L’héritage de Vauvenargues

« Bon ange de Voltaire » ou « Pascal irréligieux », Vauvenargues est plus apparenté à la pensée du dix-septième siècle qu’à celle de ses contemporains. Dans ces constantes comparaisons du moraliste avec ses prédécesseurs ou ses contemporains, la postérité enferme les richesses de la littérature de deux siècles dans des idées générales et communes et les réduits aux pensées d’un groupe d’écrivains restreint. Le moraliste est généralement idéalisé aux dépens des Lumières dont on condamne l’entreprise. Il est pourtant indéniable que Vauvenargues a des préoccupations communes avec les philosophes. Quelle place faut-il alors lui accorder dans l’histoire littéraire ? Nous tenterons de répondre à cette question en déterminant ce que Vauvenargues doit à l’un et l’autre siècle et en essayant de comprendre pourquoi la postérité cherche à le dissocier de la pensée des Lumières.

L’oeuvre de Vauvenargues emprunte beaucoup à la littérature du dix-septième siècle : les formes et la structure fragmentaire des moralistes classiques mais aussi les principes qu’ils ont discutés et analysés. Il s’appuie sur leurs études pour établir une somme en déclarant que son objectif n’est pas d’inventer mais de concilier les thèses existantes. Il s’agit de « rapprocher ces maximes éparses [...] pour en former un système raisonnable » en parcourant « toutes les qualités de l’esprit, ensuite toutes les passions, et enfin toutes les vertus et tous les vices qui, n’étant que des qualités humaines, ne peuvent être connues que dans leur principe »316. C’est par l’imitation des classiques qu’il exprime sa propre pensée et affirme son originalité. Nous avons vu que Vauvenargues utilise la théorie pascalienne de la double nature de l’homme pour imposer sa propre conception de l’humanité. Vauvenargues s’appuie sur l’ambivalence de l’homme pour l’inciter à l’action et s’opposer ainsi au pessimisme d’un La Rochefoucauld. Il réagit à la pensée de ses prédécesseurs en utilisant leur propre thématique. En effet, à l’image de ses contemporains, Vauvenargues entreprend la défense du genre humain :

‘« il est venu dans un temps où l’humanité, commençant enfin à prendre conscience d’elle-même, cherchait à se relever des outrages et des malédictions qui avaient jusque là pesé sur elle, et [...]elle a trouvé en lui un digne défenseur »317.’

Vauvenargues affirme que la perception de la nature humaine évolue, l’homme modifiant son regard sur lui-même :

‘« L’homme est maintenant en disgrâce chez tous ceux qui pensent, et c’est à qui le chargera de plus de vices ; mais peut-être est-il sur le point de se relever et de se faire restituer toutes ses vertus »318.’

L’homme commence à se découvrir ; conscient de ses faiblesses, il essaye de les surmonter, non pas par l’ascétisme, mais par un dépassement de soi qui, pour Vauvenargues, peut s’accomplir dans l’action. En élaborant son oeuvre sur la pensée des moralistes classiques, Vauvenargues montre plus nettement l’évolution de la conception de la nature humaine. Parmi les moralistes auxquels l’oeuvre de Vauvenargues est habituellement comparée,

‘« La Rochefoucauld humilie l’homme par une fausse théorie ; Pascal l’afflige et l’effraie du tableau de ses misères ; La Bruyère l’amuse de ses propres travers ; Vauvenargues le console et lui apprend à s’estimer »319.’

Après l’humiliation, la peur et la satire, la philosophie renouvelle l’étude de l’homme en lui montrant sa force. Cette double nature n’est pas une fatalité ; l’homme doit apprendre à s’en servir pour se rendre meilleur. Mais en élaborant sa pensée en référence ou en opposition à la morale classique, Vauvenargues risquait de susciter l’incompréhension de ses contemporains :

‘ « Pourquoi donc fait-il en son temps figure d’isolé et d’attardé ? C’est qu’il est moraliste ; il peint la nature humaine telle qu’elle existe dans tous les temps et dans tous les pays, alors qu’on ne s’intéressait plus qu’à la ‘philosophie’, c’est-à-dire à la connaissance scientifique du monde extérieur et à la ‘politique’, c’est-à-dire à la critique des institutions religieuses et civiles de la société française. [...] Ils ne comprirent pas qu’en se plaçant sur le terrain même des moralistes et des sermonnaires classiques, Vauvenargues avait le premier, avec une autorité qui manquait à tant d’autres, osé combattre une doctrine morale qui semblait solidement établie depuis près d’un siècle, sous l’influence combinée du stoïcisme, du jansénisme et de la philosophie intellectualiste de Descartes. »320

