C. Le positionnement de Holmes : une voie structurelle inédite.

Le fonctionnement du personnage de Holmes peut donc s’apparenter à celui d’un mystère identitaire qui recouvre et incarne un autre mystère, celui de la mort et de l’angoissante fusion représentées sous la forme de la dévoration. Il faut cependant encore s’interroger sur ce fonctionnement si particulier, fondé sur la projection des sentiments et des fantasmes — de Watson, surtout — sur le détective. Si Holmes permet à Watson de sortir du régime de la fusion, quelle perspective est-elle à l’origine de cette approche du fantasme ? Et que nous révèlent le statut et les actions de Holmes au sujet du concept central remis en cause par le régime de la fusion, c’est-à-dire le concept de l’identité ?

Nous avons vu que l’identité du détective est problématique, mais que pourtant cette identité « défaillante » permet à Watson, à travers un mécanisme projectif, d’aborder l’intrigue, avec ses résonances fantasmatiques, de façon différente, plus clairement. Or, jouant de son identité mal définissable, Holmes utilise souvent dans le roman un procédé que nous avons déjà décrit, et qui consiste à (se faire) passer pour autrui. Ainsi, il ne va pas détromper Watson lorsque celui-ci le prend pour un mystérieux « Man on the Tor » qu’il pense probablement responsable des exactions commises sur la lande. Mais surtout, et de manière plus délibérée, Holmes ment à deux reprises sur l’endroit où il déclare se trouver. Lorsque Watson et sir Henry quittent Londres pour le Devonshire, Holmes prétend devoir rester dans la capitale pour mener une enquête alors qu’il va en fait se cacher sur la lande pour suivre les événements. Il agit ainsi à dessein :

‘Had I been with sir Henry and you it is evident that my point of view would have been the same as yours, and my presence would have warned our very formidable opponents to be on their guards. (p. 741)’

De même, lorsque, après avoir été découvert par Watson sur la lande, il décide d’utiliser sir Henry comme « appât » pour prendre Stapleton sur le fait, il prétend devoir retourner à Londres alors qu’il va demeurer sur les lieux pour piéger le criminel :

‘His plan of campaign was beginning to be evident. He would use the baronet in order to convince the Stapletons that we were really gone, while we would actually return at the instant when we were likely to be needed. (p. 752).’

Cette attitude évoque de nouveau la description du détective dès les premiers mots du roman :

‘Mr Sherlock Holmes, who was usually very late in the mornings, save upon those not infrequent occasions when he stayed up all night, was seated at the breakfast table. (p. 669)’

Ici encore, Holmes ne se trouve jamais où on l’attend : il est sur la lande quand on le croit à Londres, et il vit la nuit pour dormir la matinée. S’il ne s’agit pas à proprement parler de mensonge sur l’identité, la difficulté à localiser la personne du détective s’apparente bien à ces cas d’erreur sur l’identité, où un personnage prend tel individu pour un autre, car l’effet est fort similaire — il est impossible de définir une identité par sa localisation. Holmes, à travers ses remarques parfois décousues, change souvent de tempérament ; il change aussi facilement de lieu : son identité ne connaît, pourrait-on dire, ni unité de temps (elle est différente selon les périodes), ni unité de lieu. Néanmoins, le détective fait ici preuve d’une certaine maîtrise de l’intrigue, car c’est bien lui qui décide de tromper autrui afin d’arriver à ses propres fins, si bien que nous quittons alors le domaine de la fusion, de l’indifférencié, où l’identité se brouille sans raison ni but, pour une utilisation délibérée de la confusion des êtres, des identités et des lieux qui leur sont attachés.

