Type de l’unité documentaire

Le type de l’unité s’appuie sur la structure des documents. Quelle est l’utilité de structurer les documents pour l’auteur ainsi que pour le lecteur? Le premier a besoin de mettre en oeuvre un enchaînement explicite d’idées pour faire passer son message (résultats de recherche, etc.). L’écrit scientifique doit être en fait une traduction fidèle de la démarche adoptée. Le chapitre, le paragraphe, etc. ne sont que des trames pour illustrer l’approche scientifique adoptée. D. Lewis, cité dans [BEN97], dans son analyse de la convention, parle de régularités d’écriture (en soulignant qu’il peut exister d’autres régularités d’écriture). En fait ce n’est pas un hasard si la structuration des écrits des sciences de type empirico-formel diffère de celles de type herméneutique. Le processus de lecture n’est pas naturel et régulier dans l’absolu, il change en fonction de la tâche à réaliser (ex. mise à jour des connaissances, réalisation d’une expérimentation, ...), de ses contraintes (temps disponible, ...), du document à consulter ; en résumé de la situation de lecture. Le lecteur opère souvent à l’inverse de l’auteur de la structure vers les idées véhiculées. C’est ainsi que la structure devient un outil de vérification de la cohérence d’un texte. Le lecteur averti, suivant son besoin, commence à repérer les parties du document qui l’intéressent, puis au sein de chaque partie il localise les passages dont il a besoin.

Notre hypothèse est qu'un document entier a une cohérence puisqu'il est construit pour faire passer un message : résultat de synthèse, nouvelles pistes de recherche etc. Dans le contexte documentaire, il est intéressant d’exploiter la possibilité de consultation de parties isolées du document scientifique. C’est pour cette raison que nous avons pris la décision de découper le document (article, etc.) en parties «sémantiquement indépendantes». Le découpage est indépendant du support (article, ouvrage, ), du type de l’article et de l’environnement éditorial. Chaque type d’unité documentaire remplit généralement une fonction donnée, toutes ne sont pas obligatoires, et certaines d’entre elles sont répétables à l’intérieur d’un même document. Nous avons identifié les quatorze types d’unités suivants:

  • résumé (explicite)

  • introduction (explicite),

  • description du contexte (implicite),

  • description du thème (implicite),

  • description de la méthode (implicite),

  • environnement (implicite),

  • développement (implicite),

  • expérimentation (implicite),

  • résultats (implicite),

  • discussion (implicite),

  • conclusion (explicite),

  • bibliographie (explicite),

  • table des matières (explicite),

  • annexes (explicite).

Une unité explicite est désignée par l’auteur au moment de la rédaction, par exemple, l’unité «bibliographie», qui se distingue des autres unités par le style de son texte (normes de catalogage) et la nature de l’information véhiculée (information référentielle), est généralement placée à la fin du document et désignée par son titre «bibliographie». Le repérage des unités explicites ne devrait donc pas présenter de problèmes.

En revanche, les unités implicites ne portent pas forcément des titres tels que développement, environnement, etc.; et nécessitent par conséquent le repérage de quelques marqueurs90 pour décider de quel type d’unité documentaire il s’agit. Nous ne pouvons en effet pas uniquement nous baser sur les titres qu’attribue l’auteur car ils représentent le contenu de l’unité documentaire et non pas sa fonction informative. Nous entendons par fonction informative, ce que l’unité est sensée implicitement apporter comme information. Par exemple, la partie introduction d’un article original a, en règle générale, pour fonction d’indiquer pourquoi l’auteur a traité un sujet particulier, le contexte dans lequel il sera abordé, la démarche adoptée et les liens avec l’actualité de la recherche. Cette fonction est indépendante du sujet traité et du contenu.

En consultant l’introduction, le lecteur prévoit le type d’information qu’elle renferme quel que soit le thème traité par l’article. Il sait par exemple qu’il n’y trouvera pas les détails de l’expérimentation.

Cette constatation reste valable pour d’autres parties de l’article qui ont, elles aussi, des fonctions informatives bien définies.

Les unités explicites (introduction, résumé, etc.) ont des fonctions informationnelles connues de l’auteur et du lecteur. On parlera de fonctions informationnelles «conventionnelles». Nous allons les préciser et décrire les fonctions informationnelles que nous attribuons aux unités implicites.

Notes
90.

Il ne s’agit pas forcément des marqueurs linguistiques. Nous y reviendrons quand nous aurons à définir les différents types d’unités documentaires.