Vauvenargues, loin toutefois d’être le premier à combattre la morale des classiques, adhère par cet engagement aux idées de ses contemporains sans adopter la même démarche. En limitant l’oeuvre de Vauvenargues à une doctrine morale dont l’objet est l’homme universel, A. Feugère l’éloigne de toute préoccupation sociale, politique et religieuse. C’est une manière de le dissocier de l’esprit philosophique qu’on accuse d’avoir détruit la croyance religieuse et l’ordre social tout en présentant le moraliste comme un humaniste. Si Vauvenargues vise en effet à construire une anthropologie à valeur universelle, sa pensée s’inscrit aussi dans le présent ce qui double cette réflexion universelle d’une problématique sociale et religieuse. A la même époque, Emile Bréhier consacre un chapitre à Vauvenargues dans son Histoire de la philosophie pour montrer que le moraliste a bien sa place parmi ses contemporains. Ce critique l’implique d’avantage dans la philosophie du dix-huitième siècle puisqu’il établit un rapprochement entre l’oeuvre de Vauvenargues et les pensées de Condillac et de Hume. Ces deux philosophes privilégient la thèse de l’homme sensible formé par ses sensations, suivant ses instincts et ses croyances. Mais dans la pensée de Condillac il n’y a pas de place pour l’homme universel puisque le moi n’est que le récepteur des sensations immédiates ou issues de la mémoire alors que, pour Vauvenargues, l’expérience des sens et la reconstruction du moi constituent le fondement d’une morale universelle. A. Feugère et Emile Bréhier, qui élaborent leur étude en 1935 et 1938, rendent compte de deux tendances de la critique qui consistent à envisager Vauvenargues soit comme un moraliste, « psychologue », s’intéressant aux moeurs et à la condition humaine selon la tradition classique, soit comme un philosophe, intégré dans son temps, à la pensée rationnelle et libérale, accordant un rôle prépondérant à l’instinct. Dans l’édition de 1997, établie par Jean Dagen, Vauvenargues prend place parmi les Lumières 321. Il est « le premier moraliste moderne » dans la mesure où il propose une éthique, fondée sur l’expérience et la connaissance de soi, capable d’aider l’homme à s’émanciper, à acquérir une indépendance, afin qu’il puisse s’intégrer à la réalité de son temps. L’ouvrage est présenté comme un « Florilège philosophique ». Il est précisé sur le quatrième de couverture que « le présent ouvrage réunit les textes philosophiques de Vauvenargues ». On voit « le moraliste s’efface[r] derrière le « philosophe », auquel il donne en retour les moyens d’agir sur le monde ». Jean Dagen nous propose donc un recueil de pièces choisies d’ambition philosophique établi de manière à respecter le projet que l’auteur exposait dans son « Plan d’un livre de philosophie » : il s’agit pour Vauvenargues de ‘« former un système général de toutes les vérités essentielles que l’on peut connaître sur les sciences utiles’ »322 qui concernent l’anthropologie, la morale, la religion, l’éducation, l’économie et les gouvernements. A partir d’une réflexion sur le moi, l’expérience et les relations humaines, il propose une morale d’ambition universelle. Par les influences décelables ou celles qu’il revendique, Vauvenargues s’engage dans la « vraie philosophie » selon l’expression de Voltaire 323: en s’inscrivant dans la lignée de Spinoza, il se trouve intégré à la réflexion qui constitue l’origine des Lumières. Sa volonté, affirmée dans son « Discours préliminaire » à l’Introduction à la connaissance de l'esprit humain, est de construire une anthropologie. Vauvenargues s’appuie sur les formes traditionnelles utilisées par les moralistes parce qu’elles répondent aux mouvements de la pensée et rendent compte de la mobilité du monde qui est le propre de sa réflexion 324. Jean Dagen insiste sur l’idée d’énergie véhiculée par cette pensée et son auteur. Dans l’édition publiée en 1981, il situe Vauvenargues dans la tradition morale dans la mesure où l’oeuvre propose une analyse critique du discours de ses prédécesseurs : la morale de Vauvenargues ne s’inscrit pas dans des repères chronologiques et géographiques ; elle poursuit une ambition universelle. L’étude qui introduit la publication de manuscrits en 1994 s’intéresse aux rapports d’influence existants entre Vauvenargues et certains philosophes qui l’ont précédé tels Montaigne, Spinoza, Boulainviller, Locke, Pope et Shaftesbury. L’ensemble des textes édités permet de comprendre le rôle joué par la pensée de Montaigne sur l’esprit de Vauvenargues. Alors que pour le premier la philosophie vise à une « acceptation » et à une « affirmation » de soi, pour le second elle doit entraîner l’homme dans le « dynamisme universel » qui se manifeste dans la création permanente de l’être, dans son renouvellement continuel à travers l’action et la recherche de la gloire. Mais les rapports de Vauvenargues avec Montaigne sont fondés à la fois sur une admiration et un refus de certains aspects de la philosophie des Essais. Daniel Acke a étudié cette dichotomie pour exposer les ambivalences de la pensée de Vauvenargues 325. Ces publications successives de Jean Dagen montre qu’il oriente de plus en plus le lecteur vers une approche philosophique de l’oeuvre de Vauvenargues. Il semblerait, au contraire, que Daniel Acke, auteur de l’une des plus récentes analyses effectuées sur Vauvenargues, l’étudie en tant que moraliste. Daniel Acke ne se préoccupe pas du moraliste reconnu et généralement célébré par la postérité, humain et désireux d’établir une morale universelle. Il s’intéresse aux problématiques de sa pensée. Son étude est limitée par la définition, la démarche et les objectifs attribués à la morale traditionnelle (ce qui constitue le sujet de sa première partie) ainsi que par les idées et les interrogations de la postérité sur l’oeuvre de Vauvenargues (ce qui fait l’objet de son deuxième point). La problématique et l’originalité du moraliste sont dégagées à partir de ces deux synthèses. Ainsi Daniel Acke montre que Vauvenargues tente de concilier une double préoccupation : l’unité de la nature et la diversité du réel. Cette tentative pousse parfois le moraliste jusqu’au domaine de l’utopie. Cette étude confronte donc la pensée de Vauvenargues avec celles de ses prédécesseurs tout en lui reconnaissant certaines préoccupations communes avec les philosophes du dix-huitième siècle afin de mettre en évidence la problématique de la morale qu’il nous propose. En effet, Vauvenargues rend compte à la fois de l’attitude complexe des moralistes face à la « diversité du vécu » et des limites de la notion d’universalité inhérente à la philosophie des Lumières. Daniel Acke participe donc à un renouvellement de la perception de l’Introduction qui tend à montrer son intérêt à la jonction de plusieurs influences. Vauvenargues moraliste ou philosophe : ce clivage longtemps entretenu et qui a pour principale conséquence de l’associer à une forme de pensée plutôt qu’à une autre, nous incite à nous interroger sur la place qu’il tient dans l’histoire des idées.

