Forme discursive du texte

Dans le cadre du projet Profil-Doc, il est pertinent de décrire les unités documentaires par leur forme discursive. Ben Abdallah établit un lien entre le type de texte, la tâche à réaliser et la nature de la représentation. Prenons l’exemple d’un utilisateur qui est dans une situation d’interprétation des données, c’est le texte argumentatif qui répondrait le mieux à son besoin.

Reste à déterminer comment effectuer une typologie des textes. Les travaux des linguistes sur la question se partagent entre le repérage des marqueurs linguistiques et la référence à la situation de communication.

Selon Beaugrande et Dressler (cités par Rastier dans [BEN97]) : les textes descriptifs ‘« servent à remplir des espaces de savoir dans lesquels les centres de contrôle sont des objets ou des situations’  »; les textes narratifs sont ‘« ceux qui disposent dans un ordre séquentiel des actions et des événements »’ ; enfin les textes argumentatifs sont ‘« ceux qui favorisent comme vraie versus fausse ou positive vs négative l'acception ou l'évaluation d'idées ou de convictions déterminées ’ ». Selon Rastier [BEN97] « La dominance d'une fonction permettrait certes de distinguer trois types de textes,.../... Mais en fait Beaugrande et Dressler sont contraints de faire appel à des connaissances encyclopédiques sur la situation de la communication : la fiche technique d'un projecteur de diapositives contient, par exemple, des éléments typiques de textes argumentatifs mais relève principalement de la fonction descriptive parce qu'elle a pour but de décrire l'usage et le maniement d'un appareil donné.  92 »

Ben Abdallah leur oppose Combettes qui conteste le parallélisme « simple » entre une intention donnée et une marque linguistique. C’est une combinaison de faits de langue d’ordres différents qui peut déterminer un type donné de texte. En résumé, la forme discursive du texte est déterminée par la fonction informative du texte, les différents faits de langue utilisés et la situation de communication.

Sur le plan linguistique, en se limitant à l’information scientifique et technique, la relation argumentative est déterminée généralement par trois éléments : une assertion de départ (donnée, prémisse), une assertion d’arrivée (conclusion, résultat) et une ou plusieurs assertions de passage qui permettent de passer de l’une à l’autre (preuve, argument). Un texte argumentatif sera repéré par de nombreux connecteurs logiques.

Ben Abdallah définit sept relations logiques : la conjonction, la disjonction, la restriction, l’opposition, l’implication, l’explication et l’hypothèse. Chaque relation logique est exprimée par des connecteurs donnés. Nous les considérerons comme des marqueurs caractérisant le texte argumentatif (cf. tableau III-3).

Tableau III-3 : Forme discursive du texte
Relations logiques Marqueurs
Conjonction et, avec
Disjonction ou
Restriction mais, bien que, cependant, même si, en supposant que, admettons que, je concède que, néanmoins, il reste que, par ailleurs, pourtant
Opposition pendant que, tandis que, alors que
Implication si, tout ce qui, seul, à condition que, pour autant que, dans la mesure où, pourvu que, dans la mesure où
Explication si, parce que, de sorte que, pour, afin que, dans le but de, en vue de, de manière que, ainsi, donc, de sorte que, parce que, comme, car, sous prétexte que, à condition que, dès lors que, aussi
Hypothèse si, dans l’hypothèse où, au cas où, si jamais, si par hasard, supposer que, en admettant que, en l’absence de, à défaut de

Texte descriptif : «on appelle ... description, au niveau de l’organisation discursive, une séquence de surface que l’on oppose à un dialogue, récit, tableau, etc., en postulant implicitement que ses qualités formelles autorisent à la soumettre à l’analyse qualificative. Dans ce cas, la description doit être considérée comme une dénomination provisoire d’un objet qui reste à définir»93. Cette courte définition de la «description» nous laisse admettre que le processus descriptif diffère du narratif (récit). Il est représenté par une organisation du texte qui permet d’identifier et de qualifier des êtres. L’accumulation de certaines marques linguistiques, comme l’emploi des temps qui ne traduisent pas une progression de l’action, la notation des lieux et l’emploi de certaines catégories grammaticales (adjectifs, etc.) pourrait caractériser un processus descriptif.

Texte Narratif : «le narratif nous fait découvrir un monde qui est construit dans le déroulement même d’une succession d’actions qui s’influencent les unes les autres et se transforment dans un enchaînement progressif»94. Cette manière de définir le processus narratif, nous permet d’admettre que des marques linguistiques comme les temps employés pourraient caractériser ce processus. Mais comme nous l’avons déjà signalé, des indices linguistiques ne peuvent, à eux seuls, déterminer le mode d’organisation du discours.

Notes
92.

Cité par Ben Abdallah : F. Rastier. Sens et textualité (p 45) . Hachette. 1989. 279 p.

93.

Greimas cité par Ben Abdallah

94.

Charaudeau cité par Ben Abdallah