Ainsi, il est possible de lire un jeu sur l’identité, à travers l’apparente non-identité de Sherlock Holmes, qui trompe les autres personnages à dessein. Mais ce jeu sur le lieu où déclare se trouver Holmes renvoie également à une autre caractéristique du détective qui est moins de l’ordre du jeu que de l’ordre de l’identification véritable. En effet, se voir attribuer une localisation, un lieu, c’est aussi se définir en termes de position par rapport à autrui : si Holmes prétend quitter le Devonshire pour Londres (p. 752), c’est pour se positionner hors de Baskerville Hall, pour que sir Henry se croie abandonné et que Stapleton pense son heure venue : ‘« I saw by the baronet’s clouded brow that he was deeply hurt by what he regarded as our desertion. »’ (p. 751). Or, il va s’avérer que la position qu’adopte Holmes peu à peu au cours du roman constitue une alternative au régime de la fusion tel que nous l’avons décrit ; cette alternative va porter tout le sens de la démarche et du point de vue du détective.

Le positionnement par rapport à autrui, dans le régime de la fusion, se définit bien entendu par la négation de la différence entre soi et autrui, que cette négation prenne la forme d’une dévoration de l’autre ou, ce qui est équivalent dans l’inconscient et à un niveau « fantasmatique »,263 d’une dévoration par l’autre. Aussi peut-on avancer que Stapleton et Watson sont tous deux dans le régime de la fusion, malgré leurs différences manifestes. Cette position trouve une expression particulière à travers certaines pulsions relevant du voyeurisme dans le texte. En effet, Stapleton et Watson, lors de leur première rencontre, assistent à la mort d’un poney sauvage, englouti dans le Great Grimpen Mire, et ils se trouvent donc tous deux dans la position du voyeur, fascinés par ce qu’ils contemplent, même si leurs réactions respectives montrent bien qu’ils n’appréhendent pas la situation de manière identique : ‘« It turned me cold with horror, but my companion’s nerves seemed to be stronger than mine. »’ (p. 708). De même, Mr Frankland, le père de Laura Lyons, passe son temps à observer les gens sur la lande, ce qui semble lui procurer beaucoup de plaisir — du moins c’est ce qui ressort du récit de Watson, qui au chapitre 11 partage cette activité de voyeur avec Frankland :

‘“Come, sir, come!” cried Frankland, rushing upstairs. “You will see with your own eyes and judge for yourself.”
The telescope, a formidable instrument mounted upon a tripod, stood upon the flat leads of the house. Frankland clapped his eyes to it and gave a cry of satisfaction. (p. 737-738)’

Ce voyeurisme s’apparente au régime de la fusion dans la mesure où il s’inscrit dans une relation duelle (un pôle regardant versus un pôle regardé) qui nie précisément l’intégrité et l’intimité d’autrui. Celui qui regarde ne fait plus la distinction entre lui-même et autrui, et l’une des conséquences de ce régime de la fusion dans lequel vivent ces personnages est l’indistinction qui touche non seulement leur relation aux autres mais aussi leur propre identité. Contrairement à Holmes, qui n’a pas d’identité définie, Frankland et Stapleton, eux, présentent une ambivalence qui rend leur identité contradictoire. Ainsi, même si son attitude se justifie pour des raisons diégétiques, Stapleton se contredit dans sa relation avec Laura Lyons :

‘“And then after you had sent the letter he dissuaded you from keeping the appointment?” [...]
“He appears to be a very consistent character. [...]” (p. 753)’

De même, le procédurier Frankland ne peut se voir attribuer d’identité cohérente, mais au contraire il provoque des réactions contradictoires qui donnent de lui une image tantôt bonne tantôt exécrable.

‘Sometimes he will shut up a right of way and defy the parish to make him open it. At others he will with his own hands tear down some other man’s gate and declare that a path has existed there from time immemorial, defying the owner to prosecute him for trespass. He is learned in old manorial and communal rights, and he applies his knowledge sometimes in favour of the villagers of Fernworthy and sometimes against them, so that he is periodically either carried in triumph down the village street or else burned in effigy, according to his latest exploits. (p. 714-715)’