Vauvenargues intègre à son oeuvre ce qui l’intéresse des différentes idéologies qu’il fréquente. Sa pensée est généralement perçue comme une conciliation de ce qui forme les caractéristiques des moralistes chrétiens et des philosophes du dix-huitième siècle, ce qui en fait un modéré. Pour André Le Breton, Vauvenargues est à dissocier des excès des idéologies de ces deux siècles comme la misanthropie de La Rochefoucauld, le dogmatisme de Pascal, mais aussi l’esprit de salon, la raillerie et l’importance abusive accordée à la raison par les penseurs du dix-huitième siècle.

‘« Il s’est battu contre deux sortes d’ennemis : contre l’ascète qui cherche à tuer en lui l’homme et contre le bel - esprit de salon dont le coeur ne bat plus, contre le pessimisme chrétien et contre le scepticisme mondain, contre Pascal et contre Fontenelle »326.’

Plusieurs critiques reprennent ces accusations : Gustave Lanson montre que Vauvenargues s’oppose à la fois

‘« par certains aspects de sa sensibilité et de sa pensée, au dix-septième siècle cartésien et chrétien, et au dix-huitième siècle épicurien et sceptique, également éloigné aussi de l’un et de l’autre par son aversion pour la légèreté de l’esprit mondain » 327 ;’

Henri Baudrillart situe l’oeuvre de Vauvenargues ‘« entre l’ascétisme de la philosophie de dix-septième et l’épicurisme du dix-huitième siècle’ »328 ; pour Gérard Bauer, il garde l’homme ‘« à l’écart de l’égoïsme foncier où La Rochefoucauld le rejette, de l’épicurisme sceptique dont Fontenelle et Voltaire teintent leur siècle’ »329 ; enfin Sainte-Beuve considère que,

‘« placé entre les moralistes un peu chagrins du dix-septième siècle et les philosophes témérairement confiants du dix-huitième, il n’a pas enflé la nature de l’homme, il ne l’a pas dénigré »330. ’

Au contraire du dix-septième siècle qui se défie de l’homme, « le respect de la nature humaine [constitue] le fond de la morale de Vauvenargues »331 ; il est un optimiste qui toutefois ne se fait pas d’illusions : il ne suit pas ses contemporains dans leur confiance absolue en l’homme. « Critique, moraliste ou philosophe, c’est sa conscience seule qu’il consultera »332 et qui lui servira de guide. Ainsi la pensée du dix-septième siècle est essentiellement perçue par la postérité à travers les notions de pessimisme, rigueur et ascétisme. Elle paralyse l’âme humaine en l’accablant de sa faiblesse. Le dix-huitième est réduit à l’épicurisme et au matérialisme. Dans leur croyance abusive en l’homme, les philosophes accordent une telle importance à la matière et aux sens qu’ils l’éloignent de Dieu et le conduisent à l’athéisme. On reproche aux Lumières leur mondanité, leur négligence du coeur, donc de la foi, au profit de la raison et des sens. Le pessimisme et le scepticisme ont la même conséquence : une perte de la foi en l’être humain ou en Dieu et une mise en doute de la société. Vauvenargues sait concilier les bons aspects de chacune de ces pensées afin d’aider l’homme à se découvrir, à s’émanciper, tout en respectant les structures sociales et religieuses établies. Il représente l’idéal de la modération. Par sa vie et son caractère, il s’oppose aux types idéologiques que représentent La Rochefoucauld, Obermann et à l’optimisme abusif d’un Pangloss 333. Il rejette le renoncement chrétien ou romantique, qui a conduit à l’expression du mal du siècle, mais il n’adhère pas à l’optimisme excessif de ses contemporains qui « révèrent pour l’humanité une perfection qui n’est pas de ce monde »334. Ce qui plaît en Vauvenargues, c’est son goût pour la méditation intérieure, son respect de la religion, la gravité de son ton et le caractère touchant de son oeuvre par son aspect confidentiel. Ce n’est pas sans rappeler la spécificité de l’oeuvre et de la personnalité de Jean-Jacques Rousseau. Aurait-il été mieux compris de ses contemporains que l’auteur des Confessions s’il avait pu continuer son oeuvre ?

