3.5. Les Conflits Autour Des Équipes De Recherches De Terrain

Le conflit entre les universitaire et les praticiens de terrain, dont nous venons d'étudier deux manifestations s'est prolongé autour des équipes de recherche de terrain et de leur encadrement par la M.A.F.P.E.N. Au début, le travail des équipes était valorisé par la M.A.F.P.E.N., nous avons vu qu'elles se plaignaient même d'être trop sollicitées pour parler de leurs recherches. Mais, au cours de l'année 85-86, lorsque s'est radicalisé le conflit avec l'équipe Pédagogie générale, celui-ci a rejailli sur certaines équipes de terrain. A l'intérieur même du dispositif d'A.R.T., s'opposaient deux "tendances". ‘"Je me souviens d'une réunion où il avait été question du collège de F., où il se faisait un véritable travail de terrain, avec ses insuffisances bien sûr. Alors, d'un côté, il y avait l'équipe du C.R.D.P., qui avait encadré cette équipe, et de l'autre, il y avait les universitaires, avec un langage soi-disant orthodoxe, (...) enfin tout un jargon... Et puis : il ne faut pas vous laisser contaminer par des courants de pensée qui ne sont pas scientifiques (...) Ils ont complètement dynamité le travail de l'équipe’ 173 ." Les équipes qui étaient encadrés par les formateurs proches du C.R.D.P. ont été ainsi souvent découragées par l'intransigeance de certains universitaires. Cela a certainement contribué à la disparition du dispositif, dont nous avons parlé plus haut.

On assiste donc là à un conflit entre deux conceptions de la formation : celle des praticiens de terrain qui donnent la priorité à l'action, et celle des universitaires qui exigent la rigueur scientifique, même si c'est au détriment de l'action.

Les derniers dispositifs que nous venons d'étudier avaient pour la plupart, nous l'avons vu, l'objectif de ‘"rompre l'isolement des enseignants"’ , comme le souhaitait la circulaire ministérielle, donc de faire davantage travailler les enseignants ensemble. Or les conflits que nous venons d'étudier montrent à l'évidence l'extrême difficulté que cela représente, puisque même les responsables M.A.F.P.E.N. ont eu du mal à coopérer. L'identité M.A.F.P.E.N. ne s'est donc construite que très progressivement, entre 1982 et 1986. C'est très probablement le dernier dispositif qu'il nous reste à étudier qui a permis à une homogénéisation de se faire, et à cette identité de commencer à émerger. Nous terminerons donc l'étude des dispositifs de formation par celle du S.F.I.E., dispositif mis en place en 86, et qui avait la mission de fédérer les différentes structures existantes. Il constitue donc l'aboutissement des tâtonnements de la période précédente. C'est pourquoi on peut le considérer comme le témoin de l'évolution de la M.A.F.P.E.N., qui est passée à ce moment-là de la période de la jeunesse à celle de la maturité.

Notes
173.

ibid.