CHAPITRE V : VAUVENARGUES AVAIT-IL L’AME D’UN REVOLUTIONNAIRE ?

Le mythe vauvenarguien offre la possibilité, pour la postérité, de remettre en question la crédibilité des Lumières par une dénonciation simplificatrice de leur pensée. On les accuse d’avoir fomenté les événements révolutionnaires par la diffusion de leur pensée et on refuse de se reconnaître comme leurs héritiers. Les excès meurtriers de la Révolution et ses bouleversements sociaux sont la conséquence logique d’une décadence morale issue de la pensée des Lumières : l’homme abusé par la confiance subitement placée en lui détruit tout ordre social au nom de sa libération. Au contraire, la pensée de Vauvenargues représente une évolution plausible de l’esprit du dix-septième siècle. Il devient donc important au regard de la postérité de savoir comment il aurait réagi face aux événements révolutionnaires. Il partage des préoccupations sociales et politiques avec ses contemporains et développe une conception de la gloire et de l’action qui amènent à se demander auprès de quel parti Vauvenargues se serait engagé en 1789 et 1793. Pourrait-il être associé aux responsables de la Révolution ou est-il une victime de la coterie philosophique qui, par son indifférence, le condamne à l’oubli ?