3.2. Un Cas Particulier : Le C.E.F.I.S.E.M. 7

Il s'agit d'une structure relativement inclassable, car elle est située à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'institution. C'est pourquoi, celui-ci a toujours eu, au dire d'un de ses fondateurs, des difficultés à se faire admettre, aussi bien par l'administration que par les syndicats. Le C.E.F.I.S.E.M. est créé en 1975 par un professeur de l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. A l'origine, il constituait une "structure ordinaire" de l'Ecole Normale, c'est-à-dire qu'il est bien une structure interne à l'institution et donc en partie financé par l'Education nationale. Cependant, il reçoit également des crédits du Conseil de l'Europe, ce qui lui confère une certaine autonomie dont il entend bien profiter.

L'idée de base du C.E.F.I.S.E.M., d'après son fondateur, est que le français qui est enseigné à l'école n'est parlé que par une très faible minorité des enfants, peut-être 10 % seulement. Par conséquent, il faut changer complètement la manière dont le français est enseigné pour prendre en compte cette réalité, et cela n'est pas fait dans les lieux de formation institutionnels, comme les Ecoles Normales et les C.P.R.. C'est pourquoi, dès 1975 à Lyon et dans les années suivantes dans d'autres villes, le C.E.F.I.S.E.M. organise des stages de formation continue, financés pour l'essentiel par le Conseil de l'Europe, à destination des enseignants du primaire comme du secondaire. A cette époque, à Lyon par exemple, huit remplaçants sont mis à disposition du C.E.F.I.S.E.M., pour permettre le remplacement des enseignants assistant aux stages qui, au début, duraient six semaines. Dans ces stages, se côtoient aussi bien des instituteurs que des agrégés ou des professeurs de l'enseignement technique, ce qui n'est pas très habituel pour l'époque, et même encore aujourd'hui. Ces stages, en s'adressant à tous les niveaux de la hiérarchie, installent une formation "transversale" dans le domaine de l'enseignement du français, alors que celui-ci apparaît généralement comme étant spécifiquement "disciplinaire".

De plus, en même temps qu'il créera les M.A.F.P.E.N., le ministre mettra en place les Z.E.P., dans lesquelles la proportion d'enfants de migrants est importante. Pour tenter de répondre aux problèmes posés par leur scolarisation, certaines M.A.F.P.E.N. feront donc appel aux C.E.F.I.S.E.M. existants. Mais, selon Pierre Grange, l'un des fondateurs, les rapports des C.E.F.I.S.E.M. avec l'éducation nationale ont toujours été très conflictuels, du fait probablement de leur position particulière d'organisme recevant des subventions de l'extérieur.

Outre les structures que nous venons d'étudier et dont la vocation était exclusivement la formation d'enseignants, il existait, toujours au sein de l'Education nationale, d'autres lieux qui dispensaient de la formation continue, Cependant leur mission essentielle n'était pas la formation des enseignants, mais la formation des adultes, c'est-à-dire des salariés en général : il s'agit des C.A.F.O.C. et des G.R.E.T.A.

Notes
7.

données Extraites De L'entretien Du 30/6/94, Avec Pierre Grange, L'un Des Fondateurs Du C.E.F.I.S.E.M.