1.4. L'évolution Du Dispositif

L'U.E. de 1985 va déboucher sur une structuration de ce dispositif, puisqu'à la rentrée de septembre, est officiellement crée un "Service d'Aide à la Recherche de Terrain", après deux ans de réflexion et de tatonnements. L'une de ses premières productions sera un numéro des Cahiers de la Formation, revue éditée régulièrement par le C.R.D.P. de Lyon. Il s'agit d'un guide méthodologique destiné aux équipes de recherche, et dans lequel sont exposées toutes les étapes de la méthode pour concevoir, réaliser et évaluer un projet d'innovation. Ce guide ‘"s'adresse à des personnes impliquées dans un projet d'innovation déjà mis en place ou en cours d'élaboration. Il voudrait leur permettre d'en repérer quelques caractéristiques, d'amorcer de nouvelles analyses et de décider des points à approfondir."’ (Bouvier, 1986 a, p.5). Il propose neuf pages de questions que les équipes pourraient se poser, au cours de réunions de concertation. Le document situe explicitement les équipes susceptibles de l'utiliser, comme des "groupes en formation". C'est donc avec un objectif clairement formatif que les équipes sont invitées à se questionner sur leur recherche. Les questions sont situées dans plusieurs domaines : institutionnel, sociologique, organisationnel, méthodologique, psychosociologique, relationnel, cognitif, didactique et pédagogique. Elles révèlent une volonté de faire prendre aux équipes de la distance par rapport au projet, d'adopter une attitude "métacognitive", dirait-on aujourd'hui. Ce guide est destiné à être utilisé par les équipes, lors des réunions de travail, afin qu'elles parviennent à rédiger un compte-rendu de leur recherche, communicable à d'autre.

Les modalités de fonctionnement de ce dispositif ont été la source de conflits, dans la M.A.F.P.E.N. Ceux-ci opposaient d'un côté les scientifiques, avec leurs légitimes exigences de méthode, de rigueur, etc..., et de l'autre côté, les praticiens de terrain, trouvant démesurées les exigences des scientifiques, du fait qu'elles s'ajoutaient à la gestion des classes au quotidien. En effet, il était souvent difficile, pour les équipes, de mener conjointement la mise au point de leurs outils pédagogiques et le travail d'analyse rigoureux qui leur était demandé.

A la rentrée 1986, le responsable et "promoteur" de ce dispositif est nommé chef de M.A.F.P.E.N. ; d'autres participants prennent d'autres voies ; donc l'équipe s'amenuise, et peu à peu l'A.R.T. va s'éteindre. La constitution des annuaires, raconte un formateur A.R.T., avait ‘"permis de recenser une centaine d'équipes et parmi ces équipes, il y avait des recherches I.N.R.P. ; cela nous a donc permis de différencier les unes et les autres. Les unes avaient les moyens I.N.R.P., et les autres des moyens beaucoup moins importants, des moyens M.A.F.P.E.N., d'une part, et d'autre part, les enjeux n'étaient pas les mêmes, en terme de compte-rendu, d'exigences...’ 147 " Pour lui, les moyens I.N.R.P. permettaient beaucoup mieux d'assurer la rigueur, le sérieux, la constance dans l'action, que demandent ce type de travail. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles l'A.R.T. s'est mise peu à peu en sommeil, à la M.A.F.P.E.N. de Lyon. Mais voyons maintenant de manière plus précise comment les choses se passaient, à travers le déroulement d'une de ces recherches de terrain.

Notes
147.

Entretien LJ, du 10/06/98.