2.2. Les Contenus De Cette Formation

Cette formation est présentée en une page d'introduction, qui montre les intentions des formateurs. On peut y lire que cette ‘formation "a pour objectif général le renouvellement pédagogique,"’ et aussi qu'elle ‘"est conçue dans l'esprit d'une pédagogie de l'autonomie’ ." En ce qui concerne les méthodes d'animation utilisées par les formateurs, il est précisé que ‘"tous les stages proposés comportent une mise en oeuvre de méthodes actives avec, dans une proportion variable, des exercices de simulation, des échanges de leur expérience par les participants, des analyses effectuées par le groupe, des apports théoriques de l'équipe d'animation." ’(P.A.F. 84-85, p.393).

Un choix a été fait de manière très claire par les concepteurs de ce dispositif : celui de faire sortir les enseignants de leur établissement, pour participer à ces stages, et de faire travailler ensemble des enseignants de disciplines différentes. Ce choix leur paraissait important pour ‘"mettre en relation des personnes très différentes par leur personnalité, leur emploi, leur culture, et les amener à s'enrichir mutuellement de leurs expériences diversifiées. Il est clair"’, ajoutent-ils, ‘"que l'interaction est moins intense dans un stage réunissant des enseignants de même discipline, de même niveau d'enseignement et, à plus forte raison, du même établissement."’ (Moyne, et all., 1986, p.25).

Les stages portent sur quatre thèmes : analyse par objectifs et évaluation ; animation de la classe ; travail de groupe ; entretien et tutorat. Pour l'équipe pédagogie générale‘, "il semble bien qu'il y ait des étapes indispensables"’, en formation d'enseignants. D'après eux, elles correspondent d'ailleurs aux demandes formulées par ‘"les enseignants soucieux de se former et de faire entrer leur établissement dans un processus de rénovation"’, et qui sont : ‘"maîtriser la définition d'objectifs pédagogiques ; affiner leurs capacités dans le domaine relationnel ; aider les élèves à améliorer leurs méthodes de travail ; différencier la pédagogie"’ . (Moyne, et all., 1986, p.39). Toutes les enquêtes de l'époque convergent d'ailleurs sur ces priorités, par exemple celle de Michèle Navarro, effectuée entre 1976 et 1980, pour l'I.N.R.P. Ils défendent donc l'idée qu'il s'agit de "passages obligés" en formation d'enseignants et cela, quelle que soit la politique de formation envisagée.

De plus, pour chacun de ces thèmes, les stages sont organisés sur trois niveaux, les niveaux deux et trois constituant à la fois un approfondissement et une autre manière d'aborder le thème. Il est précisé que ‘"les stages de niveau 1 sont spécialement destinés à des enseignants constitués en équipe pédagogique"’ , mais qu'à ce niveau, ‘"la formation se situe, prioritairement sur le plan des techniques."’

Il s'agit donc d'une formation "transversale", dans le sens que les thèmes qu'elle aborde sont communs à toutes les disciplines. Néanmoins, l'équipe ne se désintéresse pas du tout du contenu disciplinaire de l'enseignement. En effet, l'équipe Pédagogie générale a eu très tôt le souci d'établir des liaisons avec les formateurs disciplinaires, ainsi qu'avec les formateurs en techniques documentaires. Ceux-ci sont invités à participer aux stages de Pédagogie générale, dans le but d'établir une collaboration, qui a d'ailleurs commencé à s'établir, puisqu'on peut trouver, dans les propositions de la commission Pédagogie générale, des stages d'application de l'analyse par objectifs à l'histoire-géographie (P.A.F. 83-84, p.40389). Par ailleurs nous avons vu que, parmi les propositions faites par certaines commissions disciplinaires, on trouve également quelques stages de Pédagogie générale appliqués aux disciplines, par exemple en anglais90 ou en physique91. Notons qu'en décembre 85, le chef de mission décide ‘que "les diverses commissions disciplinaires devront traiter un quart de leur capital formation, en coopération avec l'une ou l'autre des commissions transversales’ 92 ". Il est également précisé que ‘"le travail avec les commissions disciplinaires peut être envisagé sous diverses formes : soit par une collaboration à la conception de la formation ; soit par une co-animation d'actions de formation ; soit par des propositions de formation de formateurs des disciplines par les formateurs relevant de la commission des Actions Pédagogiques’ 93 ." Il y a donc, au niveau des responsables de la mission, une volonté de rapprocher les stages disciplinaires des stages transversaux.

Néanmoins, la collaboration amorcée entre certaines disciplines et l'équipe Pédagogie générale n'a pas pu se poursuivre pendant très longtemps, puisque, à partir de la rentrée scolaire 1986, le chef de mission a refusé de continuer à inscrire la formation en Pédagogie générale dans le P.A.F. A la suite de cette exclusion, l'équipe Pédagogie Générale a fait effectuer à ses frais une évaluation du travail accompli, par un sociologue chargé de cours à l'université de Lyon III. L'ouvrage publié par l'équipe, après la fin de l'expérience, contient la description du dispositif, ainsi que les résultats de cette évaluation (Moyne, et all., 1986). Nous reviendrons sur cette évaluation, ainsi que sur le conflit avec le chef de mission, dans la suite de ce travail. Pour l'instant, tentons de cerner quelle conception de la formation des enseignants apparaît à travers ce dispositif.

Notes
89.

On en trouve également dans des stages destinés aux enseignants d'éducation sociale et familiale et aux enseignements professionnels, mais ceux-ci ne sont pas destinés aux enseignants de collège.

90.

PAF de 84-85, actions B151, B152 et B153.

91.

PAF de 85-86, action C214, p.216.

92.

Cf. annexe n°6 : Journet (1985).

93.

Cf. annexe n°6 : Commission des Actions Pédagogiques (1986).