DEUXIEME PARTIE
UNE INTERPRETATION POLEMIQUE
DU DIX-HUITIEME SIECLE :
LES ENJEUX DU MYTHE

En étudiant la construction et les éléments constitutifs du mythe, nous avons observé les conséquences qui en découlent pour Vauvenargues et son ouvrage : la biographie est exploitée aux dépens de l’intérêt littéraire et philosophique de l’oeuvre et celle-ci, par l’image attachée à son auteur, devient un instrument dans les conflits qui opposent les partisans des Lumières à leurs détracteurs. Ces caractéristiques qui constituent la postérité de Vauvenargues se complètent et se prolongent jusqu’au vingtième siècle. Il faut désormais dégager les enjeux du mythe en déterminant l’intérêt, sans cesse renouvelé, qu’il constitue pour la postérité et ce qu’il révèle de ses rapports avec le dix-huitième siècle et la Révolution. La critique exploite en effet la double influence de cette morale, née d’une assimilation de la pensée du dix-septième siècle et des philosophies nouvelles, ce qui témoigne de son besoin de confronter Vauvenargues à ses contemporains et aux événements révolutionnaires, perçus comme l’aboutissement des Lumières, afin d’affirmer ses propres convictions à travers le rôle qu’elle lui accorde parmi les penseurs du siècle.