2.3. L'explosion De La Formation

Parmi les dispositions de la loi de 71, on trouve l'obligation faite aux entreprises de financer la formation continue de leurs salariés. Si elles n'organisent pas elles-mêmes cette formation, elles ont alors l'obligation de verser à l'Etat 0,8 % au moins du montant des salaires payés au cours de l'année, sommes destinées à être réinvesties dans le financement de la formation continue, et venant en complément de la contribution de l'Etat. Ces sommes, gérées conjointement par le patronat et par les syndicats, vont donc permettre de financer plus largement les formations qu'assuraient déjà les Chambres de Commerce, les Chambres de Métiers, etc... C'est en raison de cet apport financier qu'on a alors assisté à "l'explosion" de la formation continue, avec l'éclosion de nombreux Instituts de formation.

Mais cette situation nouvelle n'est pas sans inconvénients. "‘Jusqu'aux lois sur la formation continue", ’ ‘écrit Patrice Ranjard’ ‘, la plupart des stages étaient organisés par des associations à but non lucratif, (...) Les lois sur la formation continue ont profondément modifié la disposition générale de toutes ces activités de formation, extérieures au système éducatif national, en créant un marché de la formation et en "promouvant" celle-ci au rang de marchandise."’ (Ranjard, 1980, p.44). Cela donnera une coloration particulière à cette formation continue nouvellement instaurée, et contribuera à la faire apparaître comme un bien auquel les travailleurs ont droit. Nous retrouverons cela au moment de la création des M.A.F.P.E.N., où certains, les syndicats en particulier, revendiqueront la formation continue comme un droit, mais pas encore comme une nécessité. Cela apparaîtra peut-être encore plus nettement, à la fin des années 80, lorsque les restrictions de crédit créeront la concurrence entre les formateurs.

Après la promulgation des lois de 71, l'Education nationale va créer elle-même son propre dispositif de formation d'adultes, que nous étudierons plus loin. Cette formation est organisée, au niveau académique, par un C.A.F.O.C. Elle est dispensée par les C.F.C., ainsi que par des enseignants du secondaire, dans le cadre des G.R.E.T.A.

En somme, à la suite de la promulgation des lois de 71, un certain nombre de dispositifs de formation continue extrêmement variés se sont mis en place. Malgré les difficultés que leur application a créées, il est indéniable que ces lois ont représenté une avancée considérable en matière de législation sociale. ‘"Cette loi", ’ ‘écrit Bénigno Cacérès,’ ‘ "est considérée par les syndicats, malgré de fortes réserves concernant son application, comme positive."’ (Cacérès, 1984, p.283)