Antoine Borel considère que Vauvenargues a sa place parmi les penseurs du dix-huitième siècle avec lesquels il partage une philosophie fondée sur les droits naturels 335. Il se l’assure grâce à l’importance qu’il accorde à l’expérience dans sa vie et sa pensée, par son humanité et sa tolérance, sa revendication d’une littérature utile qui prépare l’homme à la défense de la vérité , idées auxquelles s’ajoute sa conception de la critique littéraire 336. Mais pour d’autres, Vauvenargues n’a pas cherché à s’intégrer dans son siècle. Son oeuvre a servi les intérêts de « la secte »337 philosophique qui exploite sa réputation pour se défendre contre ceux qui l’accusent de corrompre les moeurs. Vauvenargues n’est pas « au nombre de ceux qui ont eu le malheur de pervertir leur pays et de préparer sa subversion »338. Il ne fait pas partie de ce siècle ennemi des institutions, corrompu avec l’étranger et adulateur des passions 339. Le jeune moraliste, qui a aussi réhabilité les sentiments, n’encourageait que les passions nobles vouées au bienfait de la société. La libération de l’instinct au dix-huitième siècle est le résultat des idées et des moeurs des philosophes, non le principe d’une réflexion qui sait en mesurer les conséquences 340. Nous avons vu que pour Vauvenargues les passions et la raison « se suppléent tour à tour »341 ; il accorde toutefois une place plus importante aux passions que Voltaire qui, tout en les réhabilitant comme moteur de l’action, célèbre la raison universelle 342. La pensée de Voltaire est une philosophie rationnelle fondée sur la démonstration, la preuve scientifique. Vauvenargues établit son système sur la libération des passions comme énergie créatrice. Ernest Cassirer établit un parallèle entre la conception des passions de Vauvenargues et celle définie dans les oeuvres de Voltaire, Helvétius et Diderot 343. Ce critique considère que Vauvenargues a produit ‘« l’effet d’une violence subversive, d’un acte révolutionnaire » ’en déclarant que ‘« la nature véritable et profonde de l’homme ne consiste pas dans sa raison mais dans ses passions ’»344. Il participe à un bouleversement des valeurs morales avant Rousseau. Ce critique, à la différence de l’auteur anonyme du Mercure de France, reconnaît l’importance des passions dans le système de Vauvenargues et l’associe pleinement à la philosophie de son siècle en le rapprochant des auteurs les plus renommés. Pierre Trahard envisage également Vauvenargues comme un des « maîtres de la sensibilité française au dix-huitième siècle »345. La pensée du moraliste s’intègre dans son époque et rejoint celles des « maîtres » du roman et de la philosophie :

‘« Cette prédominance qu’il [Vauvenargues] accorde aux passions, chaque roman de Prévost s’applique à la mettre en relief ; son indulgence pour les passions et l’apologie volontaire qu’il en fait, l’auteur de Cleveland ne les récuserait pas. Les personnages que Prévost met en scène ne sont-ils point la démonstration vivante des théories de Vauvenargues ? Lorsque le jeune philosophe dit que les passions, prépondérantes et insatiables, sont autant de chemins ouverts pour aller aux hommes, il confirme ce que le romancier, doublé d’un moraliste, montre dans chacun de ses livres. La sensibilité de Vauvenargues rejoint la sensibilité de Prévost. [...] Les esprits se rencontrent, eux aussi, obéissent aux mêmes sentiments, qui commandent l’époque. L’essentiel est que Vauvenargues trouve sa place au coeur du siècle, entre l’abbé Prévost, pour qui la grandeur d’âme suppose de grandes passions, et les deux héritiers directs de sa pensée, Diderot et Jean-Jacques, qui exalteront ces passions d’où naît toute grandeur. Car la croyance à la supériorité du sentiment sur la raison d’une part, à la bonté de la nature et de l’instinct d’autre part, va prendre la valeur d’un dogme et animer la vie morale de la génération que dominent l’auteur du Neveu de Rameau et celui de La Nouvelle Héloïse »346.’ ‘La logique de cette étude, qui adopte celle de l’histoire des idées, veut que le chapitre destiné à Diderot suive celui consacré à Vauvenargues « car Diderot est la justification vivante des théories de Vauvenargues sur les passions »347. Jean Ehrard établit lui aussi un parallèle entre les personnages de Prévost et les pensées de Vauvenargues et Diderot 348. Les trois écrivains croient en un homme capable de se dépasser grâce à la force que lui procurent ses élans affectifs. Les passions le poussent à créer, l’aident à se réaliser, et constituent la grandeur de son âme, concept que nous serons amenée à étudier. Pour Jean Ehrard cette appréhension de l’homme répond aux doctrines rationnelles :’ ‘« Au moment où triomphent les calculs trop rassurants de l’arithmétique morale Vauvenargues est de ceux qui préfèrent, tels les personnages de Prévost, l’intensité à la sécurité. Aussi est-ce encore de Diderot qu’il est le plus proche lorsqu’il fait lui aussi l’apologie de l’enthousiasme »349.’

