4.3.1. Le S.N.E.S.

En effet, dans son numéro 24, daté du 2 avril 1981, l'U.S. publie l'intégralité des motions adoptées par le congrès national du S.N.E.S., qui vient de se tenir à Montpellier. Sur les trente-deux pages qu'occupent ces motions dans la revue, la question de la formation continue tient sur un sixième de page environ. C'est dire que ce n'était pas vraiment une question prioritaire. Nous sommes dans la période qui a précédé l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, et le S.N.E.S. exprime surtout son désaccord avec la politique menée par le ministre Beullac, en matière de formation continue. Ainsi, il dénonce ‘"le saupoudrage des actions de formation, leur conception utilitariste et autoritaire, leur organisation en dehors du temps de travail."’ (U.S., n°24, p.31).

Mais il avait antérieurement précisé sa position par rapport à ce que devra être cette formation continue : ‘"La formation continue sur le temps de travail est un droit qui doit être effectivement reconnu aux enseignants ; son exercice effectif implique l'attribution de moyens indispensables afin qu'elle soit assurée réellement sur le temps de présence devant les élèves et que soit garanti son bon déroulement. Elle ne peut se limiter à de simples objectifs d'adaptation, mais doit permettre aux enseignants, aussi bien la mise à jour des connaissances que la rénovation pédagogique, le recyclage, la promotion, l'enrichissement de la culture personnelle."’ (Aschieri, 1980, p.9) On voit que la formation continue est d'abord revendiquée comme un droit et que les moyens pour l'assurer sont également réclamés : ce sont ces deux points qui sont mis en tête des revendications, par le S.N.E.S. En troisième lieu seulement, est précisé quel type de formation, selon le S.N.E.S‘., "répond à la demande largement exprimée par les collègues."’

Enfin, Il est précisé également que la formation continue doit être "partie intégrante de la mission des universités", ce qui n'est pas le cas de la formation continue existant pour les instituteurs, et enfin qu'elle "doit donner lieu à l'intervention d'équipes permettant la collaboration des divers ordres d'enseignement", en précisant plus loin que "ce peut être là un terrain privilégié de l'unité d'action." (ibid, p.10). Ces revendications seront reprises dans la motion du congrès de 1981, qui précise également : "A cet égard, il est indispensable que soient mises en place des instances paritaires de la formation continue, ayant notamment à connaître de l'organisation de la formation (durée, complémentarité et suivi des actions...) et des critères régissant la participation des personnels." (U.S., n°24, p.31). Le S.N.E.S. réclame donc que les organisations syndicales participent à la prise de décision, dans le domaine de la formation continue.

On voit donc que le syndicat se place d'abord du point de vue de la reconnaissance d'un droit accordé par la loi aux personnels, mais qu'il revendique également la satisfaction d'un besoin ressenti par les enseignants. Enfin, il entend préserver son droit de regard sur l'organisation d'actions qui seraient éventuellement mises en place.