La relation duelle qui est celle du voyeur et de l’objet de son regard s’avère donc caractéristique du régime de la fusion, et de l’indifférenciation qui en découle. La position de Holmes est en revanche tout à fait différente, voire opposée, puisqu’elle ne ressortit pas à la dualité mais bien plutôt à une triangulation dans les rapports à autrui. En somme, le détective cherche constamment à se situer dans un triangle relationnel dont il s’efforce d’acquérir le contrôle. Ainsi, dès la poursuite en fiacre de Stapleton, à Londres, le lecteur est confronté à une relation de cet ordre : sir Henry et le docteur Mortimer sont suivis par Stapleton, lui-même suivi par Holmes et Watson. Ce n’est que l’empressement du détective à apercevoir le coupable qui fait échouer sa poursuite : ‘« “There’s our man, Watson! Come along! We’ll have a good look at him, if we can do no more.” »’ (p. 690). D’autres exemples viennent ensuite renforcer cette figure du triangle, même si Holmes n’est pas présent : il s’agit néanmoins d’une figure récurrente dans le texte, qui prépare le lecteur à aborder la perspective holmesienne, opposée à celle de Stapleton, par exemple, caractéristique de la fusion. Ainsi, au chapitre 7, Beryl Stapleton tente vainement de prévenir Watson, qu’elle prend pour sir Henry, du danger qui le menace, et ceci à l’insu de son mari ; au chapitre 9, Stapleton et Watson espionnent Barrymore, lui-même secrètement en train d’envoyer des signaux lumineux à son beau-frère, Selden, qui se cache sur la lande. Dans le même chapitre, Watson observe en cachette Stapleton qui lui-même épie sir Henry lorsqu’il fait sa cour à Beryl ; et lors de la poursuite de Selden à travers la lande, sir Henry prononce à l’attention de Watson cette phrase significative : ‘« We are after the convict, and a hell hound, as likely as not, after us. »’ (p. 725).

Le point culminant de cette « triangulation » relationnelle, annoncé par ces divers exemples, est atteint bien entendu à la fin du roman, lorsque Holmes « organise » la poursuite de sir Henry par le chien de Stapleton, de manière que l’héritier des Baskerville sorte indemne de cet incident. Ici encore, sir Henry est poursuivi par le chien, lui-même traqué par Holmes, Watson et les policiers appelés en renfort. Cependant, Holmes a cette fois le contrôle de la situation et abat le monstre avant que celui-ci ne dévore sir Henry. Plusieurs éléments confirment nos analyses, dans ce chapitre 14 : tout d’abord, l’action de Holmes vise bien à sortir du régime de la fusion, à en abattre le symbole, et ceci dans un contexte particulièrement significatif, puisque l’ennemi que les policiers, et Holmes, doivent affronter, n’est pas seulement le chien mais aussi le Great Grimpen Mire et ses émanations brumeuses qui brouillent les contours de la réalité :

‘I have said that over the great Grimpen Mire there hung a dense, white fog. It was drifting slowly in our direction, and banked itself up like a wall on that side of us, low, but thick and well defined. The moon shone on it, and it looked like a great shimmering icefield, with the heads of the distant tors as rocks borne upon its surface. Holmes’s face was turned towards it, and he muttered impatiently as he watched its sluggish drift.
“It’s moving towards us, Watson.” (p. 755-756)’

