2.2.4. Quels Objectifs Poursuivait-On ?

Cette étude sommaire des stages inscrits au P.A.F. de Lyon de 82-83, montre donc qu'il y a déjà, dès cette première année, une certaine diversité dans la manière de concevoir la formation des enseignants. Cela n'a rien de surprenant, étant donnée la diversité des provenances et des pratiques antérieures de ces formateurs. Cependant, pour les divers formateurs que nous avons interrogés, l'objectif de cette formation continue, qu'il soit explicite ou non, est d'améliorer la qualité de l'enseignement, dans le but de démocratiser la réussite scolaire. C'était d'ailleurs l'objectif que la commission De Peretti a assigné à cette nécessaire réforme de la formation des personnels ; on se souvient en effet que la commission avait constaté que "les tendances sur la formation des enseignants [autour desquelles semblait se réaliser un consensus] se distribuent par rapport à des perspectives de démocratisation de l'enseignement des élèves." (Peretti, 1982, p.46). C'est également l'objectif que le ministre Alain Savary a fixé aux M.A.F.P.E.N. En effet, parmi les grands objectifs généraux auxquels leur création devait répondre, il place "la lutte contre les inégalités", (Savary, 1985, p.62).

Donc, si les responsables et certainement la majorité des formateurs de l'époque, étaient d'accord sur cet objectif général de démocratisation, en revanche, nous venons de voir qu'il y avait des divergences sur la manière de l'atteindre, puisqu'on note des différences sensibles dans les types de formations proposées. Nous montrerons plus loin que ces divergences révèlent l'existence chez les formateurs, de conceptions différentes de la formation. Ces différences n'ont pas été explicitées à l'époque. C'est peut-être la raison pour laquelle cette diversité, qui aurait pu être vécue comme une richesse, l'a plutôt été comme un problème et a été source de nombreux conflits, parfois violents. Ce serait faire injure aux décideurs que de penser qu'ils n'avaient pas prévu ces divergences. Néanmoins, la question de savoir quel type d'enseignant il convenait de former pour assurer cette démocratisation, n'était pas tranchée, laissant à différentes conceptions de la formation la liberté de s'exprimer. Il était donc inévitable que ces différentes conceptions se confrontent. Mais était-il inéluctable que ces confrontations se fassent de manière violente, comme cela a été souvent le cas ? Par la suite, ces conflits vont se radicaliser, en particulier au moment de la mise en place de l'opération "Rénovation des collèges". Ils vont même se terminer souvent par la prise du pouvoir par une ou plusieurs "tendances" et par l'élimination des autres. Nous aurons l'occasion d'y revenir par la suite, mais pour l'instant, voyons ce qu'on a tenté, pour donner un minimum d'identité commune à cet ensemble disparate de formateurs.