a Grenoble

Le cas de l'académie de Lyon étant un peu particulier du fait de l'existence de l'expérience pilote, nous examinerons également comment les choses se sont passées à Grenoble, puisque cela représente la situation qui s'est présentée dans la plupart des académies. Dès sa nomination, le premier Chef de Mission entreprend, tout comme cela avait été fait à Lyon dans le cadre de l'expérience-pilote, de répertorier les ressources formatives de l'académie. Dans un rapport ultérieur, il rappellera l'inventaire de l'existant fait à son arrivée. Dans ce rapport, on peut lire :

  • "Il existait un P.G.S. (Programme Général des Stages), proposé tous les ans par l'Inspection Générale, et mis en oeuvre par les I.P.R. et les formateurs dans certaines spécialités. Il s'agissait alors de propositions nationales.

  • Une formation des professeurs de collège, dans le cadre du P.G.S., avait été mise en place en 81-82, suite à deux notes de service de la Direction des Collèges (circulaire Rencurel du 28 mars 80 et du 11 août 81).

  • Sous la pression de changements de programmes et de diplômes, l'enseignement technique organisait de nombreuses formations.

  • Des stages relativement longs étaient organisés en mathématiques, français, langues, E.P.S., par les directeurs d'études du Centre de Formation P.E.G.C., à l'intention des P.E.G.C. en exercice.

  • L'I.R.E.M. avait déjà une dizaine d'années d'expérience derrière elle et une existence reconnue officiellement par le Ministére (postes et moyens).

  • L'I.R.E.S.P. avait été créé à l'Université Scientifique et Médicale, en 1973, pour aider à la mise en place de nouveaux programmes de physique et chimie dans le secondaire (lycées et collèges).

  • Un service de formation continue des enseignants fonctionnait, dans la même université, en Sciences naturelles, depuis une dizaine d'années également.

  • L'université des langues et des lettres, et celle des sciences sociales, organisaient des séances de "recyclage" (mot qui a disparu depuis à juste titre).

  • Le C.R.D.P. et les C.D.D.P. étaient maîtres d'oeuvre de nombreux stages (théâtre, cinéma, environnement).

  • Les enseignants d'E.P.S. avaient, depuis des années, grâce à une structure de formation très charpentée, développé massivement la formation continue.

  • Le C.E.F.I.S.E.M. (rattaché à l'Ecole Normale de Grenoble), organisait des stages qui s'adressaient aux enseignants plus particulièrement en contact avec les enfants de migrants.

  • Le C.A.F.O.C./D.A.F.C.O. s'occupait de formation de formateurs.

  • Le S.A.I.O. organisait des stages pour les professeurs principaux."

(Boutet, 1988, p.8-9)’

On retrouve bien les différents lieux de formation que nous avons étudiés précédemment, mais on constate également, en filigrane, l'absence de communication entre ces différents lieux. Il va donc regrouper les différentes formations proposées, dans un catalogue, analogue à celui qui existait dans l'académie de Lyon. Ainsi, 237 intitulés de stages différents seront proposés dans le premier P.A.F. de cette académie. Parmi ces 237 stages41, 22 % sont proposés par des universitaires, 21 % par des I.P.R., 3 % par des directeurs d'études du centre P.E.G.C., 32 % par des enseignants désignés par un I.P.R. ou par une université, 19 % par le C.R.D.P. et 3 % par les mouvements pédagogiques (en l'occurrence C.E.M.E.A. ou A.R.O.E.V.E.N.). La M.A.F.P.E.N. de Grenoble dispose de 58 postes et de 2 125 000 F de crédits. Ils sont utilisés pour rémunérer des intervenants extérieurs, couvrir les frais de déplacement et les indemnités de stages et payer les frais pédagogiques ; mais ne comprennent pas le paiement des heures supplémentaires effectuées par les formateurs.

On peut donc observer que, dans les deux académies, le volume total des offres de formation faites aux enseignants pour l'année1982-83, ainsi que la part prise par chacun des lieux préexistants, sont assez semblables. En toute logique, les moyens mis à la disposition des deux académies, sont également du même ordre de grandeur. On constate d'autres similitudes entre les deux académies, comme, par exemple, l'extrême disparité entre les durées de stages. En effet, la circulaire du 24 mai prévoyait que cette durée pouvait varier de quelques jours à un an. Autre similitude : la lecture de ces deux P.A.F. montre avec évidence, et les Chefs de Mission le confirment, que l'immense majorité des stages proposés, environ 90 %, sont centrés sur la discipline à enseigner, et proposés aux enseignants dans leur discipline. Seuls quelques stages, pour la plupart proposés par des associations, proposent un travail en interdisciplinarité.

Comme nous venons de le voir, ces catalogues, aussi bien celui de Grenoble que celui de Lyon, ont été établis à partir de l'inventaire des ressources formatives qui avaient été effectué. Mais, en revanche, en 1982, on n'a pas répertorié les besoins réels des établissements42, en matière de formation, sans doute parce que les établissements n'ont pas eu la capacité, ni surtout le temps, de faire cette évaluation de leurs besoins. Cette analyse de besoin s'est faite, pour ce qui concerne Grenoble, durant l'année 83, mais en décembre 85, on n'avait pas encore tiré parti de cette étude, à cause de difficultés dans son dépouillement (Boutet, 1985, p.2). Il est indéniable que cette absence d'analyse préalable des besoins, a fortement marqué, et pour longtemps, le type de formation continue offerte aux enseignants du secondaire.

Notes
41.

Voir tableau récapitulatif, annexe n°2.

42.

Entretien du 23/03/96, avec le premier chef de Mission.