deuxième Partie : Naissance

Chapitre 1. Les Textes Fondateurs

1.1. Le Rapport De La Commission De Peretti

1.1.1. Les Principes De Base

Le rapport commandé par le ministre lui est remis en février 1982. Dans ce texte comportant plus de trois cents pages, la commission fait le tour de la question de la formation des personnels, telle qu'elle se pose en 1981-82. Pour la première fois, les idées qui traversent le monde de la formation depuis des années, vont être concrétisées par un texte officiel. L'un des membres de la commission précise : ‘"Nous faisions partie d'un groupe franco-québécois, le COPIE, qui a publié plusieurs Cahiers, édités par le CIEP de Sèvres ; et le Cahier n°1 est sur la formation des enseignants. Ce travail a été fait par six français et six québécois. Sur commande du ministère, nous étions allés observer des expériences novatrices de formation d'enseignants, dans plusieurs pays : Danemark, Suède, Etats-Unis, Canada, etc... Il y a eu beaucoup d'idées collectées ; des réflexions ont circulé ensuite’ 35 ." Nous allons maintenant présenter les grandes lignes de ce rapport, prenant ainsi, nous en sommes bien entendu consciente, le risque de présenter un résumé par trop réducteur.

Pour étayer ses propositions, le rapport s'appuie sur une analyse approfondie de la situation de l'enseignement en cette fin d'année 1981. Il constate ainsi que, au cours des années précédentes, plusieurs phénomènes se sont conjugués pour conduire à cette situation (p.33 à 38) :

  • Dans tous les domaines, la vitesse de production des connaissances a augmenté considérablement.

  • Tous les moyens disponibles pour l'enseignement ayant été utilisés pour faire face à l'explosion démographique et à la prolongation de la scolarité, les problèmes de formation ont été relégués au second plan. C'est pourquoi dans l'enseignement, et surtout dans le secondaire, les textes de 71 sur la formation continue n'ont pas été réellement mis en application.

  • Pour la même raison, on a dû recruter des enseignants en grand nombre, sans pouvoir leur donner toujours une formation initiale suffisante.

  • Du fait de l'afflux d'élèves dans l'enseignement secondaire, le public scolaire est devenu de plus en plus hétérogène, entraînant la nécessité d'une formation spécifique pour les enseignants.

  • Du fait de l'évolution de la société et de l'apparition de moyens de formation autres que l'école, la demande sociale par rapport à l'école s'est accrue.

Pour toutes ces raisons, il apparaît donc comme indispensable de repenser le problème de la formation des personnels dans son ensemble. Mais le rapport constate également que, malgré ces difficultés, la situation de l'enseignement français est loin d'être catastrophique, comme d'aucun voudrait le faire croire. De nombreuses études montrent que, d'une part, le niveau des élèves n'a pas baissé contrairement à ce que l'on croit communément et que, d'autre part, les comparaisons avec d'autres pays sont loin d'être défavorables à la France (p.40-41). Il n'y a donc pas lieu de se laisser aller à ce "romantisme du pessimisme" qu'il est de bon ton d'afficher lorsqu'on parle de l'enseignement en France, et que Jules Benda déplorait déjà en 1927... (Peretti, 1993, p.131)

Notes
35.

Entretien GF du 18/10/96.