4.2.2.2. Une Formation "praticable"

D'autre part, Perrenoud constate que "‘construire ou reconstruire le curriculum de formation de maîtres pour favoriser le changement à l'école, c'est (...) chercher un ’ ‘décalage optimal’ ‘ entre la formation et les conditions effectives de la pratique. Si ce décalage est trop faible, la formation contribuera à reproduire le fonctionnement et donc aussi les dysfonctionnements et les injustices du système. Trop grand, le décalage aura les mêmes effets, avec en plus la désillusion, le sentiment d'échec, la déprime ou la fuite vers un autre métier."’ (p.73) Il ne nous semble pas que ce décalage ait été redouté par les fondateurs des M.A.F.P.E.N., on ne trouve pas cette préoccupation dans les textes. C'est justement l'expérience des premières années des M.A.F.P.E.N. qui a obligé à se pencher sur le problème de ce "décalage", comme le fait par exemple Monique Croizier, lorsqu'elle propose que la formation des enseignants se situe dans leur Zone Proximale de Développement Professionnel. (Croizier, 1994). En effet, certaines réactions de désillusion observées par la suite, peuvent laisser penser que ce décalage ne devait pas être optimum. Il est probable que, pour un certain nombre d'acteurs, le coût des changements envisagés était trop important, par rapport aux bénéfices attendus. Car, nous rappelle Huberman, ‘"le changement est très lent, et si l'on y pousse trop fortement, il fait généralement se dresser une opposition encore plus grande."’ (Huberman, 1973, p.102). C'est peut-être la raison pour laquelle on a, par la suite, observé des difficultés à installer ces changements de manière stable.

Alors, qu'aurait-il fallu faire pour l'optimiser ? Même si le décalage entre ce qui était proposé et les conditions de la pratique était quelquefois trop grand, il reste que ces propositions ambitieuses ont néanmoins créé une dynamique, comme nous le verrons à travers l'étude des différents dispositifs.