III. LA MÉTHODE HOLMESIENNE ET SES PRÉSUPPOSÉS.

Nos analyses précédentes ont montré que le personnage de Sherlock Holmes représente une alternative au régime de la fusion, notamment par la triangulation « maîtrisée » qu’il instaure au cours de la scène finale qui répète et euphémise une scène antérieure où se jouait l’indistinction des rôles (c’est-à-dire la scène de la découverte du cadavre de Selden).266 En effet, cette scène (qui se trouve au chapitre 12) représente l’échec possible de la mission confiée à Watson et de l’enquête menée par Holmes, puisque le Chien réussit à dévorer celui qu’il a pris pour sir Henry. C’est cet échec et ce versant possible de la victoire du régime fusionnel que le détective va chercher à conjurer à travers la répétition, au dernier chapitre, de la poursuite de sir Henry par le Chien — mais il s’agit alors d’une répétition maîtrisée, orchestrée par Holmes lui-même. Ainsi, le détective propose une voie autre que celle de la fusion, et donc il se place du côté de l’identité, non de l’indistinct : tout le problème va maintenant être de déterminer précisément cette identité, ce système que Holmes, par les méthodes que nous avons mises en lumière, avance en lieu et place du régime de la fusion. Quels sont les fondements et les présupposés qui lui permettent de proposer une autre approche des rapports intersubjectifs ?

Notes
266.

Plus généralement, nous pouvons également remarquer que toute l’intrigue du roman reprend l’histoire de sir Charles, attiré dans le piège que lui avait tendu Stapleton par son amour pour Laura Lyons : ainsi, sir Henry lui aussi se laisse prendre au piège par Stapleton, notamment à cause de son amour pour Beryl. Cependant, il va être secouru par Holmes et la police au dernier moment, de sorte que l’intrigue répète bien une histoire antérieure en lui donnant une fin différente, mécanisme classique d’euphémisation de l’angoisse.