I-3-1 - L'approche systémique

Dans la théorie générale des systèmes, l’approche systémique propose de représenter (de modéliser) dans sa globalité un ensemble auquel on s'intéresse sous la forme d'un système. Un système (au sens donné par J. de Rosnay) est un ensemble d'éléments en interaction visant à atteindre un certain objectif. C'est un moyen de représenter une certaine réalité ; en faisant abstraction du fonctionnement précis de chaque élément on peut mettre l'accent sur son comportement dans l'environnement où il se situe. On le représentera schématiquement comme une « boîte noire » qui, soumise à des entrées imposées par l'environnement du système, les transforme en des sorties satisfaisant des critères de performances. Le système s'efforce d'atteindre ces critères par des mécanismes de régulation. « Un système est en interaction avec son environnement par les entrées/sorties ou les perceptions/réponses » [ROB92].

Les premiers tests d’évaluation, comme le test de Cranfield [CLE62] (1962), ont uniquement considéré cet aspect de « boite noire », le système étant une entité indivisible. Les questions en entrée étaient contrôlées, et les réponses fournies étaient analysées par un juge extérieur comme pertinentes ou non pour une question.

message URL FIG002.gif
Figure I-2: Un système « boite noire »

Actuellement, cette interprétation du diagramme est dépassée. En effet, les développements récents des systèmes de recherche rendent caduc un raisonnement si simple. Les avancées techniques ont permis d’avoir des systèmes de plus en plus interactifs, ainsi, l’image simple de l’alimentation de la machine par une question suivie d’une réponse qui clôt le processus n’est plus suffisante. Pour comparer divers systèmes ou stratégies, nous devons donc aussi prendre en compte ce processus d’interaction, c’est à dire l’ensemble du cheminement de l’utilisateur lors de sa recherche. Cette analyse doit s’appuyer sur des critères temporels. En effet, un utilisateur qui repose la même question après un certain intervalle de temps, n’attendra pas les mêmes réponses. L’état de son savoir aura été modifié par ce qu’il aura lu de sa première requête ou, d’une manière informelle, par des discussions avec ses collègues à ce propos. De plus, il aura « appris » à se servir du système. Nous ne devons donc pas considérer la résolution d’un besoin lié à une seule intervention isolée. Nous devons prendre en compte l’ensemble des requêtes et actions faites sur le système pour un utilisateur particulier qui a un besoin particulier.

En outre, dans un souci d’optimisation du système il faut parvenir à diagnostiquer la performance, en terme de recherche, de chacun des modules du système.

Nous voyons donc qu’il faut considérer le système d’une manière plus large. Si nous reprenons le modèle de Roberston et al [ROB92], nous pouvons considérer le système comme une association entre le mécanisme de recherche d’information - « la machine » - et l’activité humaine qui permet d’aboutir à l’information trouvée (le processus de recherche, l’indexation,...) l’entrée restant toujours la requête initiale, la sortie étant composée des documents réponse et du processus qui a permis de les trouver.