2.2.2. Des Formations En Grande Majorité "disciplinaires"

Si nous qualifions ces formateurs de "disciplinaires", c'est parce que c'est ainsi que les personnes50 que nous avons interrogées le font. Ils représentaient d'ailleurs la presque totalité des formateurs de la première année, au moins 90 %, selon les Chefs de Mission. Il y avait parmi eux, beaucoup d'universitaires, mais aussi des I.P.R., des enseignants du secondaire choisis par les I.P.R., des directeurs d'études des centres de formation des P.E.G.C., etc...

La plupart d'entre eux avaient déjà une expérience dans le domaine de la formation des enseignants. S'ils avaient été conduits antérieurement à faire de la formation d'enseignants, c'est pour des raisons diverses. Soit ils étaient considérés comme des experts dans leur discipline, ce qui était le cas des universitaires par exemple ; soit ils étaient déjà formateurs dans les centres de formation existants ; soit enfin, ils avaient été reconnus par leur supérieurs comme des enseignants particulièrement compétents.

Mais un bon nombre d'entre eux n'avait pas reçu de formation spécifique pour devenir formateur d'enseignants. Cela laisse entendre qu'être un expert dans sa discipline et/ou avoir été reconnu comme un enseignant particulièrement compétent, suffit à garantir qu'on sera un formateur d'enseignant compétent. Comme nous l'avons déjà vu, des formations d'enseignants s'étaient mises en place dans différents lieux mais, à l'intérieur de l'Education nationale, la question de la formation des personnes chargées de les assurer ne semble pas avoir été posée, puisque, nous l'avons dit, on n'a pas créé de concours spécifique ouvrant l'accès à cette fonction. La question de la qualification des formateurs ne s'est par conséquent pas posée, au moment de la mise en place des M.A.F.P.E.N., comme le dit lui-même le premier chef de la M.A.F.P.E.N. de Grenoble. A aucun moment, on ‘"ne s'est posé le problème de savoir si les formateurs éventuels étaient formés ou pas’ 51 ." Il était donc évident pour tout le monde que l'expertise dans la discipline, alliée à une solide expérience de l'enseignement, suffisait à faire un formateur d'enseignants. Certains formateurs avaient donc une expérience dans le domaine de la formation des enseignants, mais ils étaient peu nombreux à avoir reçu une véritable formation dans ce domaine, ou même dans le domaine plus général de la formation des adultes. En tout état de cause, il ne leur a pas été demandé s'ils avaient suivi ce type de formation.

Les premiers P.A.F., nous l'avons déjà dit, avaient été constitués en rassemblant les ressources formatives existantes. Il n'est donc pas surprenant qu'ils aient comporté une très forte majorité de stages disciplinaires. Un premier examen des intitulés de stages du P.A.F. 82-83 de Lyon, montre qu'y figurent, nous l'avons dit, 216 intitulés de stages différents, destinés aux personnels du secondaire. Parmi ces stages, 173 étaient proposés par les commissions disciplinaires dont nous avons parlé, soit 80 % environ. Rappelons que les Chefs de Mission ont évalué cette proportion à 90 % des formations ; la différence constatée nous semble due au fait que les intitulés ne rendent compte ni du contenu réel du stage, ni du nombre de stages ayant réellement eu lieu, ni du nombre de journées réellement effectuées par les participants, puisqu'ils ne font qu'annoncer les contenus. La réalité devait donc se situer entre ces deux chiffres. Or les autres données étant très variables d'un stage à l'autre, l'examen des intitulés ne peut pas, à lui seul, rendre compte de l'importance quantitative relative de chaque catégorie de stages. Malgré toutes ces restrictions, il nous a semblé que l'examen de ces intitulés pouvait constituer une indication intéressante.

Un examen un peu plus approfondi montre que les contenus de stages qui figurent dans les intitulés, reflètent les deux caractéristiques des formateurs, que nous évoquions plus haut, à savoir d'une part l'expertise dans la discipline et d'autre part la compétence pédagogique. En effet, l'examen du P.A.F. 82-83 de Lyon, montre donc que, sur les 173 intitulés des stages proposés par les commissions disciplinaires, 29 intitulés (soit 17 %) comportent une "allusion" plus ou moins claire à la "pédagogie" ou à la "didactique de la discipline", alors que 144 (83 %) n'en comportent aucune, laissant ainsi supposer que ces stages avaient un contenu purement disciplinaire.

Nous distinguerons donc maintenant ces deux types de stages "disciplinaires". Citons quelques exemples, pris dans différentes disciplines, de stages annonçant uniquement des contenus disciplinaires : "Littérature et civilisation grecques et latines" (p.25) ; "La poésie de la Renaissance" (p.29) ; "Analyse structurale de la proposition allemande" (p.59) ; "Initiation à l'électronique" (p.91) ; "Connaissance de l'art contemporain à partir de 1950" (p.114) ; etc... On trouve également des formules plus vagues, comme : "Phonologie, grammaire, approches linguistiques" (p.52) ou même simplement : "Mise à jour des connaissances" (p.38), etc....

La deuxième catégorie de stages proposés par les commisssions disciplinaires, introduisent, dans les contenus annoncés, une dimension le plus souvent didactique, comme "Réflexion sur les problèmes posés par les disciplines (histoire et géographie en l'occurence) et leur enseignement" (p.41), ou "Etablissement en commun de progressions et de plans de leçons" (p.101). On trouve aussi, mais c'est plus rare, des intitulés à connotation plus pédagogique, comme "Apporter un soutien aux élèves en difficultés" (p.53), ou encore : "Réfléchir sur les problèmes recontrés dans les classes : élèves difficiles, niveau hétérogène, lien CM2-6me, etc..." (p.41)

Les stages proposés par les commissions disciplinaires se donnent donc pour mission, pour la grande majorité d'entre eux, d'apporter un complément de formation académique dans la discipline, soit, pour les autres, d'augmenter la compétence de l'enseignant, en matière de didactique de la discipline et de pédagogie. Voyons maintenant les intitulés des autres stages proposés au P.A.F. de 82-83...

Notes
50.

Entretien du 23/03/96, avec un groupe de collaborateurs du chef de Mission de Grenoble.

51.

Entretien du 23/03/96.