3.2. Les Mouvements Pédagogiques Et L'institution

Nous avons longuement hésité avant de décider d'étudier les stages proposés par les mouvements pédagogiques, car leur diversité ne permet pas de considérer qu'ils constituent un ensemble facilement identifiable, comme les autres dispositifs que nous avons choisi d'étudier. Deux remarques ont cependant attiré notre attention, et nous ont malgré tout décidée à tenter d'entreprendre cette étude. La première est de Bernard Defrance, qui écrit : ‘"La réponse à la question des punitions dans la classe est pédagogique. L'invention dont témoignent à cet égard tous les mouvements pédagogiques mériterait d'être un peu mieux reconnue par les instances officielles !"’ Et il ajoute : ‘"Et, surtout, la formation initiale et continue des enseignants devrait, beaucoup plus efficacement qu'elle ne le fait aujourd'hui, inclure ces questions de gestion de conflits dans la classe, de même qu'une formation juridique, aujourd'hui inexistante, qui permettrait de distinguer apprentissage et validation, obligations de moyens et obligations de résultats."’ (Defrance, 1993, p.146).

La deuxième remarque nous a été faite, au cours d'un entretien avec un collaborateur, membre de la commission Vie scolaire. Il dit : ‘"C'était une époque où on insistait beaucoup sur les questions de méthodologie, en disant : on a beaucoup travaillé sur les contenus, maintenant nous en transversal, il faut travailler sur les méthodes, d'où la place des mouvements pédagogiques. Et de ce point de vue-là, ils ont effectivement fait du boulot. (...) C'était aussi les mouvements pédagogiques qui étaient porteurs de la notion de pédagogie du projet, de l'idée de coopérative. (...) Ce sont eux qui nous ont formés à la méthodologie du projet’ 96 ." Il semble donc qu'un certain nombre de dimensions de la formation aient été introduites à la M.A.F.P.E.N., par les mouvements pédagogiques. Essayons de déterminer si une constante peut se dégager de cet ensemble de stages qui ne semblent pas présenter d'unité, non seulement d'ailleurs lorsqu'ils sont proposés par des mouvements différents, mais également lorsqu'ils émanent d'un même mouvement.

Nous savons que dans la période qui a précédé la création des M.A.F.P.E.N., les mouvements pédagogiques organisaient déjà des stages destinés aux enseignants. Evidemment, ces stages étaient complètement à l'opposé des "recyclages" disciplinaires qui constituaient l'essentiel de ce qui était alors proposé comme formation continue, aux enseignants du secondaire. Comme nous l'avons vu, les mouvements pédagogiques se situaient dans le courant de l'éducation nouvelle. Leur objectif n'était pas d'apporter des connaissances aux enseignants, mais de tenter d'introduire, par le biais des stages, une réflexion sur l'enseignement, ce qui n'était pas habituel dans l'institution. C'est essentiellement pour animer des stages portant sur les P.A.E., que le ministère avait demandé aux M.A.F.P.E.N. de faire appel à eux, puisque nous l'avons vu, dans l'éducation nationale, peu de gens savaient faire cela. Leurs propositions débordent d'ailleurs ce qui leur avait été demandé puisque, outre les P.A.E., ils proposent également des formations sur "le projet d'établissement", voire "la démarche de projet". Apparaissent également les thèmes de l'échec scolaire et de la gestion de la violence.

Notes
96.

Entretien RC, du 02/02/98.