2.4. Un Exemple : La Zone D'ambérieu

Comme cela était prévu, chaque zone va fonctionner de manière autonome, pour permettre que soient prises en compte les spécificités de chacune. Voyons par exemple quels types d'actions ont été mises en place dans la zone d'Ambérieu. Le bilan fait en juin 86 par cette zone, est contrasté. Il montre que les choses se mettent en place lentement. Deux demi-journées sont organisées, l'une sur la lecture, l'autre sur "Technologie, math, sciences". Si la première a rencontré un certain succès, puisqu'elle regroupera une cinquantaine d'enseignants, venant pour la plupart des collèges, en revanche, la seconde demi-journée sera "un bide", au dire d'un des organisateurs, puisqu'il n'y aura que quatre participants.

Lors de cette demi-journée lecture, un certain nombre d'ateliers sont organisés, dans lesquels des enseignants de la zone présentent ce qu'ils font à leurs collègues. Le succès remporté par cette demi-journée va encourager les "militants" du réseau à poursuivre leur action. Parmi les cinquante participants, un certain nombre deviendront correspondants du réseau pour leur établissement. Ces correspondants, appelés plus tard "antenne", assureront la liaison entre l'établissement et l'équipe d'animation de la zone. Ils constituent en quelque sorte, les mailles du réseau ; ils vont permettre à celui-ci d'exister, en facilitant la communication entre enseignants directement d'un établissement à l'autre. A l'intérieur du réseau, la circulation de l'information s'effectue dans les deux sens : d'une part, depuis les établissements vers l'équipe d'animation qui collecte ce que chaque établissement propose ; et d'autre part, dans le sens opposé, puisque le rôle de l'équipe d'animation est, non seulement de recueillir les propositions des établissements, mais surtout de trouver des moyens de faire circuler l'information entre les établissements. Elle se propose donc de trouver des méthodes pour diffuser, auprès des établissements, les ressources recensées dans la zone.

Cette première année de réflexion, tâtonnements, etc... se terminera par l'établissement d'un projet pour l'année suivante, au cours de laquelle sera mise en place une journée interdisciplinaire sur le thème "Français, bien commun à toutes les disciplines", journée qui remportera un succès important. Néanmoins, le réseau n'a pas encore atteint son régime de croisière ; les militants cherchent à convaincre leurs collègues de l'intérêt de saisir l'occasion qui leur est donnée de ‘"construire leurs propres réponses formatives"’ . Mais l'idée ne mobilise pas immédiatement les foules, elle fait son chemin petit à petit. Ce n'est qu'à partir de l'année suivante que le réseau se structurera davantage et commencera à s'étoffer. Cette difficulté à se structurer nous semble assez caractéristique de l'époque encore marquée par la "non-directivité", et où toute tentative de structuration apparaissait facilement comme une restriction de la liberté. Un fait nous apparaît significatif de cette tendance de l'époque : des collègues ont accepté d'être correspondants de leur établissement et le sont restés tant qu'ils étaient bénévoles, mais certains se sont retirés dès qu'on leur a proposé d'être rémunérés.

Par la suite, pour donner une réalité au réseau, l'équipe d'animation lancera plusieurs types d'actions. Par exemple, en 1988, elle créera un journal "J.E.Z.A.B.E.L.", pour répertorier les actions qui se font dans les établissements et en informer les collègues. La même année, sera lancé un travail plus structuré sur la méthodologie, qui marquera une étape importante dans l'extension du réseau, et dans son impact sur la zone. Ultérieurement, des formations spécifiques de formateurs seront mises en place pour les animateurs et les "antennes" du réseau.