3.2. La Mise En Place De L'opération Dans Les M.A.F.P.E.N.

3.2.1. Une Formation Pour Accompagner Une Réforme

Comme nous venons de le voir, le rapport de la commission sur la Rénovation des collèges paraît, alors que s'effectue la démultiplication des modules dans les académies. Les idées essentielles de ce rapport Legrand sont largement reprises par le ministre, dans sa déclaration du 1er février 83, et la circulaire du 19 avril 83 traite précisément des actions de formation continue qui doivent être mises en oeuvre en direction des établissements volontaires. Cette circulaire assignait à la formation trois objectifs prioritaires (p.35) :

  • "la préparation, dans les établissements volontaires, d'un projet, portant en priorité sur les classes de sixième et de cinquième ;

  • l'organisation d'un véritable travail collectif centré sur des équipes enseignantes ;

  • la préparation d'une pédagogie individualisée centrée sur l'élève."

Nous trouvons donc, clairement affirmés dès le départ, les trois axes selon lesquels la formation devra s'organiser, dans le cadre de cette Rénovation des collèges. Ces objectifs montrent, nous l'avons dit, une innovation importante, puisque pour la première fois, les enseignants sont invités à situer leur action à un niveau collectif, celui de l'établissement, et non plus seulement au niveau individuel. La formation continue devra donc inventer des dispositifs nouveaux, permettant de prendre en compte cette dimension.

Pour la première "tranche" de la rénovation, la circulaire prévoit que 10 à 15 % des établissements "entreront en rénovation", à la rentrée suivante. Cela signifie que les établissements devront établir un "‘projet conforme aux objectifs et aux orientations de la déclaration de 1er février sur les collèges".’ Le Recteur choisira, parmi ces projets, et ce choix aura alors ‘"valeur d'engagement à organiser des actions de formation qui répondent aux projets des personnels de ces établissements."’ La circulaire précise, et cela n'est pas si fréquent pour qu'il vaille la peine de le souligner encore une fois, que les moyens de la mise en oeuvre sont prévus par la circulaire elle-même, y compris les moyens de remplacement des maîtres en stage. La circulaire prévoit également des moyens spécifiques au niveau des M.A.F.P.E.N., puisqu'elle précise que deux collaborateurs seront spécialement chargés de la mise en oeuvre de la Rénovation des collèges.

Rappelons par ailleurs que, pour préparer cette nouvelle forme de travail dans les établissements, la Direction des collèges et l'Inspection Générale de la vie Scolaire avaient organisé à Souillac, un séminaire sur le projet d'établissement (I.G., 1982), auquel ont participé des chefs d'établissement, des Conseillers Principaux d'éducation, des documentalistes, etc... Ce séminaire s'est tenu en octobre 1982, donc juste avant la diffusion du rapport de Louis Legrand sur les collèges. C'est par le biais de ce séminaire que la notion de projet d'établissement a commencé à pénétrer dans l'institution. Les équipes Vie Scolaire ont donc de cette façon été sensibilisées à cette dimension collective, qui marquait une rupture avec les pratiques individualistes habituelles. Néanmoins, les responsables de l'opération Rénovation des collèges souhaitant probablement se dégager un peu de la tutelle de l'Inspection Générale, nous avons dit que les travaux de ce séminaire ont par la suite été occultés.

Par conséquent, ce seront les M.A.F.P.E.N. qui auront à faire vivre ces idées dans les établissements, en inventant des dispositifs capables de les faire parvenir jusqu'aux enseignants. Cependant, étant donnée la grande liberté d'action qui était alors laissée aux M.A.F.P.E.N., il était inéluctable que la mise en oeuvre se fasse de manière différente selon les académies. Voyons ce qu'il en a été pour Grenoble.