3.7.3.3. L'o.C.C.E. 25

Outre le courant de l'Education Nouvelle représenté par le G.F.E.N., un autre courant a marqué, de longue date, la pensée pédagogique : celui de la coopération à l'école. Depuis plus de deux siècles, les projets coopératifs de société comportent tous un corollaire éducatif. Il s'agit de porter à l'intérieur du système scolaire public et laïc, les "utopies" communautaires qui s'attachent à sortir les milieux populaires de leurs conditions de vie désastreuses. Le courant coopératif forme, avec le courant mutualiste et le courant associatif, ce que l'on appelle aujourd'hui "l'économie sociale". D'abord organisation économique, la coopération scolaire évolue ensuite vers une pratique pédagogique. A l'origine de l'O.C.C.E., créé en 1928, deux courants s'opposent. Pour le premier, représenté par Emile Bugnon, la coopérative est une façon de pallier les insuffisances économiques, en achetant par exemple du matériel scolaire que les communes ne peuvent pas fournir. L'autre courant est illustré par Barthélémy Profit. Celui-ci ne rejette pas les coopératives comme remèdes à la pauvreté des équipements, mais de plus il souhaite leur donner une certaine autonomie et, surtout, une structure démocratique. Les militants du mouvement coopératif ont su allier ces deux tendances, mais, nous le verrons, c'est Freinet qui ajoutera une troisième dimension, celle de la transformation de l'école traditionnelle en une école moderne où les choix pédagogiques prennent toute leur importance, pour l'avènement d'une nouvelle société. Même si, au cours des années, l'un ou l'autre courant a dominé, la pédagogie coopérative a toujours voulu prendre en charge un projet coopératif pour l'éducation des enfants, projet défini ainsi par le congrès de Tours de 1948 : "‘Les coopératives scolaires sont des sociétés d'élèves gérées par eux, avec le concours des maîtres, en vue d'activités communes. Inspirées par un idéal de progrès humain, elles ont pour but l'éducation morale, civique et intellectuelle des coopérateurs, par la gestion de la société et le travail de ses membres."’ Puis, en 1968, à cette orientation pédagogique, s'ajoute la nécessité de faire évoluer l'institution scolaire vers la responsabilité, la confiance et la promotion humaine. Enfin, la déclaration de 1978 affirme la nécessité d'élargir la méthode pédagogique jusqu'à une véritable pensée éducative. ‘"La coopération’ ‘," disait G. Prévot,’ ‘ "c'est un sentiment profond. C'est une manière de se comporter dans la vie. C'est la compréhension d'autrui, l'estime de l'autre, le désir et la volonté de s'entendre."’ C'est cette dimension que les militants des mouvements coopératifs, comme l'O.C.C.E., tenteront d'apporter lors de la création des M.A.F.P.E.N., en proposant des formations d'enseignants, capables de leur permettre de promouvoir une autre conception des droits et des pouvoirs des jeunes.

Notes
25.

les Repères Historiques Sont Extraits De : (mazurier, 1989, P.9 À 13).