 174, p. 416 ; lettre de Vauvenargues à Mirabeau du 13 mars 1740, pp. 555-558.

8.

A. Feugère, « Rousseau et son temps : la littérature du sentiment au XVIII° siècle », Revue des cours et conférences, p. 163.

9.

La Vie de Vauvenargues, 1. « L’exemple ».

10.

« Vauvenargues complet », La Quinzaine littéraire, p. 13.

11.

Pierre Fontanie, « Le Secret de Vauvenargues », Arcadie, p. 381.

12.

A. Feugère, « Rousseau et son temps : la littérature du sentiment au XVIII° siècle », Revue des cours et conférences, p. 163.

13.

Edition Bonnier, p. 21.

14.

Edition Bonnier, p. 13.

15.

Edition Bonnier, pp. 15-16.

16.

Edition Bonnier, p. 17.

17.

Edition Bonnier, p. 18.

18.

Edition Bonnier, p. 52.

19.

Edition Bonnier, p. 55.

20.

Edition Bonnier, p. 22.

21.

Lettre du 22 mars 1740, édition Bonnier, p. 562.

22.

Le Marquis de Vauvenargues, p. 8.

23.

« Introduction », Réflexions et Maximes, 1934.

24.

Edition Bonnier, p. 18.

25.

Etude sur Vauvenargues, chapitre 1er.

26.

« Vauvenargues annoté par Voltaire », Livres et portraits, tome III, pp. 103-108.

27.

« Epître à monsieur de Voltaire » dans Denis le tyran, édition des Oeuvres complètes de Vauvenargues par Suard, 1806, p. 352.

28.

« Epître à monsieur de Voltaire » dans Denis le tyran, édition des Oeuvres complètes de Vauvenargues par Suard, 1806, p. 354.

29.

Georges Ascoli, « Vauvenargues », Histoire de la littérature française, tome II, pp. 827-838.

30.

« Introduction », Réflexions et Maximes, 1934, p. VI.

31.

« Introduction », Réflexions et Maximes, 1934, XXVII.

32.

Voir les études de Joachim Merlant, A. Michel, Michel Mohrt et Fernand Vial.

33.

« Puissance d’agir et vertu, le spinozisme de Vauvenargues », Spinoza au dix-huitième siècle, voir pp. 190-191 et 199, « Discussion ». Pour la connaissance que Vauvenargues aurait de Spinoza, voir Laurent Bove, ouvr. cité, p. 185 ainsi que Jean Dagen, « Vauvenargues et les philosophes de Montaigne à Shaftesbury » dans Fragments sur Montaigne, pp. 40-43. Le moraliste aurait donc essentiellement connu le spinozisme à travers l’oeuvre de Bayle et la Réfutation de Spinoza par Boulainviller. (Voir sur ce dernier la lettre du 19 août 1740,destinée à Mirabeau , édition Bonnier, pp. 581-582.)

34.

Ibid., p. 199.

35.

Denys le tyran, « Epître à monsieur de Voltaire », édition des Oeuvres complètes de Vauvenargues par Suard, 1806, p. 353.

36.

« Notice sur la vie et les écrits de Vauvenargues », Oeuvres complètes de Vauvenargues, 1906.

37.

« Eloge de Vauvenargues », Oeuvres, 1857, p. XII-XV.

38.

Hippolyte de Seytres, cadet au régiment du roi, meurt en avril 1742 pendant la campagne de Bohême. La légende veut que Vauvenargues eu les jambes gelées pendant cette campagne. Vauvenargues lui dédia ses discours et écrivit un éloge en son honneur dans lequel il célèbre les qualités de l’ami perdu. Le chevalier de Mirabeau est le jeune frère de L’ami des hommes mis sous la tutelle morale de Vauvenargues dès 1737.

39.

Voir lettres du 8 avril 1740, édition Bonnier, pp. 566-568 et du 10 mai 1740, pp. 571-572.

40.

Matthieu Galey, « Les reflets du marquis de Vauvenargues », Revue de Paris, pp.114-118.

41.

Paul Souchon, Vauvenargues, philosophe de la gloire, p. 25.

42.

Gaillard de Champris, « Introduction » aux Oeuvres choisies de Vauvenargues, 1942.

43.

« Vauvenargues complet », La quinzaine littéraire, p. 13.

44.

Vauvenargues dégagé de la légende, p. 34.

45.

« Eloge de Vauvenargues », Bibliothèque universelle de Genève, pp. 173-174.

46.

Causeries du lundi, tome XIV, p. 14.

47.

Ibid.

48.

A. Feugère, ouvr. cité, p. 165.

49.

Samuel de Sacy, « Introduction » de « Vauvenargues ou qui perd gagne », Noblesse de Vauvenargues, 1957.

50.

« Les Confessions de Vauvenargues », Revue Contemporaine, p. 540.

51.

Introduction à la connaissance de l’esprit humain, Fragments, Réflexions critiques, Réflexions et Maximes, Méditation sur la Foi, « Introduction » pp. 19-21, 1981.

52.

Ibid., p.19.

53.

Ibid., p. 21.

54.

Autour de la mort de Vauvenargues.

55.

Eloge funèbre des officiers qui sont morts dans la guerre de 1741, Oeuvres complètes, édition Moland, tome XXIII.

56.

Lettre à Leclerc de Montmerci, 13 mars 1764, Best. D, 10926.

57.

« Epître à monsieur de Voltaire » dans Denis le tyran, édition des Oeuvres complètes de Vauvenargues par Suard, 1806, p. 354.

58.

Oeuvres complètes de Voltaire, édition Moland, tome XXIII, note 2, pp. 261-262.

59.

« Avertissement de l’éditeur », Oeuvres complètes de Vauvenargues, édition de Suard, 1806, note p. LI-LII. Citation de Racine, Bajazet, acte II, scène I (Théâtre complet, Gallimard, collection folio, 1983, p. 65).

60.

Le Marquis de Vauvenargues, p. 108.

61.

Prévost-Paradol, Etudes sur les moralistes français, p. 216.

62.

Ph. Nel, « Vauvenargues », Bulletin des amis du vieux Toulon, p. 11.

63.

A. Feugère, ouvr. cité, p. 162.