3.8. Un Paysage Formatif Cloisonné

L'étude que nous venons d'effectuer montre que les lieux situés à l'intérieur ou l'extérieur de l'Education Nationale, dans lesquels on se préoccupait peu ou prou de la formation continue des enseignants du secondaire, étaient nombreux et variés, même si une minorité d'enseignants a pu bénéficier d'une formation continue, entre le vote de la loi en 1971 et la mise en place des M.A.F.P.E.N. en 1982. Bien entendu, certains enseignants fréquentaient plusieurs de ces lieux, simultanément ou successivement. Néanmoins, il n'existait aucune coordination instituée, ni au niveau national, ni localement. A la fin des années 80, une opération, dont nous reparlerons, a été menée dans trois académies, dont celle de Lyon. Il s'agissait justement de regrouper les différentes formations proposées aux enseignants du secondaire. Pour le responsable de cette opération, ‘"il fallait mettre autour de la même table des gens qui ne se connaissaient pas, qui faisaient des choses chacune en ce qui les concernait, mais des choses complètement indépendantes les unes des autres, et ça a été je crois la chose la plus difficile à faire’ 30 ." Cette absence de coordination, ce cloisonnement, nous semble tout à fait révélateur du fonctionnement hiérarchique et centralisé qui était caractéristique de l'Education nationale, et contre lequel la création des M.A.F.P.E.N., nous le verrons, a voulu lutter. De plus, les corps d'inspection considéraient la formation des enseignants comme leur "chasse gardée". Il n'est pas certain qu'ils aient eu le loisir de s'intéresser à ce qui se faisait dans les autres lieux, surtout ceux qui étaient à l'extérieur de l'institution. Cependant, les évolutions de la société vont venir bousculer quelque peu ce fonctionnement traditionnel. En effet, tout au long des années soixante-dix, le fameux "malaise" des enseignants du secondaire, mais surtout des collèges, qui grandissait régulièrement depuis des années, s'est encore accru, du fait de l'évolution du public scolaire.

Notes
30.

Entretien GR, du 27/05/94.