Il est donc difficile de nier la participation de Vauvenargues à la réhabilitation de la nature et des instincts de l’homme en se retranchant derrière la notion des passions nobles pour le distinguer de ses contemporains. Quelques critiques s’y risquent. Cependant parmi ceux qui reconnaissent l’importance du sentiment dans la morale de Vauvenargues, plusieurs commentateurs, en alléguant sa sagesse et la retraite qui singularise sa vie parisienne, veulent prouver que « son coeur ne participe pas à la licence des moeurs de l’époque, pas plus que son esprit à ses chimères »350. Ecrivain français, Vauvenargues répond au modèle de son pays : il recherche, respecte et incarne « la religion, l’honneur et la civilisation », ce qui représente, pour le prince Auguste Galitzin, les principes fondateurs de la société de l’ancien régime et de la noblesse dont Vauvenargues est issu 351. On accuse le groupe philosophique des bouleversements moraux et sociaux du dix-huitième siècle en dénonçant ses moeurs et sa morale sans vouloir reconnaître que, comme Vauvenargues, les philosophes avaient pour ambition de rendre à l’homme sa dignité et de l’aider à se découvrir. A la fin du dix-neuvième siècle, Charles Des Guerrois reconnaît le bienfait de cette entreprise mais en dénonce encore la démesure :

‘« Le dix-huitième siècle a porté un trouble irréparable dans l’esprit humain en le remplissant des pensées exagérées de son indépendance, des adorations excessives de sa grandeur et de sa faiblesse même, des orgueils sans bornes de sa puissance. De ce travail pourtant et de cette glorification trop absolue, une idée juste se dégage, celle de la dignité humaine, qui rend l’homme respectable à l’homme en lui imposant ce respect avec autorité et comme un dogme »352.’

Les philosophes ont donc surestimé l’homme qui a cru en sa force et a cherché à se libérer de toute entrave idéologique et sociale ; cette émancipation l’amène à rompre avec le christianisme et à entreprendre la Révolution ; l’homme que crée le dix-huitième siècle, assuré de sa puissance et de sa liberté, n’a plus de conscience morale. En prenant confiance en lui, l’homme suit la pente de sa nature ; il est réduit à son esprit subversif et son aversion pour l’Eglise. Derrière ces arguments critiques se profile la condamnation du matérialisme auquel la postérité borne le dix-huitième siècle. Vauvenargues n’aurait pas accepté de telles conséquences de sa morale. Son intégration parmi ses contemporains n’aurait été que temporaire.

‘« En le rappelant de bonne heure, Dieu retirait le philosophe inoffensif des conflits que le siècle allait bientôt engager plus ardents, plus passionnés et plus directs. Le jeune moraliste n’avait connu jusqu’ici que les caresses ingénieuses de ces autres philosophes ses amis : ils lui permettaient encore d’être religieux à sa manière et philosophe à sa guise. [...] L’heure allait venir peut-être où ses amis, plus engagés dans la grande bataille et ayant besoin de toutes leurs forces, ne voudraient plus souffrir un allié douteux qui pouvait être un adversaire caché, et bien des lignes sorties de sa plume apparaissaient déjà comme autant de révélations en ce sens »353.’

Vauvenargues semblait donc toléré par ses contemporains tant que le combat philosophique n’était pas engagé. Mais il aurait fallu qu’il choisisse entre s’investir entièrement dans la cause philosophique ou se voir rejeté parmi les opposants pour la modération dont il faisait preuve. La métaphore guerrière utilisée par Charles Des Guerrois pour évoquer la cause des philosophes souligne leur esprit de parti. Leur tolérance n’est que calcul et intérêt. Elle leur permet de séduire les esprits hésitants. Mais Vauvenargues, « inoffensif », était incapable de nuire à autrui et ne se serait pas engagé auprès des philosophes. Comme Rousseau, il aurait finalement été rejeté des siens comme marginal car sa pensée ne les suivait pas jusque dans leurs extrêmes. Il leur serait devenu inutile. S’il avait vécu, ce jeune capitaine au haut idéal militaire aurait souffert de l’issue de la guerre de Sept ans et

‘« des abaissements orgueilleux de l’esprit humain, tombant en force d’élans ambitieux, dans les dégradations du matérialisme qui est à l’intelligence ce que la débauche est au corps : excès plus irréparables, dont la trace dure plus longtemps dans l’histoire [...].’ ‘Mais ces jours néfastes n’étaient pas venus : Voltaire, qui faisait des tragédies et des madrigaux, ne savait pas encore lui-même tout ce qu’il y avait dans son intelligence de puissance fatale et destructrice ; on était à l’aurore des espérances et des rêves de la philosophie ; de bonne foi on croyait l’esprit humain sur la route de l’indépendance absolue, à la veille des essors sublimes et qui devaient lui faire dépasser les hauteurs atteintes jusqu’à cette heure marquée »354.’

La critique distingue donc deux périodes au dix-huitième siècle qui correspondent aux deux étapes de la carrière de Voltaire et, par analogie, de la philosophie des Lumières. Cette idée, qui peut être relevée chez de nombreux critiques, est développée par Madame de Staël dans De L’Allemagne. La première partie du siècle est représentative de l’aspect positif de cette philosophie qui rend à l’homme sa dignité ; mais dans la seconde partie se développe le courant sensualiste des Lumières qui corrompt l’homme et le rend orgueilleux en l’abusant sur ses connaissances et son pouvoir pour aboutir au matérialisme, à l’ironie sanglante et à la perte des valeurs morales 355. Vauvenargues participe à la naissance de la philosophie du dix-huitième siècle mais la modération qu’on veut voir dans sa pensée a été dépassée par les Lumières ce qui explique en partie le peu de retentissement de son oeuvre :

‘« le siècle ignora quel moraliste s’éteignait avec ce poitrinaire mort à trente-deux ans ; c’est sur un tombeau seulement que devait luire les premiers rayons de la gloire, plus doux que le feux de l’aurore »356.’

