2.1.2. Le Premier "paf" (1982-83)

a Lyon

La première tâche à laquelle vont s'atteler ces équipes, sera le recensement des ressources formatives de l'académie. Comme cela avait été fait à Lyon antérieurement, dans le cadre de l'expérience pilote, dès septembre-octobre 1982, les Chefs de Mission prennent contact avec les différents lieux que nous avons étudiés dans la première partie de ce travail. Etant eux-mêmes universitaires, ils prennent contact bien entendu avec les services de formation des universités, ainsi qu'avec les instituts universitaires comme les I.R.E.M., I.R.E.F., I.R.E.S.P., etc... La circulaire du ministre prévoyait en effet que un tiers de la formation soit assurée par des universitaires. Les chefs de Mission contactent également les C.R.D.P., les I.P.R., les Centres Régionaux de Formation des P.E.G.C., les Ecoles normales, les C.A.F.O.C., les lieux de formation des enseignants d'éducation physique, et enfin, selon les directives du ministre, différentes associations, comme les "mouvements pédagogiques" les associations de spécialistes, etc... Ils constituent ainsi un "catalogue de stages", qui seront proposés aux enseignants, dès l'année scolaire 82-83, dans la plupart des académies. Ces catalogues, les désormais célèbres Plans Académiques de Formation, seront rapidement baptisés P.A.F.

Voyons plus précisément comment les choses se sont passées dans l'académie de Lyon. La situation est ici un peu particulière, puisque un catalogue de stages a été établi, depuis deux ans, dans la cadre de l'expérience pilote. Il sera repris "intégralement" 39 par le Chef de Mission nouvellement nommé, qui va se charger d'en assurer la diffusion dans les établissements. Dans ce catalogue, on trouve 206 intitulés de stages différents. Parmi ces stages, 48 % sont proposés par les Universités, 28 % par les Inspections Pédagogiques Régionales, 5 % par le centre de formation des P.E.G.C., 8 % par le C.R.D.P. et 11 % par la Mission d'Action Culturelle du Rectorat, en association avec des mouvements pédagogiques, en l'occurrence l'A.R.O.E.V.E.N., les C.E.M.E.A., l'O.C.C.E., le C.E.P.I., le G.F.E.N. et la L.F.E.40 L'ensemble des stages proposés, pour l'année 82-83, représente une offre de 32 000 journées-stagiaires (P.A.F. 83-84, p.IV).

En ce qui concerne les moyens financiers mis à la disposition du Chef de mission en 82-83, pour la réalisation effective de ces formations, ils sont évoqués dans le bilan contenu dans l'introduction du P.A.F. de l'année suivante. On peut ainsi lire que ‘"les moyens destinés à la formation continue des enseignants sont délégués aux Académies, par les différentes Directions Pédagogiques. Ce sont :’

  • quelques emplois de remplacement ;

  • des heures supplémentaires (années ou effectives)

  • des crédits de stages." (P.A.F. 83-84, p.III).

Pour l'année 1982-83, et sans tenir compte des moyens réservés à l'introduction de l'informatique, on avait la répartition suivante :

Emplois H.S.A. H.S.E. Crédits
Collèges 60 292 900 1 230 000 F
Lycées 2 0 500 730 000 F

Il est précisé plus loin que ces moyens doivent permettre de faire face à la formation continue d'environ 14 000 personnes sur l'Académie de Lyon, ce qui signifie que ces moyens permettent de ‘"donner des décharges de service ou des heures supplémentaires aux formateurs, de rémunérer les intervenants extérieurs, de prendre en charge les frais de stage (déplacement, hébergement) des formateurs et des formés"’. En revanche, ces moyens ne sont pas suffisants pour ‘"pourvoir au remplacement des personnes suivant des actions de formation de moins de 4 semaines".’ Par conséquent, il est demandé ‘que’ ‘ "la partie des absences pour formation prises sur le temps de service statutaire ne doit pas excéder 5 ou 6 jours pour une personne".’ On voit donc que, dès la mise en place des M.A.F.P.E.N., est soulevé le problème délicat de l'absence des enseignants, lorsqu'ils sont en formation continue. On se souvient que le rapport De Peretti prévoyait un certain nombre de possibilités d'aménagement des emplois du temps des élèves, permettant que le départ des enseignants en stages ne soit pas un handicap pour les élèves. Mais il semble bien que ces propositions n'aient guère été reprises dans les établissements et qu'une situation posant problème se soit installée à ce moment-là.

On peut d'ailleurs se demander pourquoi ce problème n'a pas été davantage source de difficultés, à ce moment-là. Parmi les enseignants, il est probable que la possibilité d'effectuer cette formation continue sur le temps de travail, ainsi que le remboursement des frais de stage, aient constitué une innovation suffisammment importante pour qu'ils défendent cet acquis avec une conviction suffisante pour convaincre ceux qui risquaient de se plaindre de leur absence : les parents d'élèves. Dans certains établissements par exemple, les parents d'élèves étaient invités à assister à une session de formation, afin qu'ils puissent se rendre compte par eux-mêmes de l'intérêt de ce qui s'y faisait. Les enseignants défendaient l'idée que le temps passé en stage, s'il était perdu à court terme pour les élèves, représentait un bénéfice nettement plus important sur le long terme. Néanmoins, ce problème était bien réel et n'a pas été résolu dans les années qui ont suivi.

Notes
39.

Entretien du 6/6/94, avec celui-ci.

40.

Cf tableau récapitulatif, annexe n°1.