1.3. Les Stages "disciplinaires" En Direction Des Collèges

Tout d'abord, précisons que nous allons exclure de la suite de cette étude un certain nombre de secteurs, puisque nous nous limitons aux dispositifs ayant concerné les collèges. Nous avons déjà dit que les propositions de stages, adressées à la M.A.F.P.E.N. par les formateurs, sont examinées par une vingtaine de "commissions", qui décident de leur inscription au P.A.F. Nous exclurons donc les propositions de certaines de ces commissions, et cela pour des raisons diverses. Tout d'abord, nous laisserons de côté les stages s'adressant uniquement aux personnels des lycées et des L.E.P., comme ceux proposés par les commissions "Philosophie", "Sciences économiques" ou "Enseignements technologiques". D'autre part, nous étudierons ailleurs les propositions de la commission "Formation de formateurs". Nous n'étudierons pas non plus ici les propositions faites par certains secteurs particuliers, comme le C.A.F.O.C., puisqu'elles s'adressaient spécifiquement aux enseignants intervenant en formation continue d'adultes, dans le cadre des G.R.E.T.A. En dernier lieu, nous avons également exclu les stages proposés par le C.A.S.F.A. et destinés aux "personnels non enseignants". Après avoir laissé de côté ces différents secteurs, nous parvenons au chiffre de 343 intitulés de stages différents, pour le P.A.F. de 83-84. En procédant de manière identique avec le P.A.F. de l'année précédente, il restait 191 intitulés différents. Entre 82-83 et 83-84, le nombre total d'intitulés de stages, concernant les enseignants de collège, a donc presque doublé.

Parmi les 343 intitulés auxquels nous réduisons cette étude, on retrouve un certain nombre d'intitulés qui figuraient déjà dans le P.A.F. précédent. Cependant les chiffres semblent montrer que l'équilibre entre les différents types de stages proposés a été modifié. En effet, nous avons vu que, dans le P.A.F. 82-83, un quart (25 %) des intitulés de stages comportaient une allusion plus ou moins claire à un travail de type "pédagogique" ou "didactique". Si on procède au même type de recensement dans le P.A.F. 83-84, on en trouve près de la moitié (45 %). On observe donc une importante progression de la préoccupation "pédagogique" ou "didactique". Rappelons que, pour faire ce recensement, nous n'avons pu examiner que les intitulés de stages, car nous n'avons pas pu recueillir suffisamment de données sur le contenu des stages, pour pouvoir faire une étude qualitative. Il nous a donc malheureusement été impossible de savoir si l'évolution observée dans les intitulés de stages, s'est effectivement produite dans la réalité des stages.

Dans le P.A.F. de 83-84, nous avons donc recensé 343 intitulés de stages différents, en direction des enseignants de collège, dont 278 (soit 81 %) sont proposés par les commissions disciplinaires, alors au nombre d'une quinzaine. On constate que la part occupée par les propositions des commissions disciplinaires est restée, en valeur relative, à peu près identique à ce qu'elle était en 82-83 (78 %), alors que, en valeur absolue, il a presque doublé, puisqu'il est passé de 148 à 278.

De plus, on constate que, parmi les stages proposés par les commissions disciplinaires, la proportion d'intitulés comportant une allusion plus ou moins claire à un travail de nature pédagogique ou didactique, a assez fortement augmenté, passant de 17 % à 37 %. L'augmentation nous paraît suffisamment importante, pour nous autoriser à penser qu'un changement de perspective s'est produit, au cours de l'année scolaire 82-83, c'est-à-dire lors de la préparation du P.A.F. 83-84. En effet, en examinant le langage employé dans les intitulés des stages proposés par les commissions disciplinaires en 83-84, nous avons trouvé des formules qui n'y figuraient pas l'année précédente. Prenons quelques exemples.

Dans les propositions de la commission "Lettres", on voit apparaître des intitulés du type : ‘"Qu'est-ce qu'un projet ?"’ ; ou bien ‘: "Réfléchir sur les possibilités de travail interdisciplinaire"’. Dans les propositions de la commission "arts plastiques", on peut lire : ‘"Mise en oeuvre de procédures d'évaluation formative"’ . Dans les propositions de la commission "histoire-géographie", on trouve ‘: "Information méthodologique et réflexion pédagogique appliquée"’ . On reconnaît là le langage employé dans certains secteurs transversaux, comme celui de la "Pédagogie générale", ou encore dans les mouvements pédagogiques. Et en effet, le responsable du secteur "Pédagogie générale" nous a précisé que, ‘"nous avons eu au moins deux journées sur l'évaluation ’ ‘[avec les I.P.R.]’ ‘ (...) ; dans l'ensemble, ils se sont intéressés à l'expérience’ 87 ." De même, on trouve, parmi les propositions de certaines commissions disciplinaires, quelques stages animés par l'un ou l'autre des mouvements pédagogiques88. On observe là des indices d'un travail interdisciplinaire qui a tenté de se mettre en place entre certaines commissions, mais qui n'est encore que balbutiant.

A côté des stages purement disciplinaires que nous venons d'évoquer, un secteur occupe, dans le P.A.F., une place un peu particulière, c'est le secteur de l'Action Culturelle. Des formations dans ce domaine existaient évidemment avant la création des M.A.F.P.E.N. et étaient assurées par les professeurs-animateurs du C.R.D.P. La M.A.F.P.E.N. reprendra ensuite ces formations, puisqu'elle avait vocation à regrouper l'ensemble des formations proposées, qui pouvaient porter sur différents domaines, comme le théâtre, le jeu dramatique, le travail sur la voix, le cinéma, le musée, la protection du patrimoine, la météorologie, les problèmes d'environnement, la presse, le conte, etc...

Lorsqu'on examine les PA.F. successifs, on constate que ces formations ont été proposées par des commissions différentes selon les années. La première année, ils faisaient partie des propositions d'une commission particulière appelée Action Culturelle. Les années suivantes, les formations d'Action Culturelle ont été intégrées dans les propositions faites par l'une ou l'autre des commissions disciplinaires ; ensuite encore, elles ont été proposées par la commission Vie scolaire et enfin, à partir de 1986, elles dépendent de la commission des Actions Pédagogiques, créée pour tenter de fédérer tout le secteur non disciplinaire du P.A.F. Les migrations successives de ce secteur montrent bien, nous semble-t-il, que ces formations n'avaient pas de statut bien défini.

L'examen des intitulés de ces stages ne montre pas toujours que soit envisagé le réinvestissement avec des élèves, des techniques proposées. Ces stages apparaissent donc souvent comme une formation personnelle de culture générale. L'Education nationale a-t-elle à fournir ce type de formation à ses agents, ou bien cela fait-il partie de la culture personnelle que chacun acquiert par lui-même ? La question ne semble pas encore tranchée aujourd'hui. Ces actions étaient en tout cas prévues par la circulaire ministérielle fondatrice des M.A.F.P.E.N. (Circulaire du 24/05/82, p.26). Elles étaient conçues comme une ouverture vers l'extérieur, et à ce titre considérées comme indispensables pour un enseignant.

Notes
87.

Entretien AM, du 23/06/94.

88.

Par exemple, p.137, l'action A172, proposée par le GFEN, en anglais.