Cette remarque de Jacques Vier reprend une maxime de Vauvenargues 357 que cite tout critique qui voit en lui un « précurseur » « des mélancolies romantiques »358. L’accent romantique de certaines de ses maximes déplaît au dix-huitième siècle polémiste et raisonneur mais il fait aimer le moraliste au dix-neuvième siècle. Ce sont les maximes que Voltaire avait jugé bon de faire supprimer qui, cent ans après, font de lui un préromantique 359. Samuel de Sacy explique l’attrait des romantiques pour Vauvenargues par ses ruptures, familiales et militaires, dans lesquelles ils voient l’expression du mal du siècle. Sa philosophie de l’action peut être rapprochée de celles de Rousseau et de Chateaubriand dans la mesure où il aurait eu « plutôt la passion poétique de l’action que l’énergie pratique de l’homme d’action »360. Nous rejoignons ici l’idée de Désiré Nisard pour qui Vauvenargues était plus un spéculatif qu’un véritable homme d’action. Victor Giraud, qui apprécie l’étude de Gustave Lanson sur Vauvenargues, pense que le moraliste s’est trompé sur lui-même : il était plus un homme de lettres que d’action ; il est « né pour réfléchir sur les conditions de l’action »361. L’idée d’un Vauvenargues préromantique est donc justifiée par ce besoin de réfléchir à l’essence de l’action, besoin lié à un sentiment de mal-être : nous trouvons, dans cette corrélation, les deux axes qui fondent la conception vauvenarguienne de l’inquiétude et que Jean Deprun a mis en évidence dans son étude 362. Il la définit en effet comme un « mésaise », lié au désir, qui « procède du ‘goût du bien-être’ » auquel s’ajoute la conscience de notre imperfection. L’inquiétude a un « statut de cause motrice » :

‘« seules les âmes faibles s’immobilisent dans une inquiétude et une mélancolie de pur constat : chez celles qu’anime le sentiment de leur force, l’échec est principe de réponse, de riposte, de sortie de soi ; les plus grandes passions (et donc les plus hautes inquiétudes) naissent de cette conjonction de faiblesse et de courage, de misère et de ressource. L’inquiétude prend ainsi valeur réactionnelle, régulative, ascensionnelle »363.’

Dans cette double perspective le dix-neuvième siècle voit un reflet de la vie de Vauvenargues, de cette énergie, de ce désir d’agir, voué à l’échec et finalement valorisé dans l’écriture, ainsi que le lien entre le moraliste et les héros de Stendhal. Le jugement de Victor Giraud expliquerait également que Vauvenargues n’ait pas trouvé les motivations nécessaires pour poursuivre sa carrière militaire : malgré le mépris qu’il manifeste envers la littérature, les lettres sont sa véritable vocation. Faut-il pour autant voir en lui un spéculatif ? Il n’y a rien d’abstrait dans le système de Vauvenargues dans la mesure où sa réflexion, qui vise l’homme universel, est fondée sur son expérience de l’action et sur l’étude de son être propre. Si Vauvenargues est réduit à parler de l’action, sa pensée n’est pas pour autant théorique étant fondée sur l’analyse d’une expérience. C’est l’écriture qui devient action dans la mesure où elle cherche à établir une vérité. Si la pensée de Vauvenargues devient parfois utopique c’est par sa conception élitiste de la grande âme. Gustave Lanson ne cherche pas à dénoncer cet aspect de la pensée de Vauvenargues. Il en fait l’originalité de l’auteur et la preuve qu’il avait en lui les « semences du génie romantique »364. Gustave Lanson imagine Vauvenargues auprès de Stendhal et de Balzac. Le caractère est « un chapitre ou un canevas de roman ou de nouvelle »365. Dans ses portraits, Vauvenargues procède à l’analyse psychologique des personnages ; par sa morale, il pousse l’homme à exploiter son énergie afin d’accéder à la gloire : nous avons là les caractéristiques générales de ces deux romanciers. Plus communément, la critique du dix-neuvième compare Vauvenargues à Vigny : ‘« Vauvenargues est le soldat philosophe, comme Vigny est le soldat poète »’ 366. Ces deux soldats ont d’abord cherché la gloire par les armes mais ils n’ont trouvé que souffrance et déception, ce qui explique leur attitude méditative et mélancolique 367. Les deux écrivains admettent la « nécessité d’une religion comme base de la morale » mais sont « en proie à un doute affligeant »368.

‘« Pas plus que Vauvenargues, Vigny n’admet qu’on soit impitoyable. Ce qu’on démêle, au fond de son irréligion, c’est son refus d’admettre l’injustice divine, si la divinité était telle que la dépeignaient les Ecritures. C’est la répétition du thème qu’avait adopté Vauvenargues avec la prudence de forme que lui imposait son époque »369.’