Cet élément diégétique confirme donc bien que c’est l’indistinction et le flou fusionnel qui sont au coeur du combat mené par Holmes : à travers une configuration triangulaire, qui est en fait celle de l’ordre symbolique, le détective instaure un troisième pôle qui permet de sortir de l’imaginaire fusionnel caractérisé par la dualité. Holmes reprend en cela une spécificité du personnage de Dupin qui se définit lui aussi, dans The Purloined Letter, comme terme tiers placé, dans les relations intersubjectives du conte, au lieu du symbolique, là où il peut faire jouer le signifiant et mettre en jeu les substitutions. Comme Dupin échange une lettre pour une autre, Holmes échange une place pour une autre, il joue des identités des personnages ; il les substitue les uns aux autres et, ce faisant, les manipule comme des signifiants dont il prétend avoir le contrôle — vision que d’autres éléments infirment cependant, nous le verrons.264 Ainsi, dans la répétition de la poursuite de Selden par le Chien, Holmes fait jouer le rôle de l’évadé à sir Henry, celui qui était visé d’emblée dans le projet criminel de Stapleton. Pus tôt dans le roman, Holmes a aussi pris soin de se faire « remplacer » par Watson pour mener l’enquête à sa place, en apparence tout au moins. D’autre part, il semble clair que la poursuite de sir Henry par le chien, poursuite orchestrée par Holmes, procède d’une volonté de maîtrise qui répète une scène traumatisante pour Holmes et Watson, c’est-à-dire la découverte du corps de Selden par le détective et le narrateur, au chapitre 12. Les deux personnages avaient tout d’abord pris ce cadavre pour celui de sir Henry, et la poursuite du chapitre 14 contribue à euphémiser l’angoisse de cette découverte, a posteriori, en répétant un scénario antérieur sans lui donner la fin tragique qu’il comportait précédemment. Cette volonté de maîtrise ressortit bien sûr à la fin d’une crise oedipienne par le processus de triangulation qui permet à l’enfant de se détacher de sa relation fusionnelle avec le parent de sexe opposé et de trouver sa propre position, son identité sexuelle spécifique en dehors, ou à côté, du couple parental. Cet aspect du roman contribue encore à renforcer l’interprétation de l’intrigue comme rite initiatique d’entrée dans l’âge adulte et d’acquisition de l’identité, notamment en ce qui concerne sir Henry : ‘« The story of the Stapletons could no longer be withheld from him, but he took the blow bravely when he learned the truth about the woman he had loved. »’ (p. 759).

Enfin, d’autres éléments vont confirmer nos analyses quant à cette sortie d’un régime fusionnel. Ainsi, il faut remarquer que la description du chien utilisé par Stapleton nous apporte des informations intéressantes sur les interprétations que nous venons de proposer :

‘In mere size and strength it was a terrible creature which was lying stretched before us. It was not a pure bloodhound and it was not a pure mastiff; but it appeared to be a combination of the two—gaunt, savage, and as large as a small lioness. (p. 757).’

Watson voit dans l’animal une féminité (« lioness ») que rien ne justifie, si ce n’est, comme nous l’avons dit, un schéma caractéristique de la crise oedipienne, où le fils, sujet du désir dans une relation fusionnelle avec la mère, devient aussi, fantasmatiquement, objet du désir, puisque les barrières entre sujet et objet disparaissent, et où la féminité prend un aspect dévorateur que l’on peut observer ici. En d’autres termes, le régime fusionnel oedipien nie la distinction entre soi et l’Autre, et donc « manger » revient à « être mangé ». Cette indistinction se retrouve dans l’aspect hybride de l’animal, dont la véritable nature reste difficile à déterminer : ‘« It was not a pure bloodhound and it was not a pure mastiff; but it appeared to be a combination of the two. »’ (p. 757). Cette description rappelle de manière frappante celle d’un autre animal, le chien du docteur Mortimer, que l’on retrouvera dévoré par le chien de Stapleton :

‘“[...] So your grave, middle-aged family practitioner vanishes into thin air, my dear Watson, and there emerges a young fellow under thirty, amiable, unambitious, absent-minded, and the possessor of a favourite dog which I should describe roughly as being larger than a terrier and smaller than a mastiff.” (p. 670-671)’

Que dire de cette similitude, sinon qu’elle suggère une troublante identité entre les deux créatures, comme si le chien de Stapleton n’était rien d’autre que l’image sauvage et démesurée d’une animalité au départ apprivoisée, sous le contrôle de l’homme ? Cette peur de l’animalité, du retour au primitif, représente ici l’angoisse de la fusion cannibale — le chien de Mortimer sera dévoré par l’Autre en lui, par l’autre chien dont il partage les caractéristiques — ; c’est cette angoisse que Holmes s’emploie à canaliser, à contrôler et, finalement, à euphémiser.

