3.1.2. Les Centres Régionaux De Formation Des P.E.G.C.

On sait que, dans les années cinquante-soixante, la pénurie d'enseignants dans le second degré s'est fait gravement sentir. On appelle alors à la rescousse des instituteurs, qui vont se spécialiser d'abord dans trois, puis dans deux disciplines. Au début, ces instituteurs enseignent dans les Cours Complémentaires, qui sont en quelque sorte des prolongements des écoles élémentaires, qui les accueillent d'ailleurs souvent dans leurs propres locaux, ou dans des locaux voisins. En 1969, pour régulariser cette situation, on crée un corps nouveau, avec un statut particulier : les P.E.G.C., appelés à enseigner, dans le second degré, mais seulement dans le premier cycle de celui-ci. Parmi ces instituteurs, un certain nombre n'ont jamais fréquenté l'université, et possèdent uniquement le Baccalauréat, voire le Brevet Supérieur pour les plus âgés d'entre eux. A partir du statut de 1969, les nouveaux P.E.G.C. seront recrutés après le baccalauréat et formés dans les C.R.F.-P.E.G.C., où ils effectueront leur formation professionnelle, à l'issue de deux années d'études universitaires. Ces centres, aboutissement de l'enseignement primaire, fonctionnent à peu près dans le même esprit que les Ecoles normales, dont ils ont repris la tradition "pédagogique". Un bon nombre des "directeurs d'études" des C.R.F.-P.E.G.C. étaient d'ailleurs d'anciens professeurs d'Ecole normale, qui se sont trouvés en surnombre, lorsque celles-ci ont cessé la préparation au baccalauréat.

Les P.E.G.C. enseigneront donc dans les C.E.S., à côté des professeurs certifiés et agrégés. On sait que, au début des années soixante-dix, les C.E.S. fonctionnaient avec un système de "filières". La filière I scolarisait les "bons" élèves, et l'enseignement y était confié à des professeurs certifiés et agrégés, alors que l'enseignement dans la filière II qui scolarisait les élèves "moyens", était réservé aux P.E.G.C.. Sans doute a-t-on jugé que, pour enseigner à ces élèves "moyens" qui maintenant fréquentaient le second degré, deux années d'études universitaires suffisaient, du moment que les enfants de l'élite continuaient à recevoir l'enseignement des professeurs certifiés et agrégés.

Cependant, en 1976, est mis en place le "collège unique", avec ses classes hétérogènes dans lesquelles cohabitent les élèves de tous niveaux scolaires, mais surtout dans lesquelles peuvent enseigner aussi bien les professeurs certifiés que les P.E.G.C. Ces derniers se retrouvant donc conduits à enseigner aux "bons élèves", on jugea alors que leur formation universitaire initiale n'était pas suffisante, et on commença à organiser leur "recyclage".

Les C.R.F.-P.E.G.C. ont donc hérité de la tradition "pédagogique" des écoles normales, et assurent donc dans cet esprit la formation professionnelle des P.E.G.C., qui recevaient leur formation disciplinaire initiale à l'université. Les P.E.G.C. ont donc, dans l'ensemble, hérité de cette idéologie. Cependant, on constatera par la suite que de nombreux P.E.G.C. sont en réalité titulaire d'une licence, voire d'une maîtrise, mais qu'ils sont devenus P.E.G.C., à la suite d'un échec au C.A.P.E.S. La plupart d'entre eux ont donc un niveau de formation académique équivalent à celui des certifiés.

Ce n'est que tout-à-fait à la fin des années soixante-dix, que les C.R.F.-P.E.G.C. vont commencer à organiser des formations continues pour les P.E.G.C. en exercice. A Lyon, par exemple, il y avait deux types de stages : des stages longs de un mois, pour lesquels les P.E.G.C. avaient une décharge de service, et des stages plus ponctuels, ayant lieu le mercredi. Ces stages s'adressaient à des enseignants volontaires. ‘"C'était disciplinaire, essentiellement. (...) C'était une remise à niveau pour compléter la formation initiale des P.E.G.C. Surtout qu'il y avait des P.E.G.C. qui n'avaient eu aucune formation initiale, les premiers qui avaient été nommés. C'était sur contenus disciplinaires, ’ ‘[mais]’ ‘ c'était toujours accompagné de considérations didactiques et pédagogiques’ 4 .", dit un ancien directeur d'étude du C.R.F.-P.E.G.C. de Lyon. Il s'agit donc d'un type de formation continue tout-à-fait traditionnel, du moins dans le cadre de l'Education nationale, basé sur la transmission de contenus disciplinaires. L'existence de cette formation montre que la nécessité de compléter la formation de ceux qui avaient fait le moins d'études universitaires, paraissait évidente, alors que l'inverse ne l'était pas. En effet, on n'envisageait pas de compléter la formation universitaire des certifiés et des agrégés, par une formation plus "pédagogique", comme celle que les P.E.G.C. recevaient dans les C.F.R-P.E.G.C. Ces deux aspects complémentaires de la formation n'étaient donc pas considérés comme aussi indispensables l'un que l'autre.

Lors de la création des M.A.F.P.E.N., les directeurs d'études des C.F.R.-P.E.G.C. proposeront des formations du même type que celles qui se faisaient avant 1982, et ces formations feront partie intégrante des catalogues de stages, dont nous parlerons plus loin. Cependant, l'intégration dans les M.A.F.P.E.N. du secteur formation continue des C.F.R.-P.E.G.C., ne sera pas toujours très bien perçue par ces centres eux-mêmes, car ils se sentaient dessaisis de ce qu'ils avaient créé5.

Notes
4.

Entretien BA du 11/05/98.

5.

ibid.