II. LA LECTURE COMME JOUISSANCE.

Afin de déterminer plus précisément le rôle du lecteur dans les textes policiers d’Edgar Allan Poe, il nous faut donc maintenant appliquer la méthode proposée par Umberto Eco, à savoir une exploration poussée des processus de coopération textuelle du lecteur, ces processus comportant des implications apparemment anodines mais pouvant s’avérer riches de significations souterraines quant à la stratégie déployée par le texte. Notre but reste bien de définir la place et le rôle du lecteur dans le texte poesque, dans la mesure où ils sont prévus, « programmés » par ce texte, mais aussi parce que, d’un certain point de vue, le lecteur peut échapper à cette stratégie textuelle — peut-être même y est-il convié, paradoxalement, par le texte lui-même — pour découvrir d’autres voies de réalisation de sa lecture, une lecture qui serait alors d’un autre niveau, et que le sujet lisant s’approprierait avec d’autant plus de plaisir (d’autant plus de « jouissance » du texte)113 qu’elle constituerait une lecture en dépit des structures premières du texte.114

Notes
113.

Voir Roland Barthes, Le Plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973.

114.

Où « premières », bien sûr, ne désigne que les structures les plus apparentes et non les plus essentielles à une pleine « actualisation » du texte, selon la terminologie d’Umberto Eco.