Mais ils n’oublient pas « de quels secours est la foi dans la douleur »370. Vauvenargues et Vigny sont proches par leur destinée, leur carrière et leur préoccupation religieuse. Il y a, chez eux, le même sentiment d’avoir pris les armes au moment où elles étaient dépréciées et devenaient inutiles. Leur volonté d’action se voit réduite à néant et leur ambition est confrontée à l’indifférence. Cette profonde déception est à l’origine de leur changement de vocation. C’est pourquoi de nombreux critiques pensent que Vauvenargues aurait pu aussi écrire Servitude et grandeur militaires. Lorsque la critique imagine Vauvenargues au dix-neuvième siècle, elle le voit, tel Vigny, servir son pays par conviction politique, adhérer au mouvement romantique et faire preuve de modération dans ses idées et ses sentiments religieux. Baudrillart écrivait en 1855 que, si Vauvenargues avait vécu au dix-neuvième siècle, il aurait été un chercheur sincère de Dieu et de la vérité, un « doux martyr au milieu d’âmes en révolte »371. Le dix-neuvième siècle insiste sur son âme religieuse ; son oeuvre témoigne d’une recherche de Dieu. Il ne prône pas le renoncement chrétien mais il ne met pas non plus en doute toute croyance ou tout dogme . Il cherche à concilier la Foi, bienfaisante pour le malheureux, et la libre pensée qui permet à l’homme de s’émanciper. Dans cette recherche, il aurait trouvé sa place au dix-septième comme au dix-neuvième siècle ; seuls ses contemporains ne pouvaient pas le comprendre.

‘« Un siècle plus tard...mais à quoi bon faire des hypothèses puisqu’il y a Vigny. Un siècle plus tôt, Pascal se fût rué sur ce gibier de prédilection et l’eût, peut-être attiré à Port-Royal. Vauvenargues eût, dans les deux cas, trouvé chez les jansénistes ou chez les romantiques l’appui d’un groupe »372.’

Au dix-huitième siècle, Vauvenargues était voué à la solitude. Au dix-septième, son hésitation aurait été vaincue par la conviction de Pascal. Ainsi Vauvenargues représente l’évolution entre le dix-septième et le dix-neuvième siècle. Il conserve le respect de la foi, la sensibilité chrétienne et la gravité des classiques mais il ouvre la voie à l’analyse personnelle que Jean-Jacques Rousseau exploitera et transmettra aux romantiques. Vauvenargues est le « représentant des âmes nobles et tendres et le lien entre Fénelon et le romantisme de Jean-Jacques Rousseau »373. Les hommes du dix-neuvième siècle se reconnaissent comme les héritiers de la morale du dix-septième à travers Vauvenargues, c’est-à-dire, par l’intermédiaire d’un penseur qui humanise le christianisme et la réflexion morale des classiques en introduisant les notions d’expérience et d’analyse personnelle ainsi qu’une réhabilitation des passions. ‘« Vauvenargues ne réclame de nous l’instinct pratique que pour nous convier à la méditation profonde de nos intérêts moraux, à la connaissance délicate de notre être »’ 374. Si, comme ses contemporains, Vauvenargues réhabilite les passions, c’est pour aider l’homme à se découvrir. Comme le christianisme, la réflexion vauvenarguienne invite l’homme à une introspection mais dans le but d’une intégration sociale. Ainsi le moraliste s’est créé sa propre voie entre le dix-septième et le dix-huitième siècle. C’est dans cette voie que la postérité veut se reconnaître.

Ces comparaisons constantes du moraliste avec l’esprit et la littérature du dix-septième et du dix-huitième siècle permet à la postérité de dénoncer chez les uns et chez les autres ce qu’elle n’accepte pas et considère comme les excès de leurs pensées. Mais cette dénonciation se double d’une analyse réductrice qui fige la pensée de ces deux siècles sous des idées générales. Nous touchons là à la problématique que soulève la notion d’héritage. Vauvenargues représente la voie de la modération incomprise par les philosophes rendus responsables des événements révolutionnaires par la diffusion de leur pensée excessive. Il incarne ‘« l’idéal le plus achevé du philosophe », par sa modération, la « hauteur de ses vues »’, la ‘« grâce éloquente de son langage’ », sa noble attitude, sa gravité sereine et enfin « [l’]harmonie non troublée de sa doctrine et de sa vie »375. Vauvenargues correspond à ce que le dix-neuvième siècle attend d’un philosophe : humanité, libre pensée et respect des valeurs morales et sociales acquises. Son oeuvre et sa personnalité représentent une évolution intellectuelle et morale du dix-septième siècle dans laquelle le dix-neuvième accepte de se reconnaître et qui lui permet d’exclure, d’éradiquer, ce qu’il doit au dix-huitième siècle matérialiste, athée et révolutionnaire.

Vauvenargues idéalisé se voit donc attribuer le rôle du « bon ange de Voltaire » dont l’échec face à l’esprit diabolique du philosophe permet à la postérité d’exprimer sa haine et sa crainte envers le dix-huitième siècle ; la critique se plaît aussi dans la création d’un « Pascal humanisé » confiant en l’homme. On veut voir en Vauvenargues un penseur chrétien ou du moins respectueux envers le christianisme, humain, généreux et vertueux, capable d’associer une réflexion humaine et sociale à une interrogation métaphysique. Le dix-neuvième siècle cherche donc à créer, par l’intermédiaire de l’image du jeune moraliste, une voie parallèle à celle des philosophes dans laquelle elle puisse se reconnaître. Cette perspective rend compatible l’idée d’un Vauvenargues à la fois traditionaliste et annonciateur d’une modernité.

