5.5. La Réponse Apportée Par La Cellule

Pour assurer les formations dont les établissements en rénovation ont besoin, la cellule d'appui va faire appel aux différents formateurs, assurant les formations inscrites au P.A.F. Une parenthèse pour remarquer qu'il aurait pu être intéressant de faire appel également à des formateurs extérieurs. Mais cela ne s'est pas fait, peut-être pour des raisons financières, mais sans doute aussi parce que ce n'était pas l'habitude. Même les mouvements pédagogiques n'ont pas été sollicités, alors que pourtant ils proposaient des formations à la démarche de projet dans le cadre même du P.A.F.

Il en est résulté que les formations proposées n'étaient pas vraiment construites en fonction des besoins exprimés par les équipes d'établissement, mais qu'on essayait de trouver, parmi les formations existantes, celles qui semblaient les plus proches des besoins exprimés. On restait donc dans un fonctionnement relativement proche de la période précédente où, comme le notait déjà Jean Dubois, ‘"tout se passe comme si les formateurs avaient un stock de connaissances qu'ils cherchent à écouler. Ils font un peu de marketing, procèdent à des enquêtes sur les besoins de formation, rédigent en conséquence des programmes alléchants, etc... La démarche inverse consisterait à ’ ‘commencer par oublier qu'on a de la formation à placer’ ‘. L'objectif premier est la "transformation" d'une situation. On verra bien si, en cours de route, la formation doit être un agent de la transformation." ’(Dubois, 1973, p.70). On avait bien tenté de cerner les besoins des établissements, mais on ne savait pas encore adapter réellement la formation à ces besoins.

Pour répondre à ces besoins recensés, on faisait donc appel aux formateurs intervenant dans les stages du P.A.F. Mais, comme nous l'avons vu précédemment, l'essentiel de ces formations proposées par celui-ci étaient des formations disciplinaires. Or, la cellule d'appui constate que la demande est essentiellement située dans le domaine que nous avons appelé "transversal", essentiellement la pédagogie générale et l'accompagnement du travail d'équipe. Nous avons vu que deux commissions proposaient des formations de ce type : la commission "Pédagogie générale" et la commission "Vie scolaire". Très rapidement, le nombre de formateurs dans ce domaine va se révéler insuffisant. Alors, dit un membre de la cellule d'appui, ‘"en fonction de la connaissance qu'on pouvait avoir de certains intervenants sur les trois départements, on sollicitait des gens, par connaissance directe ou indirecte. Si ces intervenants étaient d'accord sur le principe, on les mettait en contact avec l'établissement, et en leur présence, on négociait la formation, de manière à ce qu'elle soit le mieux possible adaptée à la demande et aux attentes des enseignants. Enfin, on souscrivait avec l'établissement un contrat sur un contenu, des modalités, une durée’ 115 ."

La cellule d'appui va alors rencontrer une autre difficulté, puisqu'elle constate assez vite qu'il y a ‘"très peu de formateurs prêts à intervenir à la demande’ 116 ." Les formateurs étaient en effet habitués à proposer des stages, dont ils avaient choisi le contenu, les méthodes, la durée, etc... Mais cette manière de procéder n'était plus adéquate, puisqu'il fallait s'adapter à une demande précise. Souvent, la cellule proposait à l'établissement un stage figurant au P.A.F., et dont le contenu lui paraissait correspondre aux besoins exprimés par l'établissement lors du travail préliminaire. Mais certains formateurs vont alors se rendre compte qu'en réalité, il s'agit d'un travail d'un type différent de ce qu'il avait fait jusqu'alors. En effet, la plupart des formateurs sollicités avaient auparavant assuré la formation d'enseignants venant en stage à titre individuel, en dehors de tout projet d'établissement, et même le plus souvent en dehors de tout projet pédagogique d'équipe.

La situation est donc nouvelle, puisqu'il ne s'agit plus d'individus isolés répondant à une offre, mais d'équipes d'établissement ayant formulé des besoins spécifiques et exprimant ces besoins de manière collective. Une des formatrices, sollicitée à ce moment-là par la cellule d'appui, précise : ‘"Je me suis donc mise à travailler avec la cellule d'appui ; là on allait dans les établissements et c'était tout autre chose ; cela demandait quelque chose pour laquelle je n'étais pas formée, mais dont j'ai perçu tout de suite le besoin : savoir comment on intervenait avec un groupe de personnes, avec un chef d'établissement. Je me souviens d'un collège de ZEP, où je devais faire une séance sur le travail autonome, une séance sur la pEDagogie différenciée, etc..., un programme impossible à tenir ; je n'avais même pas vu le groupe d'enseignants, on ne pouvait pas traiter ça en une demi-journée. (...) Le problème de la cellule d'appui, c'est qu'il y avait une coupure entre les gens qui avaient négocié, bouclé un programme de formation, et puis le formateur. Je me suis rendu compte que c'était très difficile, que je survolais tout’ 117 ." Cette formatrice décidera donc de suivre une formation spécifique, qu'elle trouvera dans le cadre d'une formation de formateurs, sur deux ans, proposée dans le P.A.F. 83-84, (p.553), et animée par un psychosociologue, professeur de psychopédagogie à l'E.N.N.A. Il devenait donc difficile, pour la cellule d'appui, de trouver des formateurs capables de s'adapter à la nouvelle situation. C'est pourquoi, comme nous verrons plus loin, la cellule a ainsi été conduite, avec d'autres formateurs, à mettre sur pied une formation de formateurs, adaptée à ces compétences d'un nouveau genre, qui étaient requises des formateurs.

La mise en oeuvre de la rénovation des collèges a donc fait émerger des difficultés nouvelles, dans la mise en place de la formation continue. Pendant toute la période qui nous occupe, la M.A.F.P.E.N. de Lyon va rechercher les réponses les plus adaptées à cette difficulté particulière. Il s'en suivra donc une période de tâtonnement, jusqu'à la mise en place d'un dispositif sans doute plus construit et que nous étudierons plus loin : le S.F.I.E.

Notes
115.

Entretien GS, du 09/01/98.

116.

ibid.

117.

Entretien ED, du 20/06/97.