3.4. Et Le Combat Cessa...

Lorsqu'on examine les P.A.F. successifs, on constate que le nombre de stages proposés par les mouvements pédagogiques diminue régulièrement d'année en année, jusqu'à disparaître complètement à partir du P.A.F. de 86-87. Pourtant, les contenus de stages étaient tout-à-fait intéressants et originaux parmi les formations M.A.F.P.E.N. Alors, comment expliquer ce fait ? Peut-être, par un manque de connaissance, de la part des responsables, de ce qui se faisait dans ces stages. ‘"On a rempli d'innombrables évaluations, c'était des questionnaires de quinze pages, personne ne les lisait, je suis sûre, ou en tout cas, il n'y avait jamais le moindre retour’ 99 ," dit une formatrice du C.E.P.I. Ce secteur était tellement minoritaire qu'il fonctionnait comme un "électron libre", ce qui lui laissait sa liberté certes, mais ne permettait pas qu'on utilise ses potentialités.

Une autre explication est donnée, à la disparition progressive des mouvements pédagogiques. ‘"Ils ’ ‘[les responsables M.A.F.P.E.N.]’ ‘ étaient ensuite beaucoup moins ouverts aux mouvements pédagogiques ; il y a eu un resserrement sur les partenaires officiels. (...) Ils ont formé leurs formateurs et ils les ont institutionnalisés, et alors on est devenu moins utile’ 100", constate une formatrice. Nous verrons qu'à partir de 83-84, la M.A.F.P.E.N. met en place une structure chargée de mettre en oeuvre les plans de formation des établissements en rénovation, à partir de leur projet de rénovation. Or cette structure ne fera pas appel aux mouvements pédagogiques pour assurer des formations dans les établissements en rénovation.

Enfin, il y a eu peut-être aussi une difficulté de fonctionnement, interne à la M.A.F.P.E.N. de Lyon. A la rentrée 85, le chef de mission restructure les commissions "transversales", qui étaient au nombre de trois : Pédagogie générale, Vie scolaire et Documentation, et les réunit en une seule, la commission des "Actions Pédagogiques". Deux ans plus tard, un des membres de cette commission critique ainsi son fonctionnement : ‘"On voit aujourd'hui où conduit une conception de l'action fondée sur une visée de la formation qui n'admet la complexité qu'en parole et en théorie, mais non en acte et en vérité. Depuis deux ans, beaucoup de membres de cette commission se sont écartés d'elle, à commencer par la plupart des représentants des mouvements pédagogiques et des syndicats’ 101 ."

Quelles qu'aient été les raisons pour lesquelles les mouvements pédagogiques ont quitté peu à peu les M.A.F.P.E.N., l'histoire de leur participation à la mise en place de la formation continue dans le secondaire nous apparaît comme une occasion manquée... On n'a pas su tirer parti de l'expérience que ces mouvements avaient acquise au cours des années antérieures, expérience qui présentait l'originalité d'être suffisamment extérieure à l'éducation nationale pour s'être enrichie d'apports divers.

Après avoir étudié les stages proposés par les mouvements pédagogiques, nous nous pencherons maintenant sur le deuxième type de stages figurant dans les propositions de la commission Vie scolaire, ceux proposés par les professeurs de psychopédagogie de l'E.N.N.A.

Notes
99.

ibid.

100.

ibid.

101.

Cf annexe n°6 : Moyne (1987)