I-2-3 - Information et connaissance

L’information est liée au savoir, à la connaissance ou vue comme quelque chose qui crée du savoir Elle est cependant distincte du savoir car elle est fragmentée et parcellaire, et est temporalisée. L’information est véhiculée par un flux de messages et elle est acquise par ce qui est dit. Au contraire, la connaissance est cohérente (voir même universelle), elle garde son sens dans le temps, elle est stockée, et est acquise par ce qui est pensé. ‘« L'information-contenant est le support de la connaissance-contenu. Ainsi, « informer est une activité dans laquelle la connaissance intervient. Savoir est le résultat d’avoir été informé’  » 15  » (Machlup, 1980). ‘« De ce point de vue, il ressort que toute information représente de la connaissance, mais que la réciproque n'est pas fondée.’  » 16

Nous définirons la connaissance comme ‘« un ensemble de procédures et de structures qui permettent à un acteur d'utiliser son savoir pour modifier son rapport au monde »’. (J.Forest et J.P. Micaelli cités dans [AUM95]). Nos états de connaissance sur un sujet donné, à un moment donné, sont représentés par une structure de concepts liés par des relations : c'est notre image du monde. Lorsque nous constatons une déficience ou une anomalie de cet (ou ces) état(s) de connaissance, ce que Belkin [BEN97] a appelé le « ASK », nous essayons d'obtenir une ou des informations qui vont annuler cette anomalie. Il en résultera un nouvel état de connaissance.

Nous n’avons pas à trancher ou faire un choix entre ces divers aspects de l’information. Nous pouvons juste nous positionner dans un sens ou dans l’autre suivant la manière dont nous allons l’appréhender et la traiter. La forme de l’information traitée étant circonscrite aux textes, et éventuellement aux images, et pictogrammes, nous laissons de côté la notion d’action. En effet, sentir une secousse sismique n’est pas dans notre cas de l’information utilisable. Nous laissons aussi de côté l’analyse de la structure physique pour la transmission de l’information. Nous rejoignons ici la définition de Le Coadic : ‘« L'information est une connaissance inscrite (enregistrée) sous forme écrite (imprimée ou numérisée), orale ou audiovisuelle. [...] L'information comporte un élément de sens. C'est une signification transmise à un être conscient par le moyen d'un message inscrit sur un support spatio-temporel : imprimé, signal électrique, onde sonore, etc. Cette inscription est faite grâce à un système de signe (le langage), le signe étant un élément du langage qui associe un signifiant à un signifié : signe alphabétique, signe de ponctuation. [...] Le but de l'information reste l’appréhension de sens ou d'êtres dans leur signification, c'est à dire le reste de la connaissance ; la transmission du support, de la structure en étant le moyen.’ » 17

Dans le cadre de la recherche d’information où nous nous situons, nous exploiterons bien sûr le côté contenu et connaissance en essayant de l’estimer. Les divers enregistrements d’une base de données contiennent bien de l’information qui est codée et stockée. Ce code pourrait être le moyen d’en estimer le contenu. Nous pourrions nous intéresser par exemple au calcul du « contenu informationnel » d’un texte, comme l’a fait Salton, en attribuant des poids à chacun des mots du texte en fonction de leur fréquence d’apparition. Cependant, l’information prend un sens particulier relativement à un lecteur. Nous considérerons donc l’information essentiellement du point de vue de l’utilisateur, comme étant ce qu’il comprend, ou bien ce qu’il apprend en lisant. ‘« L’information est associée à une transaction entre le texte et le lecteur, l’enregistrement et l’utilisateur. C’est ce que l’utilisateur comprend de l’enregistrement pendant le temps où ces deux derniers sont en contact.18 ’ » [TAG95]

A cette prise en compte cognitive de l’information, nous devons ajouter un paramètre ; sa fonction d’usage. L’information est en effet recherchée pour combler un besoin informationnel, mais elle est aussi recherchée pour être utilisée dans un but particulier, pour un usage spécifique.

Dans le cadre de notre étude, nous privilégierons plutôt cet aspect. En effet, rappelons que le principe sur lequel s’appuie Profil-Doc est précisément de fournir une information pertinente par rapport à la requête de l’utilisateur, c’est à dire pertinente en sens, mais aussi en concordance avec l’usage qu’il souhaite en faire19.

Notes
15.

« to inform is an activity by which knowledge is conveyed. To know may be the result of having been informed »

16.

J.L. Le Boulch et P. Le Floch - Les paradoxes de l'information: réflexion sur les problèmes d'appropriation et de circulation de l'information technologique. In: L'information face au changement technique sous la direction de BES M. P et LEBOULCH J. L. Paris :L'Harmattan - 1993 - pp 25-63.

17.

Le coadic Yves-François - La science de l'information . Paris : PUF - 1994 - 127 p

18.

« Information is associated with a transaction between text and reader, between a record and a user. It is what the user understands from the record during the time user and record are in contact. »

19.

Rappelons brièvement le principe de caractérisation de l’utilisateur dans le système Profil-Doc. Préalablement à toute requête l’utilisateur va se définir, c’est à dire qu’il va entrer son « profil ». Il décrira son niveau éducationnel (maîtrise, DEA, recherche), son champ disciplinaire, l’étape de sa recherche (bibliographie, définition du sujet, expérimentation,...) et le type de recherche (pointue ou généraliste) qu’il souhaite effectuer. Ces quatre caractéristiques vont permettre de définir le but pour lequel il effectue une recherche d’information et ainsi de circonscrire les types d’informations les plus adéquates pour qu’il puisse mener à bien son action de recherche. Pour plus de détail on pourra se reporter au chapitre III.