Notes
316.

« Discours préliminaire », édition Bonnier, pp. 205-207.

317.

Jules Barni, Les Moralistes français du dix-huitième siècle, p. 70.

318.

Edition Bonnier, maxime 219, p. 421.

319.

Notice de Suard, édition de 1806, p. 32.

320.

A. Feugère, « Rousseau et son temps : la littérature du sentiment au dix-huitième siècle », Revue des cours et conférences, p. 168.

321.

Des Lois de l’esprit. Florilège philosophique, 1997.

322.

Edition Bonnier, p. 201.

323.

Voir Jean Dagen, ouvr. cité, p. 8.

324.

Des Lois de l’esprit. Florilège philosophique, 1997, p. 14.

325.

Vauvenargues moraliste. La synthèse impossible de l’idée de nature et de la pensée de la diversité, 1993, voir partie III, chapitre V.

326.

« Vauvenargues et Fontenelle », Journal des savants, p. 556.

327.

« May Wallas, Luc de Clapiers, Marquis de Vauvenargues », R.H.L.F., p. 296.

328.

Etudes de philosophie morale et d’économie politique, p. 129-168.

329.

Les Moralistes français, « Préface ».

330.

Causeries du lundi, tome III, p. 112.

331.

Cerfbeer, « Eloge de Vauvenargues », Bibliothèque universelle de Genève, p. 182.

332.

Ibid., p. 177.

333.

André Le Breton, « Vauvenargues et Fontenelle », Journal des savants, p. 555.

334.

Jules Barni, Les Moralistes français du dix-huitième siècle, p. 62.

335.

Essai sur Vauvenargues.

336.

Ibid.

337.

Mercure de France, août 1806 (auteur anonyme), p.439.

338.

Ibid., p. 439.

339.

Ibid., pp. 439-440.

340.

Ibid., p. 440.

341.

Edition Bonnier, maxime 150, p. 414.

342.

Vauvenargues : « La raison nous trompe plus souvent que la nature », maxime 123, p. 412 ; « La raison ne connaît pas les intérêts du coeur », maxime 124, p. 412.

343.

La Philosophie des Lumières ; Ernest Cassirer constate une même approche de ce concept dans le Traité de Métaphysique, De L’Esprit et les Pensées philosophiques.

344.

Ibid., p. 129.

345.

Les Maîtres de la sensibilité française au dix-huitième siècle.

346.

Ibid., p. 48.

347.

Ibid., p. 49.

348.

« Un destin manqué : Vauvenargues », Littérature française. Le dix-huitième siècle, t. I, pp. 131-137.

349.

Ibid., p. 137.

350.

Auguste Galitzin, « Etude littéraire sur Vauvenargues », Bulletin du bibliophile, p. 5.

351.

« Etude littéraire sur Vauvenargues », Bulletin du bibliophile, p. 3.

352.

« Vauvenargues », Eloges littéraires et biographiques, p. 130-131.

353.

Ibid., p. 143.

354.

« Vauvenargues », Eloges littéraires et biographiques, p. 97.

355.

« Il me semble qu’on pourrait marquer dans le dix-huitième siècle, en France, deux époques parfaitement distinctes, celle dans laquelle l’influence de l’Angleterre s’est fait sentir, et celle où les esprits se sont précipités dans la destruction : alors les lumières ses sont changées en incendie, et la philosophie, magicienne irritée, a consumé le palais où elle avait étalé ses prodiges », De l’Allemagne, tome II, p. 108.

356.

Jacques Vier, Histoire de la littérature française, dix-huitième siècle, p. 788.

357.

« Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire », édition Bonnier, maxime 758, p. 476.

358.

Georges Ascoli, « Vauvenargues », Revue des cours et conférences, p. 836.

359.

Georges Ascoli cite la maxime 758 que Voltaire commente par « Faible ; poésie », (note 1, p. 476 de l’édition Bonnier) et la maxime 159, p. 415 : « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil de l’hiver ».

360.

Gustave Lanson, Le Marquis de Vauvenargues, p. 200.

361.

« La vie secrète de Vauvenargues », Revue des deux mondes, p. 468.

362.

La philosophie de l’inquiétude en France au dix-huitième siècle, pp. 197-199.

363.

La philosophie de l’inquiétude en France au dix-huitième siècle, p. 198.

364.

Le Marquis de Vauvenargues, p. 202.

365.

Ibid., p. 204.

366.

Emile Henriot, « Vauvenargues soldat philosophe », Courrier littéraire du dix-huitième siècle.

367.

Voir Georges Cavalucci, Vauvenargues dégagé de la légende, p. 403.

368.

Ibid., p. 403.

369.

Ibid., p. 405.

370.

Ibid.

371.

Etudes de philosophie morale et d’économie politique, pp. 167-168.

372.

Jacques Vier, Histoire de la littérature française, dix-huitième siècle, pp. 788-789.

373.

P. Chambry, introduction à l’édition des oeuvres de Vauvenargues de 1937.

374.

Emile Chasles, « Les confessions de Vauvenargues », La Revue contemporaine, pp. 543-544.

375.

Charles Des Guerrois, « Vauvenargues », Eloges littéraires et biographiques, pp. 145-146.