Il faut cependant apporter une nuance à cette vision d’un détective victorieux face à l’angoisse et à la fusion qui lui est liée. En effet, l’intrigue de The Hound of the Baskervilles repose, nous l’avons vu, sur le combat mené par Holmes contre les pulsions primitives incarnées, notamment, dans le marécage dévorateur, mais il semble bien ardu de déterminer dans quelle mesure le dénouement du texte voit la victoire ou la défaite des instances qui représentent ces pulsions primitives. Ainsi, selon Christopher Clausen :

‘By the end of the story, the rational mind is back on its throne, and the spectral hound is only a dead dog. But the outcome does not erase the impression of horror and unreason that has been so powerfully built up. Nor is it easily reached. Before it comes, Holmes must undergo an initiation by living on the moor, actually sleeping on the stone bed of vanished prehistoric inhabitants, and Sir Henry must confront the Hound alone, an experience that costs him a nervous breakdown. The forces of order and civilization are pitifully weak. The soldiers never come close to capturing the convict; indeed, they never appear again in the story. The police are never in evidence until Holmes summons them at the end. The local embodiment of the law is ridiculous: an eccentric landowner who indulges in petty lawsuits as a sport. No clergyman ever calls at Baskerville Hall. Dr. Mortimer is amiable but perenially baffled. And Stapleton, the man of science, proves to be the trainer of the Hound, the murderer of Sir Charles, the disguised next heir to the baronetcy, and a throwback to the most evil of the Baskervilles.
The Hound of the Baskervilles is in fact a story of throwbacks from beginning to end. Civilization is not merely fragile; its representatives are paralysed. (p. 119)265

De la même manière, le travail de Holmes semble sans fin puisqu’il lui faut toujours lutter contre le crime — image du régime de la fusion primitive et dévorante — sans jamais, apparemment, remporter de victoire décisive :

‘So each of my cases displaces the last, and Mlle. Carère has blurred my recollection of Baskerville Hall. To-morrow some other little problem may be submitted to my notice which will in turn dispossess the fair French lady and the infamous Upwood. (p. 761, chapitre 15)’

Cet aspect inachevé de la quête du détective — et plus généralement le demi-échec des forces de la civilisation face aux pulsions primitives — peut bien sûr se rattacher à la dialectique du récit impossible, qui lui aussi met en lumière l’incompatibilité entre le réel et le langage, entre la pulsion criminelle et la narrativité «  rationnelle » censée en rendre compte. Cependant, cet aspect du texte signe aussi son « ouverture » vers d’autres textes, puisque les enquêtes menées par Sherlock Holmes doivent sans cesse être renouvelées, réinventées, afin de cerner toujours de plus près un objet mystérieux et finalement indicible, qu’il s’agisse du crime ou de la pulsion primitive qui s’y rattache. Paradoxalement, donc, ce demi-échec de la civilisation prélude à l’éternel recommencement de la fiction, à l’exploration sans cesse renouvelée des voies de l’écriture, afin de proposer de nouvelles stratégies narratives visant à euphémiser l’angoisse et à contrecarrer le régime pulsionnel favorisant le crime et, au-delà, la perte de soi.

Notes
263.

Voir ce que dit Freud au sujet du rêve dans Introduction à la psychanalyse, IIème partie, chapitre 11, « L’élaboration du rêve », Paris, Payot, 1966, traduit de l’allemand par le Dr S. Jankélévitch, 496 pages :

Une des constatations les plus étonnantes est celle relative à la manière dont le travail d’élaboration traite les oppositions existant au sein du rêve latent. Nous savons déjà que les éléments analogues des matériaux latents sont remplacés dans le rêve manifeste par des condensations. Or, les contraires sont traités de la même manière que les analogies et sont exprimés de préférence par le même élément manifeste. C’est ainsi qu’un élément du rêve manifeste qui a son contraire peut aussi bien signifier lui-même que ce contraire, ou l’un et l’autre à la fois, ce n’est que d’après le sens général que nous pouvons décider notre choix quant à l’interprétation. C’est ce qui explique qu’on ne trouve pas dans le rêve de représentation, univoque tout au moins, du « non ». (p. 196)

264.

En cela aussi, Sherlock Holmes se rapproche du Chevalier Dupin, dont la maîtrise sur le signifiant est en partie illusoire.

265.

« Sherlock Holmes, Order, and the Late-Victorian Mind », The Georgia Review, Athens (USA), vol. 28, numéro 1, 1984, pp. 104-123.